II. E. Blocage de l’expression

Ce que l’on constate, c’est que la violence subie laisse encore d’autres traces. Outre son insécurité, son manque de confiance en elle, son sentiment de culpabilité, Claudine paraît bloquée dans son expression. Elle apparaît toujours comme une petite fille blessée, ayant du mal à mettre en mots ce qui la torture. Elle rêve, à la recherche d’un souvenir “ d’une maman gentille ” sans pouvoir en faire le deuil, sans exprimer de colère, sans formuler de revendication réelle. Victime, elle subit et souffre. Alors qu’elle a terminé sa scolarité avec deux ans d’avance, les mots utilisés pour relater son vécu se révèlent particulièrement sages et pauvres. On oscille entre “ gentille ” et “ dure ” alors que le champ des émotions qui affleurent est nettement plus vaste, plus impétueux, plus intense et que le vocabulaire pour les exprimer aurait pu, dans ce cadre être moins académique, moins châtié.