Chapitre quatre
Méthodologie des entretiens

I. Conditions

I. A. Choix les maîtres

Pour réaliser ce travail, il me paraissait important d’interroger des personnes ayant certaines caractéristiques communes. Elles ont toutes un certain nombre d’années d’enseignement derrière elles, aucune n’a été formée par les I.U.F.M., le recul et l’expérience n’étant pas suffisants mais une partie a suivi le cursus de l’école normale, l’autre ce qu’on pourrait appeler la formation par alternance avec des remplacements et des cours durant la journée de congé (jeudi pour les plus anciens, mercredi pour les autres). Aucun homme n’a participé à une guerre, ceux qui sont allés en Algérie sont déjà en retraite. Aucune personne n’a entrepris de formation particulière en psychologie après avoir commencé à enseigner, aucune n’a apparemment de problèmes psychologiques particuliers nécessitant un suivi médico-psychologique, aucune n’a, vécu de drame particulier concernant un de ses enfants biologiques : décès, handicap grave, ou sa santé : maladie. A partir des critères, définis précédemment, que je lui ai transmis, la conseillère pédagogique me propose une liste de vingt-cinq personnes, partagée en deux groupes : maternel et primaire, dans lesquels se trouvent deux instituteurs travaillant dans des groupes scolaires importants de l’agglomération proche. Je reconnais aussi le nom d’un enseignant du groupe Freinet et celui de la maîtresse de primaire qui a eu mes trois enfants dans sa classe (CE 2 ou CM 1).

En revanche, j’élimine d’emblée celle de maternelle qui a reçu mes deux fils, dans la mesure où je ne me sens pas assez sereine pour l’interroger : il semble qu’elle avait un comportement sadique à l’égard des enfants en général ils bougeaient tous trop ou pas assez ... Je ne peux réellement définir si le ressentiment est éprouvé à son égard en raison de son attitude, ou au mien parce que j’ai été, en quelque sorte, aveugle à ses agissements, naïve, ne pouvant imaginer réellement ce qui se passait. Ce n’est que petit à petit, par des mots, des réflexions échappés à diverses occasions de la bouche de mes enfants et de certains de ses élèves quand ils furent plus grands, que j’ai réellement compris.

La conseillère me signale en outre deux maîtres particuliers, le premier qui ne veut enseigner qu’en classe unique, le second qu’en maternelle. Elle envoie donc à vingt-quatre personnes une courte lettre leur annonçant une prise éventuelle de contact de ma part, en vue d’un travail de recherche universitaire. Outre les six personnes déjà mentionnées, j’interroge par commodité les enseignants les plus proches de mon domicile, en équilibrant le nombre d’hommes et de femmes ainsi que celui des classes maternelles et primaires, soit cinq hommes et quatre femmes en primaire, un homme et trois femmes en maternelle.