II. F. Importance du milieu

Pour Laurent, il est important que l’école soit ouverte sur l’extérieur mais il semble que ce ne soit pas facile à réaliser : “ Des fois, c’est l’extérieur qui veut pas venir vers nous ”. Apparemment les relations ne sont pas toujours faciles avec les communes : “ Les gens ne comprennent pas l’intérêt de l’école ... des conseillers municipaux qui ... blocage, hein ! ... de mon temps c’était comme ça ... ils ne voient aucune raison de faire un changement quelconque ”. Après avoir montré l’intérêt de la classe d’environnement, Laurent explique que l’exposition du retour de la classe d’environnement est un moyen pour “ faire venir la mairie dans l’école. Parce que c’est un gros problème, hein ! On a les gens en début d’année qui viennent nous voir : bonjour ça va ? Et puis après on (ne) les revoit plus ... Donc ça permet justement de les faire venir à nouveau, de voir comment fonctionne l’école ”.

Le milieu rural dans lequel travaille Laurent lui apparaît “ très passéiste ”, “ très conservateur ” : “ De mon temps c’était comme ça ”(à deux reprises au début de l’entretien. Donc ils ne voient pas l’utilité de faire la classe autrement, d’avoir un ordinateur en classe , matériel acheté pour la classe, avec l’argent de la coopérative. Laurent a expliqué cette nécessité de familiariser les enfants avec l’utilisation de cet appareil en réunion de parents en début d’année. Ils n’ont pas posé de questions mais on lui rapporte certains propos qui circulent : “ Ben, il ferait mieux de faire de l’orthographe et de la grammaire plutôt que de travailler sur un ordinateur ! 

Cet enseignant explique beaucoup son travail aux parents d’élèves pour avoir leur soutien, et à la mairie (pour les crédits) mais le message ne passe pas très bien. A l’approche de la classe de sixième, la “ pression parentale ” est forte : on lui rappelle le programme : “ Y a ça à voir ... ”, on fait des leçons d’avance le soir ce qui lui paraît négatif parce que “ si ça a été fait à la maison d’une façon différente, le gamin il (ne) sait plus où il met les pieds ”. De la même façon, les parents ne comprennent pas pourquoi il fait des classes d’environnement au bord de la Méditerranée ou de l’Atlantique “ alors qu’on a le lac à côté ! ” Pour eux, ces classes sont des vacances pour le maître ! Puis Laurent se reprend en précisant que ce ne sont que 20 à 30 % des parents qui font ces remarques, que le milieu change petit à petit et que le village devient un peu une cité-dortoir, les gens allant travailler en ville, mais tout de même, cela semble lourd. Et il évoque les querelles entre les villages regroupés, entre les hameaux, querelles qui perdurent : “ On est très cloche-merle ... Donc y a toujours, pas des pommes de discorde mais des petites réflexions à propos de la redistribution des subventions ”.