II. E. Sa mise en oeuvre

Gérard met en oeuvre les conseils de son supérieur pour les corrections en utilisant des fichiers autocorrectifs qui lui facilitent le travail même s’il “ y en a toujours un ou deux qu’il faut vérifier ” et sa réflexion révèle sa difficulté à faire confiance aux enfants : “ C’est des gamins, on peut jamais faire totalement confiance non plus, sinon ce ne serait pas des gamins ”. Et il réfléchit durant deux ans avant de se “ lancer ” en annonçant au conseiller pédagogique qu’il changeait de façon de travailler en français avec le cycle III “ pour s’obliger à le faire ”. Il explique sa manière de procéder en expression écrite : “ On choisit je choisis parce que je suis très directif quand même un thème de travail : écrire une lettre, recette de cuisine, etc. et puis on travaille toute la semaine dessus. Donc le jour ils écrivent, le soir je corrige on a fait un code de correction et puis tous les jours ils reprennent leur texte et ils essaient de l’améliorer et on travaille un point précis. Et puis, le samedi ils me le mettent au propre et ils me le rendent ”. En quelques mois Gérard enthousiaste constate des progrès conséquents avec les enfants en difficulté : “ Depuis Noël (on est en Mai) j’ai eu des résultats fantastiques, notamment avec les gamins qui étaient pas capables de construire un texte cohérent ... avec ceux qui sont la tête sous l’eau en expression écrite ... J’en ai un, là, qui écrivait n’importe comment, n’importe quoi et qui, maintenant, me fait des choses pour lui fabuleuses ”. Même si cela lui demande davantage de travail de correction, Gérard le préfère à la corvée des rédactions “ parce que c’étaient toujours les mêmes fautes ”. De plus les enfants apprécient davantage cette nouvelle façon de faire : “ Ça leur plaît énormément, ils se sentent beaucoup plus libres et puis ils aiment bien mieux ça que faire quatre exercices sur ‘’à accent’’ et ‘’a sans accent’’ ”. Cela ne les empêche pas de travailler individuellement, quand le besoin s’en fait sentir, les difficultés orthographiques, grammaticales ou autres rencontrées dans la rédaction de leur texte. Gérard constate que la plus grande liberté accordée à ses élèves est source de progrès substantiels : “J’aurais pas cru qu’en trois mois ils feraient des progrès comme ça ”, ce qui lui donne le sentiment “ d’avoir perdu dix-huit ans ”.