II. C. Rencontre du groupe Freinet

A cause de ses difficultés avec les parents dans la classe unique, le conseiller pédagogique vient voir Jean, reconnaît que l’instituteur “ avait (ses) options mais que la classe était tout à fait bien tenue ”. Il semble que le soutien soit tout de même relatif : “ Il m’avait pas descendu ... Oui, enfin, il m’avait pas vraiment aidé mais il m’avait pas enfoncé ”. Malgré tout, Jean continue cette pratique et comme “ on ” (?) lui a communiqué durant cette période le numéro de téléphone de Marie, institutrice Freinet, il l’appelle : “ J’étais pas tellement brillant et je me souviens bien qu’elle m’avait bien remonté le moral ”. C’est cette collègue qui l’aide. Comme il est à mi-temps, elle lui ouvre sa classe et il vient l’observer , il échange avec elle. Elle l’écoute, le rassure, lui donne des conseils, elle est proche, il se sent moins seul. De plus, par son intermédiaire, il rentre en contact avec le groupe départemental. Il y est bien accueilli tout en trouvant que le langage y était “ un peu ésotérique ”. Il en est devenu depuis une des chevilles ouvrières.

Que lui apportent ce groupe et son abonnement concomitant à L’Educateur ? : “ Ça soutient quand même de voir qu’on n’est pas tout seul dans son coin, qu’il se passe des choses, que le discours officiel est pas le seul à être dans l’air ... Oui, ça m’avait bien soulagé de pouvoir me raccrocher à un groupe ”. Il évoque les échanges épistolaires et ceux au sein du groupe : “ la correspondance ... échanges intéressants de pratiques entre enseignants ” et revient sur leur importance : “ Ça montre qu’on n’est pas tout seul dans son coin (répétition), que d’autres personnes ont les mêmes problèmes et que finalement ça tient pas à soi !  Ça relativise les difficultés parce qu’au départ on sait pas, on ne sait pas faire la part des choses. Ça, c’est vraiment important ”. Il se remémore alors des moments intéressants et constructifs de ce groupe : “ On avait fait des choses au niveau coopération, des choses en commun au niveau du journal. On avait essayé de faire un journal commun une ou deux fois dans l’année, ça avait permis de rencontrer des gens sympas ”. Cela occasionne un surcroît de travail, “ beaucoup de boulot ” mais ces échanges, cette coopération sont pour lui une “ dimension importante ”. Coopération fondée non seulement sur le travail mais aussi sur les relations amicales. Il note alors que c’est “ maintenant quelque chose qui ne fonctionne plus du tout ” et cette généralisation s’étend pour lui à tout le mouvement associatif mais, quatre mois plus tard il relance le groupe départemental avec d’autres collègues et se présentent plus de vingt-cinq personnes à la première réunion d’octobre ...