IV. Etudiante en D.E.A. de Sciences de l’Education.

A la suite d’un certain nombre d’avatars, vingt ans après avoir quitté l’école normale, je commence la préparation d’un diplôme de hautes études des pratiques sociales, qui me permet de m’inscrire ensuite en D.E.A. de Sciences de l’Education. Ces cours. sont aussi riches d’enseignement sur la relation éducative. Les étudiants, adultes au travail venant de plus ou moins loin, parlent, au cours d’échanges informels (entre les cours), non seulement de leurs recherches mais aussi de leurs ressentis concernant les enseignants durant les cours et les séminaires. Voici quelques petits faits, me semble-t-il significatifs. Ils apprécient peu d’être appelés “ mes petits D.E.A.! ” Peut-être est-ce une expression affective de sympathie mais elle n’est pas reçue comme telle et son côté protecteur (?), maternant (?) n’incite pas à un échange égalitaire. De même, quand le ton de la réponse de l’enseignant leur apparaît légèrement méprisant à leur égard s’ils viennent d’exprimer un désaccord, il tue leur désir de participation active. Il m’est apparu, en général, que mes collègues semblaient plus sensibles aux qualités humaines des enseignants et à celles de leurs cours qu’à leurs qualités oratoires.

Mais les critiques ne sont pas toutes négatives. Malgré leur manque de disponibilité, un certain nombre d’étudiants suit les cours ne correspondant pas à l’option choisie, par curiosité, par désir de connaissance, ce qui peut vouloir dire que la forme et le fond correspondent à leurs aspirations intellectuelles et aussi relationnelles. Quand ils présentent l’état de leurs recherches, en cours de méthodologie, ou en séminaire, ou à leur directeur de recherche, les étudiants apprécient la compétence technique quand elle est alliée à une écoute de qualité qui permettent une reformulation claire et adéquate de leurs objectifs, de leur problématique et de leurs hypothèses. Ce qui nécessite en quelque sorte une “ mise à disposition ” de l’enseignant au service de l’étudiant dans le respect des différences de chacun. Tous les intervenants du cours proclament cette nécessité mais certains la réalisent mieux que d’autres.

Personnellement, je me suis sentie soutenue et épaulée tout au long de ce travail. Les attitudes relationnelles m’ont paru essentielles psychologiquement. J’ai apprécié d’être accueillie avec un sourire que j’ai ressenti “ vrai ”. Au cours de cette année, puis des années de thèse, alors que les étudiants sont des “ adultes responsables et objectifs ”, il m’a semblé que l’essentiel demandé aux enseignants, en dehors de leur compétence “ technique ”, concernait la cohérence des attitudes relationnelles avec les principes concernés.

Heureusement, parallèlement à la formation “ officielle ” à l’école normale, je participe aux stages et réunions du groupe Freinet à partir de septembre 1968 d’une part, et d’autre part, six ans après, à un stage en “ expression totale ” avec Michel Lobrot. Cette rencontre s’avère déterminante.