Cet automne-là, le professeur de psycho-pédagogie, qui pourtant paraissait avoir beaucoup d’idées en mai, nous rabâche le même cours que l’année précédente ... Alors que nous ignorons tout de son existence et de ses recherches, ce même enseignant nous présente Carl Rogers comme un illuminé parce qu’il remet en cause les pratiques traditionnelles d’enseignement. Pas un mot sur les recherches américaines, ni sur leurs résultats, à savoir l’importance des attitudes d’écoute, de bienveillance, de “ foi ” de l’enseignant dans les capacités de l’enseigné afin que ce dernier puisse s’approprier le savoir143. Que ces attitudes, qui seront appelées “ rogeriennes ” par la suite, ne soient pas considérées comme suffisantes, cela peut se comprendre, mais qu’elles ne soient pas davantage considérées comme nécessaires ...
La situation se répète quasiment à l’identique durant un cours sur l’histoire des doctrines pédagogiques lors de la préparation du DEA avec un professeur connu de l’université. La différence est que j’ai lu Rogers, que je connais sa pensée. Je laisse une collègue psychologue apporter la contradiction à cet enseignant. Mais quand je l’entends reprendre son discours d’une manière que je ressens méprisante, parlant d’un ton ironique de Rogers “ disant de casser le masque ”, je le reprends agressivement lui demandant de ne pas confondre certaines techniques agressives de groupes d’origine américaine (le courant du potentiel humain) avec le souhait, l’intention, l’exigence même de Rogers de parvenir à davantage d’authenticité. Si les buts se ressemblent, le chemin pour les atteindre en est fort différent.