Dans les années 1970, la FOEVEN et les AROVEN organisent, en relation avec le Ministère de l’Education nationale des cycles de formation à tendance psycho-sociologique pour les enseignants du second degré et, à partir de 1972-1973, plus ceux des CET 234. Les formateurs sont des collègues enseignants bénévoles formés par la Fédération qui collabore avec d’autres associations (ARIP, IFEPP, ANDSHA), et qui a pour souhait de
‘“ crée(r) de véritables communautés éducatives, maîtresses de leur organisation pédagogique et matérielle, ouvertes sur la vie économique, sociale et politique, dans laquelle chacun, jeune ou adulte, joue un rôle actif au niveau de la décision comme à celui de l’exécution, où le travail d’équipe, l’apprentissage de la vie collective s’harmonisent avec l’autonomie et l’épanouissement individuels ”235.’Si les groupes de développement s’apparentent aux Training groupes, ils s’en distinguent aussi par le recrutement : les participants viennent de l’Education nationale, peuvent se connaître, s’inscrivent parfois en groupe (pusieurs par établissement). En outre, l’association dépend aussi de l’Education nationale. Les propositions peuvent être en rapport avec le milieu où travaillent les participants, le formateur intervient davantage, il est
‘“ plus coopératif, facilitant l’expression et l’analyse, proposant éventuellement des procédures de travail, précisant toujours, quand la demande en est faite, les projets de l’Institution ”236.’Au niveau méthodologique, après les stages de sensibilisation (partent des préoccupations professionnelles des enseignants pour analyser les phénomènes relationnels et institutionnels), les participants négocient avec leurs formateurs la poursuite de ce travail en fonction de leurs désirs et demandes et des possibilités de chacun. Un travail spécifique est réalisé : réflexion, approfondissement, problèmes pédagogiques, mais c’est surtout une expérimentation de la confrontation de vécus différents et de la richesse qui en découle.
Cependant, très vite, la subvention accordée à la FOEVEN pour son action de formation diminue comme peau de chagrin et, sur quatre-vingt quatre stages de sensibilité touchant mille établissements, seuls trente trois ont pu avoir lieu fin 1972, soit mille-cinq-cents éducateurs sensibilisés au-lieu de cinq-mille ... Les sessions d’approfondissement diminuent des deux tiers. De même la FOEVEN, qui voulait former davantage de personnel pour ses interventions, ne peut-elle que compléter celle de ceux qui ont commencé en 1969-1970 ... En outre, les autorisations de suivre les quelques stages qui existent malgré tout diminuent drastiquement pour les individus, de même que pour les formateurs capables de les encadrer ... Il devient pratiquement impossible d’organiser des journées de formation en dehors des week-ends et des vacances.
A cela s’ajoute
‘“ l’ignorance des enseignants vis-à-vis d’une telle formation ”.’Cantonnés dans leur spécialité au second degré, ils ont de grosses difficultés à voir l’aspect éducatif de leur enseignement ; en outre, ils se désintéressent d’autre part de
‘“ tout ce qui n’est pas n’est pas dans la norme du ‘savoir-conformé’ ”.’De plus, le changement leur fait peur et ils préfèrent le “ connu imparfait ” à l’inconnu, qui les angoisse. Enfin, certains militants syndicaux, très méfiants, n’ayant probablement pas étudié de façon approfondie et impartiale l’apport de ce type de formation ont formulé des critiques non fondées mais efficaces, qui ont éloigné nombre d’enseignants susceptibles d’être tentés par cette démarche237.
HONORE (B.) et BRICON (J.) : Former des enseignants : approche psychosociologique et institutionnelle, Toulouse, éd. Privat, 1980, 200 pages.
HONORE (B.) et BRICON (J.) : Former des enseignants : approche psychosociologique et institutionnelle, Toulouse, éd. Privat, 1980, 200 pages, p. 60.
HONORE (B.) et BRICON (J.) : Former des enseignants : approche psychosociologique et institutionnelle, Toulouse, éd. Privat, 1980, 200 pages, p. 67.
HONORE (B.) et BRICON (J.) : Former des enseignants : approche psychosociologique et institutionnelle, Toulouse, éd. Privat, 1980, 200 pages, pp. 72, 80, 81, 83-84.