II. C. Les avantages de la classe unique

Ce qui plaît à Gérard, c’est la classe unique : “ ‘je prends les gamins à cinq ans et puis je les emmène au collège. Moi, c’est ça qui me plaît, de les prendre ils ne savent pas lire, pas écrire, compter ... et puis il faut les préparer à rentrer en sixième ... C’est merveilleux une classe unique ! Tout le monde devrait passer en classe unique ! D’abord quand ils parlent de cycles, les classes uniques n’ont pas attendu pour faire les cycles, le décloisonnement ’”. Malgré le travail inhérent à ce type de classe, Gérard tient à garder sa section enfantine alors qu’il pourrait envoyer les enfants de cinq ans en maternelle au chef-lieu : “ Ça les débrouille. Quand ils rentrent au CP, ils savent comment ça se passe ”. Et puis il éprouve du plaisir à leur compagnie : “ J’aime bien les regarder. Quand les grands me gonflent je vais voir les maternelles parce qu’alors, eux, ils sont, ils sont vraiment purs ”. Il semble que ce fantasme de pureté rejoigne en quelque sorte l’île paradisiaque qui ne connaissait pas “ la noirceur du monde ”. Un autre argument est aussi donné dans un registre différent : “ En plus, le jour où je manque d’effectifs, si j’ai refusé les maternelles, on va me dire : ‘’vous (ne) pouvez plus les prendre ’’ ”. Enfin, Gérard reconnaît un avantage à la classe unique : il est seul sans avoir à tenir compte de ses collègues “ parce qu’au niveau du boulot je suis assez caractériel, j’ai du mal à supporter les autres quand ils veulent pas faire quelque chose et j’ai du mal à supporter qu’on m’oblige à faire quelque chose ”. Ce qui ne l’empêche tout de même pas, quand il en a besoin, de travailler en collaboration avec le chef-lieu.