II. C. Des collègues “ gentilles ”

En revanche, Claudine a un autre souvenir des collègues de ses débuts. Elle occupe son premier poste durant dix ans. Elle évoque succintement la directrice : “ La première personne qui m’a aidée ... c’était ma directrice et ça a été un peu un modèle ” puis décrit longuement ce que lui a apporté la “ maîtresse des petits ” avant de reparler de la première :  “ La directrice était très gentille mais au niveau pédagogique c’était un petit peu différent ”. Elle reconnaît donc chez cette personne une certaine aide apportée et la gentillesse. L’autre collègue qui reçoit “ les enfants arrivant à la maternelle pour la première fois ” l’influence davantage : “ Je n’oublierai jamais cette maîtresse-là ... Encore maintenant je la revois avec ses petits ”. C’est une femme totalement adaptée à ce poste : “ Je la voyais pas avec une autre classe, c’était vraiment la maîtresse des petits. ” Pourquoi ? “ Elle savait bien les prendre, elle leur parlait gentiment, elle. En plus elle savait fabriquer des marionnettes ” (ce qui est à la fois le rêve et l’incapacité de Claudine). Et l’explication se poursuit : (parce que) “ les tout petits, c’était une autre façon de les approcher avec une autre façon de donner les consignes, (parce qu’) “ elle avait une assise avec les enfants ”. La description n’est pas excessivement précise mais relate essentiellement un climat, une attitude : “ C’était dans sa façon de vivre, dans sa façon d’être, c’était dans son tout, quoi ! ” Claudine, surtout quand elle se retrouve dans ce type de classe (maternelle-petits) avoue avoir “ beaucoup copié ” cette femme, “ se retrouver en elle ” quand elle met en place “ certaines règles de travail qui sont dans la même lignée ”. C’est dans ce passage que Claudine affirme avec conviction que “ c’est vraiment la toute première personne qui m’a frappée ”. A partir du moment où elle a dévoilé l’ambiance familiale avec sa mère, le terme “ frappée ” prend une saveur particulière ... En relation avec cette institutrice, on pourrait peut-être utiliser une métaphore photographique : Claudine a été impressionnée et révélée à elle-même grâce à cette femme. Elle quitte cette école au bout de dix ans et depuis “ a toujours regretté ”. Une partie d’elle même y est restée : “ Dans mon coeur quelque part, c’est resté ” et il lui “ arrive souvent de rêver à ces personnes ” (directrice et collègue).