III. B. Problèmes avec les collègues

Ces changements à l’intérieur de la classe ne m’attirent pas véritablement la sympathie des collègues. Pourtant, je ne parle pas de ces activités, j’écoute davantage ce qui se dit mais je constate que mes initiatives sont plutôt mal vues, comme si elles mettaient en danger les enseignants plus traditionnels, comme si elles les culpabilisaient. Je me retrouve un peu seule dans ces groupes scolaires urbains où pourtant les techniques Freinet débloqueraient bon nombre d’élèves en difficulté, les enracineraient à la fois dans leur culture d’origine et dans celle de leur pays d’accueil et leur permettraient de se sentir intéressés. On me laisse plutôt entendre que lesdites techniques “ ‘c’est bon pour les classes de perfectionnement  avec des élèves en situation d’échec ...’ ” Techniques de remédiation au lieu de techniques préventives ! Je me sens sur la défensive et repère d’autant plus les attitudes d’humiliation et de culpabilisation envers les élèves. Je n’ignore pas que, parmi les enfants que je reçois en CE 2, certains ont été totalement dégoûtés de l’école lors des années précédentes. Ils arrivent avec une image dévalorisée d’eux-mêmes, de leurs capacités intellectuelles, et il n’est vraiment pas facile de leur redonner confiance pour progresser. Ils sont davantage centrés sur leur angoisse que sur les activités qui leur sont proposées. Ils n’entendent pas ce que je leur dis, ils se remémorent leurs échecs et les commentaires qui les accompagnaient. Bien sûr, ils ne sont pas tous dans cette situation mais ils sont tout de même un nombre non négligeable dans les écoles où j’ai enseigné et qui sont devenues des Z.E.P. depuis. En outre, je constate avec plus ou moins de stupéfaction que la sexualité est un sujet tabou.