II. E. 2. L’attention des enseignants

Le phénomène d’attention s’observe aussi à propos des enseignants. Sur quels enfants bons ou en difficulté , de quels milieux d’origine modeste ou aisée , de quelques cultures, à propos de quels événements, portent-ils leur attention ? Sont-ils sensibles à l’apparence des enfants : tenue, vêture impeccable ou négligée58, à leur tempérament vif ou calme, à leurs intérêts, à leurs familles ? Que ressentent-ils en fonction de ces apparences diverses : attirance, rejet, dégoût, énervement ? “ Voient ” ils tous leurs élèves ? Ou certains d’entre eux passent-ils inaperçus ? Pour quelles raisons ? Voient-ils de préférence les qualités ou les défauts ? Chez tous, ou seulement chez certains ? De cette attention sélective du maître dépend en partie le développement de l’enfant.

On constate toutefois que les images que se font les enseignants des élèves et vice-versa ainsi que les intérêts et l’attention qu’ils se portent mutuellement sont sous-tendus par l’affectivité. Quels liens y a -t-il, chez les premiers, entre leur histoire, les représentations qu’ils s’en font, celles qu’ils ont des seconds ? Ils déterminent, que l’instituteur en soit ou non conscient, les relations affectives et pédagogiques qu’ils établissent dans la classe.

Notes
58.

Voir les recherches de Daniel Zimmermann et Claude Pujade-Renaud notamment en classes maternelles où les enfants “ bien habillés ” étaient nettement mieux perçus par les maîtresses que d’autres portant des vêtements usagés, moins beaux.