III. Mon expérience d’enseignante

III. A. Attitudes à l’égard des enfants

Les attitudes qui m’ont blessée, choquée quand j’étais élève, je les retrouve comme jeune institutrice et elles me choquent toujours, d’autant plus qu’elles s’adressent le plus souvent à des enfants déjà défavorisés, pas très bons en classe, comme par hasard ceux avec qui je m’entends le mieux. Je commence à enseigner en utilisant le texte libre, l’imprimerie, les exposés, en essayant au maximum de faire parler les enfants sur leurs pays d’origine. Je revois toujours le regard illuminé d’A. le jour où j’ai apporté en classe des diapositives sur le Sahara et des bijoux kabyles. Alors qu’elle se mettait systématiquement au fond de la classe, elle vient s’asseoir au premier rang et ne le quitte plus. Ce qui se dit la concerne enfin, de même que ce que peuvent dire ses camarades sur son pays ou le leur. Je remarque aussi avec quelle fierté les élèves emmènent chez eux le journal qu’ils ont fabriqué collectivement, les efforts fournis pour composer correctement les textes, l’imprimer proprement, décomposer et ranger les caractères travail nécessitant beaucoup de soin (si on mélange les caractères, on ne peut plus recomposer) -, peu glorieux mais trouvant toujours des volontaires enthousiastes.