II. D. Attitudes préjudiciables à l’apprentissage

Pour Laurent, l’important est la relation : “ Moi, je suis pour à 200% pour tout ce qui est relationnel avec l’enfant ”. Durant les voyages scolaires en car, il “ se sent incapable de s’asseoir devant et puis de donner des ordres ”. Il éprouve le besoin “ d’aller s’asseoir avec les enfants, discuter avec eux ” parce que ces derniers “ aiment bien qu’on s’intéresse à eux ”, ce qui les valorise. C’est d’autant plus important, selon lui, quand ces élèves “ ont des problèmes scolaires ”. Une attitude négative à leur encontre : “ De toutes façons, t’es nul, t’as que des mauvais résultats, t’as encore eu un zéro en dictée ... ” conduit à la démotivation et à l’échec assurés : “ C’est crac, le verdict qui tombe et le gamin qui (ne) fera plus rien. Et il aura toujours des zéros en dictée ”.

A ce propos, Laurent cite encore d’autres attitudes préjudiciables à l’apprentissage, notamment quand un enfant a des difficultés dans un domaine particulier et que, de ce fait, il a des exercices supplémentaires dans ce domaine le soir après l’école. Pour lui “ l’effet sera ... désastreux ”. Il indique alors qu’il donne peu de devoirs à faire le soir et qu’il incite les enfants à avoir d’autres activités “ pour qu’ils se vident la tête ” : “ Moi, quand je rentre à la maison, c’est pas pour prendre un bouquin de pédagogie, je peux vous le garantir ! ” Mais, selon lui, parfois les parents veulent des devoirs pour leur enfant, à faire à la maison afin de “ vérifier ce qui a été fait en classe ...  C’est pas pour que le gamin travaille, c’est pour savoir ce qui a été fait et que tous les jours ils aient la preuve qu’il y a bien eu un travail effectif de fait en classe ”. S’il pense maintenant qu’il a du “ répondant par rapport aux parents ”, qu’il est “ capable de leur montrer ce qu’on fait en classe ”, il reconnaît qu’ “ en début de carrière, on est très sensible à ce genre d’agression ”.

En revanche, sa collègue fonctionne différemment : “ ‘Au niveau des devoirs, c’est deux heures tous les soirs. Ils sont au CM 1. Et bon, sans vouloir ressasser de mauvais souvenirs, moi j’ai eu une maman qui, bon, a rué dans les brancards. Elle (n’) en pouvait plus, le gamin il passait trois heures tous les soirs parce que c’était une heure et demie à deux heures pour ceux qui sont bons ... Et ceux qui ont des difficultés ... ils se couchaient à dix heures, le gamin, il pleurait. Il arrivait le matin, il voulait pas venir à l’école, il avait mal au ventre et il pleurait. Et puis c’est grave ça !’ ” Arrivé dans la classe de Laurent, mis en confiance, il a arrêté de pleurer.