II. B. Les parents

II. B. 1. Des évaluations différentes

Episodiquement les problèmes avec les parents, avec certains parents, réapparaissent, fondés sur des incompréhensions et aussi des conceptions différentes de la vie à l’école. Dans ses débuts, le jeune instituteur tentait de convaincre les parents de l’intérêt des méthodes qu’il pratiquait alors que maintenant : “ je me mets plus sur un plan de ... spécialiste, je veux bien expliquer ce que je fais mais je ne le justifie pas ... ” S’entendant très bien et travaillant beaucoup avec sa collègue : “ on forme vraiment une équipe, c’est très agréable ”, ils organisent une ou deux réunions “ où on parle beaucoup de lecture ”. Ils proposent alors des exercices aux parents “ à partir de la démarche du GFEN : bon, ben c’est bien, ça les remet en question ”. Mais, “ une fois sortis, ça retombe ... (ils) reviennent à la pratique de ce qu’ils connaissent, de leur apprentissage ”.

Quand existent ces incompréhensions entre le maître et la (ou les) famille(s), les enfants en pâtissent. Jean évoque deux cas à ce sujet. Le premier concerne un enfant de CM 2 qui a beaucoup de retard scolaire et de difficultés mais avec qui l’entente est bonne (il lui donne en outre des cours de batterie après l’école). Pour ces raisons et parce qu’  “ un gros travail est déjà réalisé ”, il propose ce qui lui arrive rarement un redoublement pour que l’enfant soit davantage apte à suivre en sixième. Les parents s’y opposent et l’enfant part au collège. Mais les résultats se révèlent catastrophiques. L’autre cas est en quelque sorte symétrique. Il s’agit d’un enfant “ très rêveur, très distrait ” dont les résultats ne sont “ pas vraiment brillants ” mais qui n’est pas en difficulté scolaire (l’instituteur insiste là-dessus). En fin d’année le père change son fils d’école sous prétexte “ de le couper un peu de ses camarades ” parce qu’il a “ de mauvaises fréquentations ” et lui fait redoubler sa classe.

C’est ce que l’instituteur définit comme “ le côté un peu désagréable du boulot ”. Il s’explique : “ ‘quand ça se passe bien en fait, tu as peu de reconnaissance. Quand ça se passe bien c’est normal, c’est le gamin qui est intelligent, voilà. Par contre, si ça se passe pas très bien, toi tu vas t’investir plus donc tu vas avoir plus de travail encore que si ça se passe bien et, en plus, souvent il y a une incompréhension des parents qui vont pas du tout reconnaître le travail qui est fait ’”. Par ces propos, Jean constate qu’en général les parents éprouvent des difficultés à reconnaître le travail fait en classe par le maître avec leurs enfants. Pourtant il n’est pas coupé des familles, il engage le dialogue, mais il est possible que la mauvaise communication résulte non seulement de problèmes scolaires mais aussi de choix de valeurs différentes pour les parents et pour l’enseignant. Cela transparaît à propos des classes de découvertes.