Conclusion

Les expériences douloureuses difficiles qu’ont vécues Claudine, Gérard, Marc, Eliane et Jean ne les ont pas fermées aux enfants, ne semblent pas avoir induit de comportement hyper-défensif.

Leur expression reflète leur émotion plutôt fortement, que ce soit dans le plaisir ou dans la souffrance. Claudine, abattue en racontant sa vie familiale,reprend vie en évoquant sa tante, ou le plaisir de faire la fête en formation professionnelle. Marc se rappelle les larmes au CP quand son père lui annonce : “ Si tu travailles pas bien, tu seras rémouleur ”, quand il lui refuse le voyage en Italie parce que “ c’est trop cher ”, mais aussi son plaisir durant les jeux avec ses camarades et en particulier celui du porte-monnaie. Eliane n’a pas oublié le sien au cours des jeux avec ses frères même si cela lui a valu quelques accidents mais l’évocation de sa vie de couple ramène encore beaucoup de tristesse et un fort sentiment d’échec. Gérard, assez proche de ses sentiments quand il parle du plaisir de la vie à Tahiti et de la souffrance d’avoir été accusé à tort par une famille de “ tabasser leur gamin ”, semble plus lointain à propos de ses parents : “ Voilà. Y a pas de problèmes majeurs mais moi j’ai appris à pas avoir, pas réellement avoir besoin de mes parents ”. L’expression “ j’ai appris ” révèle que ce ne devait pas être “ naturel ”, “ évident ”, “ inné ” pour lui quand il était enfant. L’absence physique, affective, ne paraît pas avoir été aussi facile facile à vivre ... Si le manque n’est pas affirmé clairement, nettement, le ton du propos le sous-entend.

Et ces blessures ont généré des handicaps toujours présents. Claudine a gardé dans ses attitudes et son vocabulaire quelque chose de la petite fille effrayée. Eliane lui ressemble un peu, son échec conjugal a contaminé les autres domaines de sa vie et l’empêche de s’affirmer, “ d’oser ”. Gérard, bien que d’un abord facile et sympathique, ne s’est pas débarassé de son angoisse qui l’empêche de faire confiance à ses élèves et à sa progéniture. Marc ne se sent pas reconnu, financièrement, professionnellement et socialement pour tout le travail fait et en souffre. Enfin, la réussite de Jean au CAPFIM ne paraît pas guérir les blessures anciennes de la première tentative et interroge sur les attitudes des formateurs – tout au moins ceux de son jury – avec les jeunes étudiants de l’IUFM et les maîtres novices débutant dans leurs classes.