Les pulsions que nous imaginions existant en nous dès notre naissance, se construisent en fait progressivement. Les
‘“ premiers mouvements totalement mécaniques et incontrôlés (nous permettent ) d’expérimenter la réalité et de (nous) situer par rapport à elle. (...) Un objet ou une situation (ne) deviennent stimuli (que) si, et seulement si, ils ont reçu une certaine valeur d’attrait-répulsion qui leur vient de l’expérience 75”.’Certaines pulsions, au départ de la vie
‘“ visent explicitement à conserver le sujet dans l’existence 76”.’Il en est de même pour les autres qui apparaissent d’une certaine manière “ gratuites ” comme le contact, la curiosité, le désir de communiquer, celui de chercher, de trouver des solutions, etc. Les actes nouveaux provoquant de nouvelles expériences engendrent plus de curiosité et d’intérêt que ceux qui sont souvent pratiqués, plus répétitifs, et qui risquent d’engendrer l’ennui. Les exemples abondent dans le quotidien : les tâches ménagères. La cuisine aussi : autant préparer un repas de fête, essayer une nouvelle recette pour recevoir ses amis peut être une activité stimulante, autant la préparation quotidienne ou bi-quotidienne des repas est lassante et l’on apprécie alors le traiteur, les plats surgelés et le four à micro-ondes ! Il en est de même dans de nombreuses activités artisanales. En poterie, le travail au tour est intéressant au moment où l’on apprend à l’utiliser, puis quand on cherche, on imagine de nouvelles formes. Il est aussi stimulant de mettre au point de nouveaux émaillages, de conduire des cuissons en fonction de ces émaux et du résultat que l’on veut obtenir. Mais quand il s’agit de tourner en série des bols, des pichets, des assiettes, de les émailler tous de la même façon ... l’intérêt s’émousse. Toute activité qui suscite la recherche et la découverte est passionnante, mais pénible quand elle devient répétitive.
Les affects se manifestent donc durant la vie diurne sous forme de pensées, d’images qui font naître des émotions et des sentiments soit positifs qui nous incitent alors à nous développer, soit négatifs, de nature obsessionnelle pour nous inciter à “ en sortir ”, c’est-à-dire pour trouver une solution positive. Ils apparaissent aussi durant la vie nocturne dans le rêve qui réactive ceux qui n’ont pu être vécus dans la journée. Par exemple, Carl Jung a remarqué que, durant la guerre, les soldats du front ne rêvaient pas de la guerre mais de la paix.
‘“ Quand ils commencent à rêver de la guerre, c’est que leur état psychique se détériore 77”.’LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 15.
LOBROT (M) : L’intelligence et ses formes, Paris, Dunod, 1973, 336 pages, p. 303
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 16.