IV. E. Les stages “ Nimier ”

Jacques Nimier, professeur de mathématiques, après s’être initié, avec un groupe de collègues aux mathématiques modernes et avoir soutenu une thèse de troisième cycle sur “ Mathématiques et Affectivité ”, est nommé maître de conférence de psycho-sociologie à l’IUT de Troyes. Avec une équipe, il élabore une formation psycho-sociologique pour les enseignants du second degré de l’académie de Reims durant seize ans, sous forme de

‘“ stages de deux jours et demi sur les phénomènes relationnels, sur l’écoute, sur l’entretien, sur la conduite de réunion ”240. ’

La demande est importante : de 213 inscriptions en 1984 à près de 600 en 1989, deux stages en 1984, 45 en 1989. Comme dans le cadre de l’AROVEN, ou des stages avec Albert Moyne et ses collègues, c’est une formation assurée par des pairs qui se sont formés personnellement. Jacques Nimier relève des résistances importantes parmi les enseignants : stages “ dangereux ”, formateurs “ capables de lire dans (les) pensées... ” ainsi que dans l’institution qui comprend de nombreuses catégories de personnels, tous concernés par les stages tout en ayant des responsabilités qu’il s’agit de respecter. Elle a des difficultés à admettre le “ secret professionnel ” nécessaire dans ce type de groupe et voudrait des renseignements sur le personnel formé. Les résistances sont aussi nombreuses parmi les universitaires avec souvent

‘ “ l’enfermement disciplinaire ” , “ la méfiance pour le pédagogique ”, ’

en particulier pour la formation opposée à l’information, ou cours. A ce sujet, Jacques Nimier se demande pourquoi sur

‘“ la liste des quarante-six universitaires enseignant la psychologie en IUFM (sur site Internet de l’IUFM d’Auvergne), en dehors de six d’entre eux sur lesquels il n’y a pas de renseignements, seuls deux sont cliniciens ... ”’

En outre, les demandes des participants ne sont pas faciles à cerner, les parcours différents des formateurs, essentiellement psychanalystes et gestaltistes, engendrent des échanges animés. Tout au long de ces seize années, il lui faudra, ainsi qu’à son équipe, s’adapter aux situations diverses, choisir : travailler plus efficacement à la lisière de l’institution ou en son sein avec des résultats moins évidents mais en étant reconnu. La formation mise en place durera malgré tout jusqu’à la fin de l’année scolaire 1997-1998 et les formateurs qui ont fait des propositions diverses, notamment de soutien durant les trois premières années des jeunes enseignants, ne reçoivent aucune réponse de l’institution ; ils rejoignent leurs établissements à la rentrée. Jacques Nimier note alors

‘“ le manque total d’égard vis-à-vis des personnes.Des formateurs qui ont souvent financé eux-mêmes leur formation et qui ont apporté leur qualification et leur compétence durant de nombreuses années peuvent, du jour au lendemain, non pas ‘être remerciés’, ce qui serait compréhensif, mais considérés comme n’existant pas. ”’

Comme ce phénomène a lieu à tous les niveaux de la hiérarchie, il n’est pas étonnant que les enseignants aient tant de difficultés à reconnaître leurs élèves.241

Notes
240.

NIMIER (J.), “ Récit d’une expérience de formation clinique du personnel de l’Education nationale dans l’académie de Reims ” in Connexions, Clinique de la formation des enseignants, Pratiques et logiques institutionnelles, Toulouse, Erès, 2001, 207 pages, pp. 121 à 139, (p.123).

241.

NIMIER (J.), “ Récit d’une expérience de formation clinique du personnel de l’Education nationale dans l’académie de Reims ” in Connexions, Clinique de la formation des enseignants, Pratiques et logiques institutionnelles, Toulouse, Erès, 2001, 207 pages, pp. 121 à 139, pp.129, 130, 135.