I. B. La famille

I. B. 1. La grand-mère paternelle

Dans le milieu familial, la grand-mère paternelle semble la personne qui a le plus marqué Nadine. Hormis ses parents, c’est avec elle que se tissent des liens privilégiés. Nadine y va en vacances l’été : “  ‘J’ai toujours, toujours passé mes vacances avec cette mamie qu’avait un caractère horrible ... Elle était aigrie, elle était seule depuis l’âge de trente-cinq ans, elle avait ramé, elle avait fait des ménages. Enfin au niveau financier ça n’allait pas tout seul ... C’était une personne qu’était jamais contente, elle avait jamais ce qu’il lui fallait ’”. Mais elle est reconnue dans son milieu : “ Ma grand-mère, c’était quelqu’un. En tous cas dans le village elle était connue, elle brassait beaucoup, elle parlait beaucoup, ça n’allait jamais, elle était jamais contente (répétition). De toute façon, tous les voisins la connaissaient. Oui, elle, par contre, elle s’extériorisait ”.

Nadine donne là, l’image de sa grand-mère quand elle est adolescente. Enfant, c’est différent : “ Petite, c’était vraiment très affectif, une relation très tendre ”. Cela se gâte quand l’enfant grandit : “  ‘Mais plus tard, quand j’ai eu l’âge de poser des questions, de pouvoir faire un petit peu, d’avoir des jugements sur ce qu’il y avait, on a eu des discussions assez houleuses ... Et puis même, dès que j’ai commencé à avoir dix-huit ans, bon j’allais quand même la voir toutes les vacances. Elle commençait à me dire ce que j’avais à faire et là, je m’affirmais un petit peu, lui disant : Hé, mamie, tu me dis que je sais pas faire ci et ça, mais laisse-moi un peu te prouver que je peux le faire’ ”.

Les occupations durant ces vacances sont assez routinières : “ On allait à la mer et après on allait voir ses copines et je passais une à deux heures avec les copines de ma mamie (rire) à écouter les cancans et les dernières choses qui pouvaient se dire sur le voisin, la voisine. Ça, c’était extraordinaire. Alors des fois j’y prenais plaisir, c’était marrant d’écouter ... Les dernières années c’était plus dur. Là je devais avoir treize-quatorze ans ”. Alors Nadine tente de s’occuper durant ces conversations : “ J’avais toujours un livre, j’avais toujours quelque chose à faire mais ça commençait à être un peu pénible ”.