II. D. La profession

II. D. 1. Un travail positif

Quand je lui suggère la narration de quelques souvenirs positifs de sa carrière, Carole évoque le développement d’un enfant “ vraiment asocial ... qui pourtant avait déjà fait une année d’école mais qui n’avait aucune réaction d’enfant, qui avait vécu en collectivité ”. Les débuts sont difficiles, “ le premier trimestre a été une horreur parce qu’il était méchant avec les autres, il se bloquait quand moi je lui parlais, quand je lui demandais quelque chose. Il réagissait à la limite comme un petit animal et puis, petit à petit ... il s’est ouvert aux gens, il s’est ouvert aux autres, à l’adulte, aux autres copains ”. Carole ne parle aucunement du travail d’approche, d’apprivoisement qu’elle a dû réaliser avec les autres écoliers de la classe pour que l’enfant se sente progressivement en sécurité et abandonne ses comportements agressifs. Elle explique avoir ressenti “ une réticence au niveau de l’école ” de la part des parents, “ assez froids ”, et avoir travaillé avec eux. Elle les montre “ ouverts ” maintenant, “ osant parler ” des problèmes qu’ils se posent, allant “ au-devant des gens ” et estime avoir fait un travail thérapeutique (“ une thérapie ”), non seulement avec l’enfant, mais aussi avec sa famille. Elle exprime alors son “ plaisir de le revoir parce que c’est un gamin qui s’est complètement épanoui au contact des autres ”.