I. F. La typologie de Max Marchand

Il y a plus de quarante ans déjà, Max Marchand25 s’interrogeait sur la relation éducative maître-élève, considérant que ces deux personnes forment un “ couple-éducatif ”. Il remarquait que ces couples sont plus ou moins bénéfiques à l’enfant selon le caractère, les qualités ou les défauts du maître, et établissait une typologie.

Les premiers sont les “ cas amorphes ”, où le maître n’existe que pour lui sans chercher à attirer l’enfant à lui. Il ne demande à sa classe que d’être une source d’avantages personnels. Ce sont :

S’ils ne sont pas satisfaits, ces maîtres vont s’ingénier à tout critiquer : les élèves “ dégénérés et arriérés ”, les programmes, l’administration, etc. Bien souvent, les enfants ne se rendent pas compte tout de suite du désintérêt du maître à leur égard mais bien plus tard, et ils le méprisent alors.

Les seconds sont les cas de tension qui comprennent

Enfin les derniers cas, ceux d’harmonie, comprennent trois types :

‘“ le véritable apôtre, l’éveilleur d’âmes qui est tout le contraire du maître impérialiste ”.’

Cette typologie élaborée par Max Marchand est intéressante. Inspecteur, il visitait de nombreuses classes et les différents portraits qu’il brosse correspondent encore malheureusement à l’expérience qu’en font, encore actuellement, de nombreux enfants. Mais elle m’interroge justement sur l’histoire même de ces enseignants. Qu’ont-ils vécu, en famille et à l’école, qui les ait conduits à des attitudes aussi égocentriques, aussi fermées aux autres, à leur développement, à un minimum d’éthique ? De qui, de quoi ont-ils peur, se protègent-ils ? En même temps, qu’a vécu cet auteur pour être aussi sensible aux blessures que l’on reçoit enfant, à l’école ? De la même manière, quand il évoque le maître “ éveilleur d’âmes ”, à quelles images se réfère-t-il ?

Notes
25.

MARCHAND (M.) : Hygiène affective de l’éducateur, Paris, P.U.F., 1956, 135 pages.