qui s’origine dans une intention même si elle la gêne parfois (exemple : le trac). Pour qu’une action se réalise, il faut que l’intention qui la sous-tend soit consciente.
“ Il n’y a que trois circonstances où nous sommes capables d’effectuer une action sur un objet ou une situation déterminés (...)
1. si l’objet ou la situation sont immédiatement sous nos yeux
2. (...) si nous y pensons (...)
3. si l’objet ou la situation sont liés indissolublement à l’émergence du besoin (...)79 ”
(exemple : le chien qui reçoit sa nourriture à un endroit déterminé s’achemine vers cet endroit dès qu’il ressent la faim). En revanche, sans une de ces conditions, nous sommes dans l’incapacité de réaliser l’acte, d’où la nécessité des agendas, des pense-bête, etc. Quand nous sommes perturbés par la fatigue, un problème particulier ou une émotion, il arrive que nous accomplissions des actes que certains qualifient d’inconscients et auxquels ils attribuent une intention particulière. Bien souvent, cette hypothèse ne correspond pas à la réalité. La fatigue, le problème ou l’émotion provoquent en nous une distraction qui nous fait perdre de vue notre intention première et fonctionner sur un mode automatique, c’est-à-dire que nous allons retrouver des schémas plus anciens, mieux intégrés qui en quelque sorte fonctionnent tout seuls sans intervention réfléchie de notre part.
Un certain acte se réalise grâce à certains affects et sa réalisation en produit d’autres :
‘“ Cette expérience de l’acte accompli est aussi importante que l’expérience qui précède l’acte et qui le détermine ou que l’expérience en cours de route de l’acte en train de se réaliser, avec les craintes et les appréhensions obligatoires80 ”.’Elle génère d’autres ouvertures. C’est
‘“ le vécu émotionnel (qui) donne sens à l’action qui en résulte et non l’inverse 81”.’Une action, non seulement vise un but déterminé mais nous fait aussi vivre des affects.
L’émotion met en oeuvre les systèmes nerveux et hormonaux. Dans ces systèmes, les informations créent un “ état d’éveil ” par l’intermédiaire d’hormones circulantes, c’est-à-dire une excitation dans une région particulièrement étendue sous une forme de vague
‘“ qui touche une multitude de points, y compris ceux qui ne sont pas concernés dans l’action qui suivra 82”.’Le message qui arrive au cerveau n’emprunte pas des voies nerveuses différenciées correspondant à des fonctions particulières. En réalité, ce n’est pas le cerveau qui sélectionne la réponse à apporter au message mais
‘“ l’organisme tout entier qui produit tel acte, parce que cet acte correspond à la situation, à l’apprentissage et à la pulsion actuellement dominante 83”.Le système nerveux
‘“ met en branle l’organisme. (...) Il organise la tempête corporelle essentielle à la vie, qui découle de l’action et de l’émotion et qui fait que le corps n’est pas simplement une machine à assimiler les aliments, à respirer, à exister comme un végétal, mais dépend aussi des expressions les plus hautes de lui-même, qui ne sont pas coupées de lui 85”.’On peut dire que les effets positifs d’une pulsion la renforcent. Et l’expérience le montre. Satisfaire sa curiosité dans un domaine lui permet souvent de se développer, soit dans l’approfondissement dudit domaine, soit dans la découverte d’un nouveau, proche du premier mais différent. Par exemple, quand je découvre un auteur qui me plaît à travers un de ses ouvrages, roman, essai ou autre, je pars à la recherche de ses autres écrits, j’éprouve le désir de le connaître davantage. La première rencontre avec les textes des écrivains est parfois le fruit du hasard mais, bien souvent, elle résulte de la rencontre avec un ami qui l’a lu avant moi et qui l’a apprécié. De même c’est à partir de textes montrant le plaisir d’un auteur à écouter certaines musiques que j’ai, à mon tour découvert et apprécié lesdites musiques.
A contrario, quand les pulsions ont des effets négatifs (pulsions de peur, d’angoisse), le sujet a tendance à se rigidifier, à se fermer. Par exemple, mes mauvaises relations avec certains inspecteurs ont longtemps fait naître l’angoisse en moi. Et je me souviens de mon malaise, alors que j’allais bénévolement donner un coup de main à un directeur d’école en ZEP et que l’inspecteur s’annonçait : je trouvais très souvent une raison pour quitter l’établissement à ce moment-là. En réalité, c’est la personne tout entière qui évalue et se détermine en fonction de son état émotionnel, physiologique et de la situation dans laquelle elle se trouve ; c’est en quelque sorte dépendant de son “ économie générale ”, ce qu’elle gagne en développement, ce qu’elle perd quand elle souffre :
‘“ Les émotions perturbantes aboutissent à des pertes physiologiques (augmentation du métabolisme) concomitantes avec des blocages de l’assimilation (arrêt des fonctions digestives), les émotions euphoriques produisent le contraire86. ” ’De nombreuses observations montrent que les systèmes mental-comportemental et neuro-hormonal peuvent fonctionner indépendamment l’un de l’autre. Dans l’éveil, par exemple,
‘“ les premières perceptions, qui déclenchent le réveil, se font sans intervention nerveuse, puisqu’elles vont permettre à celui-ci de se mettre en activité 87”.’Mais le niveau d’excitation qui le provoque, est aussi fonction de l’activité :
‘“ Il existe une différence importante entre une activité purement motrice qui ne met en jeu que le tronc cérébral, une action sur le milieu extérieur sans attention ou investissement particuliers du sujet, ou une action dans laquelle l’attention, la projection en avant, l’investissement affectif sont importants 88”.’C’est ce qui peut expliquer l’apprentissage latent qui
‘“ exige une excitation affective. 89”’En fait, il existe chez les animaux comme chez les humains des pulsions autotéliques
‘“ qui prennent pour but les activités mêmes déterminées par ces pulsions ... en tant qu’elles modifient la réalité subjective90”,’donc un goût pour la nouveauté et la création elles-mêmes, c’est-à-dire pour l’activité d’exploration et de recherche. Des observations ont été faites avec des rats devant traverser un labyrinthe où tout retour en arrière s’avérait impossible. Il a été constaté, après une dizaine de trajets effectués sans récompense, que
‘“ d’une manière générale, plus les animaux sont soumis à des “ apprentissages latents ”, mieux ils réussissent quand on introduit la récompense sous forme de nourriture.91 ”’J. Nuttin observe chez les humains que ceux
‘“ qui apprennent avec comme seule récompense une approbation de l’expérimentateur pour certains résultats choisis arbitrairement n’apprenent pas seulement à obtenir des résultats approuvés par l’expérimentateur mais les composantes générales de la situation. 92” ’Jean-Didier Vincent donne divers exemples montrant que ce sont les situations vécues par le sujet qui vont déclencher des sécrétions neuro-hormonales particulières. Il observe aussi que certaines hormones ont des effets différents sur les individus en fonction des situations dans lesquelles ils se trouvent. Comptent donc, l’état intérieur du sujet, son histoire et le contexte.
‘“ L’émotion, génératrice de l’état affectif, apparaît donc ici comme fondamentale. Non seulement il n’y a pas de vie psychologique sans elle, mais on pourrait presque dire : pas de vie corporelle, pas de santé, pas de croissance. Si on songe par exemple que le cortisol, hormone dépressive de la cortico-surrénale, freine les défenses immunitaires de l’organisme, on peut se rendre compte de l’importance d’avoir une vie émotionnelle ouverte et épanouie, pour ne pas tomber malade et pouvoir profiter de son corps 93”. ’LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 19.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 21.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 22.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 22.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 25.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 26.
LOBROT (M.) : L’intelligence et ses formes, Paris, Dunod, 1973, 336 pages, p. 304.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 26.
LOBROT (M.) : L’intelligence et ses formes, Paris, Dunod, 1973, 336 pages, p. 304.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 27.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 29.
LOBROT (M.) : L’intelligence et ses formes, Paris, Dunod, 1973, 336 pages, p. 306.
LOBROT (M.) : L’intelligence et ses formes, Paris, Dunod, 1973, 336 pages, p. 306
LOBROT (M.) : L’intelligence et ses formes, Paris, Dunod, 1973, 336 pages, p. 314.
LOBROT (M.) : L’intelligence et ses formes, Paris, Dunod, 1973, 336 pages, p. 314.
LOBROT (M. et coll.) : Le choc des émotions, Tours, éd. de La Louvière, 1993, 287 pages, p. 30.