II. B. 4. Le syndicalisme

Le syndicalisme en formation professionnelle à l’école normale est aussi une expérience déterminante. Peu après la rentrée, le SGEN-CFDT organise sa réunion d’information à l’extérieur de l’école et durant nos heures de sortie le jeudi après-midi. Je ne sais plus comment je suis informée mais cela se passe de façon individuelle et discrète. Un instituteur nous présente le syndicat, général, faisant partie d’une confédération ouvrière, argumente, donne des précisions, écoute nos interrogations, y répond, nous indique le nom de différents responsables et nous laisse réfléchir. Je me dis qu’en première année de formation je peux m’accorder le temps de la réflexion. Quelques jours après, en soirée, a lieu la réunion d’information du SNI à l’école d’application. Naïve, je m’y rends, imaginant un déroulement un peu semblable à la réunion du point de vue argumentaire : pourquoi une fédération, des syndicats pour chaque catégorie ? Pourquoi ne pas être rattaché à une centrale ouvrière ? A quoi correspondent les différentes tendances, etc. En fait, l’argumentaire se révèle d’un genre très différent : ‘“ Tous vos camarades de Bonneville, sauf deux, sont syndiqués au SNI ’”, “ ‘cela vous donne la gratuité à l’entrée de leur bal’ ” et  “ ‘vous avez 10% de réduction à la librairie’ ” ... Je suis scandalisée, écoeurée, j’ai le sentiment qu’on nous prend pour des débiles et, dès la fin de la réunion, ma décision est prise : je prends ma carte au SGEN sans attendre. L’année suivante, dans je ne sais plus quelles circonstances, je rencontre un normalien de Bonneville qui me demande des renseignements sur l’Ecole émancipée : il avait confondu l’Ecole moderne avec une tendance de son syndicat, je crois même qu’il ne connaissait pas cette tendance.