II. Vie professionnelle

II. A. Déboires avec une famille

Instituteur depuis dix-huit ans, en classe unique depuis neuf ans, Gérard affirme qu’il est heureux dans sa classe actuelle mais qu’il y a aussi passé deux années très difficiles, étant accusé par une famille “ de tabasser leur gamin ”. Apprenant ce reproche, il prévient aussitôt l’administration qui ne réagit que six mois plus tard quand les relations avec les parents se sont encore envenimées. Durant ce différent, il est soutenu à la fois par le conseil municipal qui va témoigner en sa faveur à la gendarmerie, et par tous les autres parents et anciens parents de l’ école qui écrivent à l’Inspection. L’affaire est classée sans suite mais Gérard en reste très marqué, c’est pour lui “ l’expérience la pire qu’(il ait) vécue dans (sa) carrière : (se) retrouver à la gendarmerie suite à une plainte de parents ”. Cet événement vieux de deux ans au moment de l’entretien le perturbe encore beaucoup : “ c’est quelque chose de terrible (deux fois), c’est un truc épouvantable ” et il a besoin d’en reparler régulièrement. Il explique cet incident par la mauvaise insertion de ce couple des Suisses et une certaine agressivité de la part de la mère à laquelle il a du mal à ne pas répondre : “ quand on me parle d’une manière agressive, je réponds sur le même ton ”. Il goûte encore peu l’humour de l’inspecteur qui lui demande, à propos de l’enfant en question dans le conflit : “ Est-ce que ses oreilles se sont allongées ? : Ça me fait pas rigoler du tout ”. Sans le soutien massif reçu à ce moment-là, Gérard aurait quitté le village. Dans cette histoire, il établit une distinction entre l’enfant et ses parents. Il affirme avoir “ toujours eu d’excellents rapports ” (deux fois) avec cet élève qui ne lui a jamais  “ répondu de travers et à qui il n’a jamais mal parlé ”. Il a le sentiment que c’était un différent entre les adultes et que l’enfant n’y était pour rien. Mais cela a cassé quelque chose en lui.