II. B. Les bons souvenirs

Très vite, sur ma suggestion, Laurent évoque ses bons souvenirs. C’est avec une classe de cours élémentaire dans son département d’origine, la “  ‘mise sur pied d’une kermesse au 1ier mai qu’on avait donc appelé la kermesse du muguet. Et c’est quelque chose où il y avait un investissement de tous (appuyé), les enfants de l’école plus les parents. Moi, ça m’avait fait plaisir, on avait construit quelque chose’ ”. Il y avait une sorte de “ bloc autour de l’école ” qu’il n’a jamais retrouvé après.

Ce que Laurent aime beaucoup et qu’il pratique depuis qu’il est dans sa classe actuelle, c’est la classe d’environnement qu’il organise tantôt à la Méditerranée, tantôt au bord de l’Atlantique : “  ‘C’est ce qu’il y a de plus beau au niveau de la classe. Les enfants s’investissent dans la préparation, dans tout ce qui est pour trouver de l’argent ... Y a des tas de choses dont on va discuter avant parce que la classe, elle dure quand même entre dix et douze jours ... C’est absolument merveilleux. Moi j’en reviens crevé, fatigué parce que dix jours, avoir les gamins 24 heures sur 24, c’est autre chose que les avoir six heures par jour. Mais c’est merveilleux ! Moi j’en redemande à chaque fois’ ”. Ce projet nécessite aussi une préparation psychologique des enfants : “ ‘Dix ou douze jours pour certains qui n’ont jamais quitté leurs parents ... Ou alors, s’ils les ont quittés c’est pour se retrouver en famille simplement alors que là, il y a une rupture, donc y a des problèmes sociaux, y a des problèmes affectifs, y a des tas de choses ... Donc on discute beaucoup à ce niveau-là. Et ça, ça permet de faire la classe autrement ’”. Un des intérêts de cette expérience, c’est qu’elle motive le travail préparatoire au séjour qui, lui motive le travail au retour à l’école : “ exploitation des données, préparation d’une expo photo, documents et autres pour les parents, pour la mairie ”.

Enfin une dernière expérience “ qui marche très bien ” et à laquelle Laurent “ tient beaucoup ”, c’est le stage de voile qu’il organise tous les ans en septembre-octobre : “ ‘Au niveau de la cohésion du groupe, de la connaissance des enfants, pour eux par rapport à un élément qui est l’élément liquide, qui est complètement déstabilisant, c’est une expérience sensationnelle. Et on obtient, on a une vue plutôt d’ensemble des enfants qui est complètement différente. Et ça soude le groupe-classe ... On mange ensemble à midi, ça désacralise un petit peu l’enseignant ... Là, c’est pareil, on est des êtres humains comme les autres. Donc y a une approche qu’est complètement différente au niveau vie sociale, affectivité, comportement. Les enfants sont complètement différents. Et nous aussi parce qu’on les prend pas comme les élèves au sens strict ’”.