IV. A. 3. Evolution professionnelle

Les effets qui viennent d’être décrits se situent sur le plan personnel mais se retrouvent aussi dans le domaine professionnel. Les personnes s’inscrivent à ce type de formation indéniablement en raison d’une problématique et d’insatisfactions professionnelles, même si ces dernières masquent aussi des motivations personnelles :

‘“ Le désir de poursuivre un travail de formation est lié à l’espoir d’un progrès dans la clarification d’une attitude, d’une tendance personnelle certes, mais presque toujours rapportée à l’exercice de la profession. ”222

Les effets les plus importants découlent

‘“ d’une modification des attitudes et des réactions affectives, et qui vont se répercuter sur les aspects relationnels de la vie professionnelle. ”223

Les enseignants manifestent une meilleure écoute de leurs élèves, essaient davantage de comprendre pourquoi et comment ces derniers ressentent leurs difficultés et y réagissent. Ils ne se contentent plus des qualités purement intellectuelles des enfants, ne sont plus centrés presque uniquement sur les programmes et leur attention aux manifestations émotionnelles dans leurs classes n’empêche ni la réalisation des programmes, ni la réussite aux examens224. A ces résultats “ classiques ”, normaux, s’en ajoutent d’autres, très importants du point de vue humain. Les élèves travaillant avec des professeurs qui ont suivi la formation psychosociologique de l’IFEPP sont davantage impliqués dans la vie de la classe, dans la pédagogie proposée, plus responsables, plus attentifs aux phénomènes de groupe ; ces attitudes sont bien moins fréquentes chez ceux dont les enseignants n’ont pas suivi ce type de cursus. L’étude montre aussi que ceux qui ont goûté à une pédagogie nouvelle qui leur plaît ont des difficultés à revenir à un système plus traditionnel : ils le supportent mal et ils le manifestent ...225 Cela étant, les résultats sont moins probants si les professeurs formés se retrouvent isolés dans leur établissement. Tout d’abord, ils reviennent souvent à des pratiques antérieures sous la pression de leurs collègues, ensuite leur formation a beaucoup moins d’impact sur leurs élèves. On se rend compte que les domaines professionnel et personnel s’interpénètrent et que cette formation a des répercussions dans les deux registres.

La vie en groupe au cours de ces stages est un moment privilégié pour une meilleure compréhension de ce qui se passe quotidiennement dans une classe.

Notes
222.

MAISONS (L.) :  “ Incidences personnelles et professionnelles d’une formation psychosociologique de travailleurs sociaux et d’enseignants ” in IFEPP : Formation professionnelle et/ou personnelle, Paris, Payot , 1975, 195 pages, p. 168.

223.

MAISONS (L.) :  “ Incidences personnelles et professionnelles d’une formation psychosociologique de travailleurs sociaux et d’enseignants ” in IFEPP : Formation professionnelle et/ou personnelle, Paris, Payot , 1975, 195 pages, p.169.

224.

MAISONS (L.) :  “ Incidences personnelles et professionnelles d’une formation psychosociologique de travailleurs sociaux et d’enseignants ” in IFEPP : Formation professionnelle et/ou personnelle, Paris, Payot , 1975, 195 pages, p.172.

225.

MAISONS (L.) :  “ Incidences personnelles et professionnelles d’une formation psychosociologique de travailleurs sociaux et d’enseignants ” in IFEPP : Formation professionnelle et/ou personnelle, Paris, Payot , 1975, 195 pages, pp. 173à 176.