Mireille

Premier entretien

  • C’est un peu mon C.V. en fait. Lorsque j’ai passé l’entretien de direction on a demandé à chaque personne qui venait postuler pour le poste de directeur, de faire son C.V., de se présenter avec leur acquis, leur expérience et en même temps, ils posaient des questions un petit peu saugrenues de but en blanc pour savoir comment on réagit devant la situation. Alors mon C.V., moi, je peux dire que je peux vous expliquer un petit peu parce que c’est très varié en fait. J’ai une expérience de tous les côtés. J’ai commencé donc dans la région parisienne, j’ai passé mon bac et j’avais une cousine je comptais pas du tout me tourner vers l’éducation, je voulais continuer les études et plutôt arts plastiques, aller faire des choses, styliste, des choses comme ça ; et puis bon il y a eu 68 etc. et la faculté, et donc... ça me semblait un petit peu risqué alors j’avais une cousine qui était professeur, qui m’a un petit peu orientée, qui m’a dit : bon ben dans l’enseignement ils cherchent des instituteurs, des institutrices. Si tu veux, tu peux faire un dossier et demander, donc alors j’ai demandé et je ne savais pas du tout si c’était maternelle, primaire. A l’époque on était suppléant, remplaçant, titulaire, c’était tout, des grades qu’on gravissait ; donc j’ai été suppléante d’abord en maternelle, à Saint Denis justement, dans des quartiers chauds et avec beaucoup d’enfants en difficulté et avec des classes de 40 élèves. Alors de but en blanc, quand on débarque comme ça ... (rire) ça surprend. Sans expérience, en plus. Donc... Après on nous formait. J’ai débuté au mois de septembre sans expérience ; c’était à l’intuition, à l’affectivité. Et ensuite on avait des formations le jeudi parce qu’à l’époque on travaillait le mercredi avec des inspecteurs, des conseillers pédagogiques pour passer un CAP. Le CAP donc c’est 2 ans après le bac en principe. C’est bac + 2, ça correspondait à bac + 2. Bon en maternelle j’ai acquis pas mal d’expériences en un an, j’ai fait plusieurs suppléances. Et à la fin de la 1ère année, j’ai été nommée à Paris. J’habitais donc Paris et il y avait un problème de trajets, je perdais 2 heures chaque jour pour aller en Seine-Saint-Denis, c’était pas évident. Donc j’avais demandé à me rapprocher et là j’ai été de nouveau nommée dans des quartiers un peu chauds du XVIIIème arrondissement, La Chapelle, Barbès-Rochechouart, mais j’avais quand même une certaine expérience et je trouvais que les enfants étaient très, très réceptifs, très affectueux, ils avaient vraiment besoin de l’école pour, pour compenser un peu ce qui leur manquait chez eux. Et je suis restée 2-3 mois dans le XVIIIème arrondissement où j’ai fait des remplacements et après j’ai eu une convocation, donc quand le remplacement s’est arrêté, je suis allée dans le XVIème arrondissement. Autre quartier je sais pas si vous connaissez mais plutôt bourgeois et huppé. Ça c’était le changement total et je m’y suis vraiment déplue. C’était euh, donc j’avais des institutrices pour collègues qui venaient euh j’avais pas l’impression que c’était une vocation, elles venaient pour avoir un peu d’argent de poche, à mi-temps, les maris étaient, avaient une situation mirobolante, elles venaient en grosses voitures bref ça me plaisait pas du tout. Et les enfants, on voyait jamais les parents, en fait c’était les gouvernantes, les précepteurs ; en fait on voyait jamais les parents sauf quand il y avait un petit problème, des tous petits problèmes (rire). Alors bon j’étais contente après, comme je suis restée un mois, et on m’a rappelée dans le XVIIIème arrondissement, puisqu’il y avait une directrice qui était en congé. Là, je suis restée c’était rue B., alors dans un quartier pas triste parce que le soir quand on rentrait on se faisait attaquer. Enfin j’ai eu des cas, je pourrais raconter , c’est toute une mésaventure donc c’étaient des quartiers assez déserts, on avait 5 minutes ou 10 minutes pour prendre un métro ou un bus et le soir c’était vraiment très risqué de s’aventurer. Là je suis restée un an puisque j’ai remplacé la directrice qui était malade et j’avais une classe de moyens, j’aimais bien cette classe bon de 38-40 élèves. Donc les difficultés, c’étaient des cas, des cas sociaux surtout et on voyait bon, à cette époque on parlait moins de la maltraitance, des incestes, etc., mais y en avait peut-être 50% dans la classe. ... Je voyais aussi les frères, les frères et soeurs et y avait des problèmes de, comment, de communication avec les parents qui étaient la plupart étrangers. C’était très très difficile de,(soupir) d’entrer en contact avec eux, de leur expliquer certaines choses. Et ils voyaient pas l’intérêt de l’école maternelle, pour eux c’était une garderie, placer les enfants pendant qu’eux ils allaient travailler. Alors il y avait des enfants sur le trottoir de 7 heures du matin jusqu’à 7 heures du soir. Ils commençaient la garderie du matin et le soir on venait les chercher à 7 heures. C’étaient des enfants qu’étaient complètement déboussolés, qui dormaient debout la plupart du temps et vraiment ... ça me rendait vraiment agressive vis-à-vis des parents parce que certains auraient pu se passer de travailler et puis euh, laisser leurs enfants comme ça sur le trottoir... non ça me plaisait vraiment pas. Et puis bon, l’enseignement on ne pouvait pas tout faire ; moi j’avais l’impression de ne pas pouvoir faire ce que je voulais, il fallait tout leur apprendre : la politesse, la propreté, l’hygiène, comment manger euh... enfin on devait remplacer les parents en fait. Donc là je suis restée (soupir) un an et après j’ai on est en 70 après j’ai été nommée dans un autre quartier, donc à la rentrée suivante, dans un autre quartier du XVIIIème arrondissement, C’était Marcadet-Poissonnière, donc là c’était une école qu’était quand même plus euh, plus riche disons, avec des parents qui avaient des situations différentes. Y avait pas que des cas sociaux, y avait tous les niveaux. J’avais moins d’élèves, j’en avais une trentaine et cette année m’a beaucoup plu parce que j’avais une classe de moyens que j’aimais beaucoup, j’avais des étrangers, des petits espagnols et comme je parlais un peu espagnol euh bon y avait pas de problèmes de communication avec les parents, et là j’ai pas rencontré de gros problèmes. A vrai dire c’était, c’était des enfants de toutes les classes sociales. Donc, euh, c’était pas le XVIème. En fait, le XVIème, comme j’expliquais à l’inspecteur lors de l’entretien ; il m’a demandé : qu’est-ce que vous préfériez le XVIème ou le XVIIIème ? Je lui ai dit que je préférais le XVIIIème. Et bon, là, c’était toujours le XVIIIème arrondissement. Alors là, c’était ma dernière année à Paris. Après je me suis mariée et donc mon mari habitait la Haute Savoie, il travaillait à Genève, donc j’ai pu demander mon exéat et obtenir mon inéat après bon des tas de difficultés parce que c’est pas évident à l’époque, la loi Roustant ... J’étais sur une liste d’attente, j’étais la dernière de la liste, j’étais trop jeune, j’avais pas assez d’expérience, la Haute Savoie refusait d’emblée ceux qui venaient d’ailleurs. Par contre à Paris, pour l’exéat ça a été tout simple. On se retrouvait sans travail. Donc, j’ai quitté, je me suis mise en congé de convenance personnelle, parce que je faisais le trajet Paris-Genève sans arrêt donc, à la longue ça allait plus. Alors je me suis mise en congé de convenance personnelle, j’habitais l’Ain et, miracle ! un jour l’inspection académique d’Annecy a vu mon nom sur une liste y avait une épidémie de grippe ; euh, y a eu plus personne pour remplacer, ils m’ont appelée, j’étais là : si vous pouvez venir faire un remplacement. Alors j’avais 30 km, bon j’ai accepté parce qu’à l’époque on pouvait pas refuser et là je faisais le trajet en stop, j’avais pas de voiture, on n’avait qu’un véhicule, en stop, en car, en ... avec des parents, on s’arrangeait. Donc j’ai fait des remplacements en Haute Savoie. Bon, je vous passe les détails, en primaire, en maternelle, etc. pendant 6 mois à peu près et à la fin j’ai quand même eu un poste fixe. J’ai commencé donc en juin après StJ. A F. exactement. Là, donc, changement de style, école rurale, avec CP-grande section j’avais jamais fait de CP, là je me suis débrouillée, le conseiller pédagogique venait de temps en temps pour voir comment ça allait. Et à la rentrée j’ai eu le poste, en principe pour toute l’année. On m’a dit à l’inspection académique : vous avez avez le poste à F. pour toute l’année. Donc j’étais très contente parce que c’était une classe qui me convenait parfaitement, maternelle-primaire. Je trouvais que les grandes sections et les CP ça collait bien ensemble. J’avais des collègues très très sympathiques, un couple d’instituteurs de la vieille école qui vraiment m’ont beaucoup aidée parce que c’était quand même une région ... bon ben moi j’étais pas habituée à la campagne, alors c’était un petit peu difficile au départ, c’étaient des enfants d’agriculteurs, d’agriculteurs oui. Donc j’ai vraiment apprécié cette école mais malheureusement (rire) au bout de ... au mois d’avril, je reçois un avis de l’inspection académique me disant : nous sommes désolés, nous avons un instituteur qui rentre d’Algérie, titulaire, vous êtes obligée de partir. Alors surprise des parents, ils étaient assez mécontents puisque bon, ça collait bien, j’avais de bons rapports. Bon ils ont fait une pétition : nous souhaitons que Mme G. reste à l’école, etc. Ça n’a pas marché, je suis partie (rire). J’ai repris ma valise, donc j’ai refait des remplacements un peu partout, dans les petites communes rurales surtout, D. J’aimais bien, je trouvais que les gens étaient très très accueillants. Vraiment ils m’ont accueillie avec des classes... en plus j’avais des classes qui, c’étaient des classes qui partaient de 5 ans jusqu’à 12 ans, jusqu’au certificat d’études, des classes uniques et... j’ai trouvé que c’était très difficile au départ parce que bon, il fallait vraiment une organisation même si les enfants étaient peu nombreux. Mais bon j’étais pas habituée au programme de CM, au programme de CE, il fallait vraiment jongler et là euh... j’ai trouvé que ... les conseillers pédagogiques m’ont bien aidée... les collègues je les voyais pas puisque j’étais classe unique et euh, les parents aussi, j’avais vraiment des parents qui m’ont accueillie... Bon ben ils ont vu que j’étais jeune à l’époque mais ils ont vu que j’en voulais, hein, j’avais quand même envie de bien maîtriser la classe. Alors ils m’aidaient, enfin ils m’invitaient à manger le soir, le midi. Il y avait pas un jour ... les enfants me faisaient les courses, enfin c’était une ambiance formidable. En plus je trouvais que les enfants étaient vraiment respectueux, polis, ils me passaient 3 fois par jour devant, 4 fois ils me disaient : bonjour madame, excusez-moi madame... J’étais tout étonnée moi qui venais de zone très défavorisée où il fallait apprendre la politesse et ces mois de remplacement en zone rurale ça m’a vraiment apporté beaucoup sur le plan affectif ... et puis le contact avec les gens. Donc ça, c’est des points positifs. Et puis l’expérience d’organisation d’une classe, parce que là j’étais pas habituée au point de vue organisation. Bon je nageais un petit peu au début et puis après j’ai appris un peu à structurer, à faire travailler les plus grands, à les faire prendre en tutorat les plus petits, enfin bon, y avait une entraide entre les enfants qui était vraiment super, je trouve à l’époque. Donc là je suis restée quelques mois et ensuite, surprise ; donc j’attendais un poste à l’année. On me dit donc : vous êtes nommée à B.S. avec les cas sociaux de la S.N.C.F. D’accord, bon. Les cas sociaux, je connaissais mais je ne m’imaginais pas ce que ce pouvait être à B.S. Et là, c’est vrai que, j’ai au départ, j’avais une classe de CP ... j’avais au départ 10 élèves, en milieu d’année 22 élèves et en fin d’année 28 élèves. Ça tournait, des gens arrivaient, c’étaient vraiment des cas sociaux, des familles éclatées, à l’époque des parents, bon des pères ivrognes, des mères prostituées, etc. En plus c’était vraiment très difficile pour apprendre quelque chose aux enfants, pour le suivi surtout. Alors je suis restée toute l’année. J’avais aussi un très bon contact avec les collègues qui m’aidaient, bon qui voyaient que je, que j’étais pas très à l’aise et vraiment je peux dire que les collègues m’ont souvent remonté le moral . Et c’était pas fini (rire). C’était pas fini, le rose qu’on voit partout dans les écoles idylliques, les écoles pilotes, c’était pas pour moi puisque à la rentrée de septembre, j’étais nommée en IMP à N.A. Donc sans expérience d’éducatrice spécialisée, d’éducateur spécialisé, j’avais pas mon, le CAEI à l’époque. Bon j’ai dit : qu’est -ce que je fais ? Je savais pas trop ce que j’allais faire. En fait j’ai accepté puique bon, j’avais pas d’autre poste, pas d’autres possibilités. Et je suis arrivée à N.A., donc le 1ier soir je voulais démissionner. Vraiment le contact le 1ier jour oh, quand j’ai vu ces enfants mongoliens, autistes, tous les problèmes j’avais une classe de 8 élèves mais je , je me voyais vraiment pas faire toute l’année dans cette, dans cette classe. Et puis bon, on a toujours, je sais pas on a des ressources cachées certainement , je suis restée un an, même j’ai prolongé (rire) prolongé puisque j’ai fait pendant les vacances scolaires. Et c’était ... y avait quelque chose qui m’attirait certainement puis avec le recul je m’aperçois que les enfants demandaient tellement, étaient... on était tout pour eux et puis même 10 ans après je rencontre un petit mongolien dans la rue qui était dans ma classe, qui me reconnaissait, je me disais : bon, finalement il m’a pas oubliée, je lui ai apporté quelque chose, certainement. Enfin y a eu des passages très très difficiles et surtout au point de vue collègues parce que, je me souviens j’ai 3 collègues qui ont eu des problèmes de santé, qui ont eu des dépressions nerveuses, qui ont vraiment craqué, et je me disais : ce sera moi la prochaine sur la liste. Donc c’était très dur, il fallait physiquement et moralement être, vraiment tenir le coup. Et bon, je regrette pas parce que, cette expérience parce que, par la suite ça m’a servi. Ça m’a servi, donc j’ai quitté N.A. au mois de juillet puisque j’étais restée pendant les vacances, pendant le 1ier mois des vacances et on m’a demandé si je voulais passer mon diplôme d’éducatrice spécialisée puisque j’étais restée toute l’année, j’avais tenu le coup, j’ai dit non, s’il y a un autre poste qui se présente, (rire) j’aime autant aller voir ailleurs bien que, en fait j’ai eu une chance on m’a donné un poste en maternelle à A. Là j’avais une section de moyens, je retrouvais une section de moyens que je connaissais bien, dans une école ... normale. Bon, y avait tous les cas qu’on voulait mais pas trop de cas sociaux, toutes les classes sociales et, bon j’ai bien aimé, c’était des collègues sympathiques. Ça me rappelait un peu Paris, les classes que j’avais fait à Paris en maternelle et voilà donc, là c’était jusqu’en 76. En en 76, donc, non 75 pardon, je devais ou prolonger ou rester à A. ou bien demander un autre poste au mouvement et j’avais envie de retourner à F., donc le village où j’avais été si bien accueillie et où les parents avaient fait une pétition, y avait un poste qui avait été libéré, voilà, grande section-CP. Et c’est celui que j’avais eu, j’aimais bien les gens, j’y avais eu des amis donc j’ai dis : ben pourquoi pas, on fera construire là-bas, en même temps on voulait faire construire, on fera construire là-bas je vais demander le poste. Et entre temps, donc c’est euh, c’est une suite de coïncidences si vous voulez, entre temps j’avais euh, j’avais une petite fille dans la classe des moyens d’A. , euh ses parents étaient originaires, enfin sa maman était originaire de M. Elle a perdu sa soeur et un jour elle est venue me voir en me disant : on quitte A. et Véronique vous aimait tellement, est-ce que vous pouvez venir nous voir un jour à M. pour garder le contact, parce que elle réclame sans arrêt sa maîtresse, etc. Bon, j’ai dit : pourquoi pas ? C’est pas trop loin, je vais le faire. Et je suis venue dans l’année à M. là et elle m’a dit : Ecoutez, y a un poste qui se libère, y a une dame qui va prendre sa retraite, y a donc une classe maternelle-CP ... c’est toujours un peu mélangé d’ailleurs, et est-ce que ça vous intéresserait ? Bon, j’avais demandé F. ; M. j’ai dit : si j’ai pas le poste de F., bon je peux demander M. Alors j’ai demandé, c’était un peu risqué parce que j’avais pas tellement d’ancienneté, j’ai demandé seulement ces 2 postes, y en avait qui avaient demandé 10-20 postes, moi j’ai demandé ces 2 postes et puis, ben j’ai obtenu M.(rire) et j’y suis toujours. Bon entre temps ça a changé parce que, la classe a changé donc c’était pas mal puisque j’avais grande section-CP, je m’imaginais que ça allait être facile. Au début c’était un petit peu facile. Bon j’ai eu quelques cas difficiles d’enfants perturbés aussi, et donc y avait CP-grande section et moyens. Y avait quand même des moyens, donc ça coinçait un petit peu par rapport aux CP, pour faire travailler le CP les petits de maternelle je n’avais pas d’ASEM, j’étais toute seule c’était un petit peu difficile sur le plan matériel et puis organisation aussi et, bon, j’attendais un petit peu que ça se passe... Y avait pas encore trop de monde, y avait 25 élèves, enfin je trouvais que les CP étaient un peu défavorisés parce que les maternelles faisaient du bruit derrière. Et bon c’est resté quelques années comme ça. Chaque fois je demandais à l’inspecteur : est-ce que il n’y aurait pas possibilité d’avoir une classe maternelle ? de séparer les CP etc ; bon y avait pas assez d’enfants, ça allait pas, enfin y avait pas de création. Et puis donc, c’était en 78, non... en 81-82, on a eu une inspectrice intérimaire, l’inspecteur était par... en fait je dépendais de 2 inspections, l’inspection de maternelle et l’inspection primaire et euh... Alors j’ai, c’était difficile, je disais, enfin je disais à l’inspecteur primaire : j’ai des problèmes parce que j’ai des CP avec les maternelles, je disais la même chose à l’inspecteur de maternelle. Bon, et puis y eu cette inspectrice qui m’a dit un jour : vu les effectifs qu’il y a , d’autre part y avait des enfants de 4 ans qui arrivaient, des enfants de 3 ans qui étaient sur des listes d’attente, enfin un peu fictifs puisqu’on les inscrivait pas, on faisait des listes statistiques pour la rentrée, je voudrais demander à la commune qu’ils créent une classe. Alors allez à une réunion du conseil, puis la directrice de l’époque bon, ne voulait pas s’en occuper, c’était une dame qui allait prendre sa retraite, alors elle m’a déléguée, elle m’a dit : bon c’est à vous d’y aller, c’est pour vous la classe maternelle, débrouillez-vous, allez voir au conseil municipal, à la réunion du conseil. Le conseil municipal m’a reçue bizarrement, je veux dire c’est pas la coutume de voir une institutrice débarquer pour demander une création. Surtout, j’arrivais d’A. et puis je connaissais pas trop, trop M.. Euh... donc ils m’ont dit : oh, pour le moment il n’en est pas question. Bon je suis repartie, j’ai été dire à l’inspectrice que la commune était pas prête à créer une maternelle. Et puis entre temps, y a dû avoir des pourparlers et des conseillers municipaux qui avaient des enfants en bas âge qui se sont aperçus que ce serait peut-être pas mal. Alors bon, y a eu, peut-être je sais pas peut -être une pression, finalement à la rentrée on décidait de créer une classe maternelle, de séparer le CP et donc de me donner une ASEM à mi-temps. Alors bon ça s’est pas trop mal passé sauf que les parents qui étaient contre, ont tout de suite mis leurs enfants, on s’est aperçu que (rire) c’était pas logique. Et donc parmi les parents qui étaient vraiment contre la maternelle, qui demandaient à quoi ça servait, vraiment la motivation, une garderie, euh... les enfants jouent toute la journée, ils dorment, alors, c’était vraiment cet esprit hein. Et j’étais surprise de voir qu’il y avait autant de demandes (rire). Et avec des enfants de 3 ans et demi, là, la 1ière année j’avais les 4 ans, la seconde année j’ai eu les 3 ans et demi et là j’ai eu une ASEM à plein temps. C’était une dame qui, qui allait prendre sa retraite, une dame âgée d’ailleurs que les enfants appelaient mamie, mémé et elle partait à la fin de l’année. Alors on a postulé pour demander une ASEM et y eu plusieurs demandes et c’est Mme R. qui a été acceptée. Et puis voilà, en 83-84 c’est une classe maternelle qui fonctionne à peu près normalement sauf que j’ai dû baisser les bras, euh...à un moment y a eu trop de petits donc j’avais une partie des grands et j’ai demandé l’autorisation à l’inspection de passer des grands de grande section avec le CP. Et bon, y a eu une collègue qui a pris sa retraite, au départ elle était contre cette idée, elle voulait pas en prendre donc elle est restée avec 12 CP, moi (rire) j’avais tout le reste. C’était pas évident et après j’ai eu un collègue qui était coopérant et qui a accepté de prendre des grandes sections, donc on a partagé les grandes sections. Et y a eu une montée des petits de plus en plus, des immeubles des choses comme ça, donc j’ai été obligée de lui laisser toutes les grandes sections. Il me reste plus que les petits et les moyens. Ce qui me libérait d’ailleurs, c’était vraiment, c’était vraiment pur moi une libération parce que j’avais pas à m’occuper du travail des grands hein, avec le bruit que faisaient les petits par derrière, enfin ça allait quand même nettement mieux. Mais depuis cette année, du coup je vais reprendre des grands parce que il y a trop de grands dans le primaire disons que mon collègue de CP s’il prend tous les grands ... donc c’est un petit peu difficile. Alors je vais garder 3 grands cette année, plus les moyens, plus les petits. Ca va être un petit peu difficile de reprendre mais j’ai 3 grands qui sont, disons que le problème c’est le choix : on se dit lesquels on va garder, ceux qui sont mûrs, ceux qui se débrouillent bien ou bien ceux qui sont pas mûrs et qui ... Alors j’ai mélangé et j’ai gardé 2 enfants qui étaient de la fin de l’année et qui étaient euh, qui se débrouillaient mais qui étaient quand même immatures. C’est difficile d’expliquer aux parents. Alors y a des parents qui voulaient que je les garde en classe maternelle parce qu’ils trouvaient qu’à la grande école c’était trop tôt pour eux et vice-versa ils voulaient les mettre à la grande école parce qu’on les poussait plus. Bon le choix (rire) était pas évident, pas évident du tout. Enfin, bon, là cette année j’en ai 3, c’est pas trop mais l’année prochaine ... Alors là, c’est, oui en gros, j’ai dû oublier des étapes mais c’est les difficultés, les points positifs, les points négatifs.

  • Et au niveau des enfants, à Paris c’était le XVIIIème et ici est-ce qu’il y a des enfants avec qui vous vous sentez mieux... Ben je sais pas... Avec qui vous avez le plus d’atomes crochus ?

  • Les enfants qui ont des problèmes, oui. En fait l’expérience que j’ai eue à N.A. m’a servie parce que j’ai oublié oui ... Y a tellement eu de choses qui se sont passées. Euh, j’ai accepté, donc j’avais le CP, grande section et moyens et un jour y a une dame de SC. qui se promenait avec un enfant, c’était un jour de classe et je trouvais que c’était étonnant qu’elle se promène avec l’enfant qui avait 6-7 ans qui n’était pas à l’école. Et elle m’a dit : on l’accepte pas, il a des problèmes. Alors je sais pas ce qui m’a pris, l’intuition, je suis assez impulsive, j’ai dit : ben moi je veux bien le prendre à l’essai. Après tout, s’il est refusé partout, pourquoi ? S’il est pas comme les autres pourquoi on le refuse. Moi j’ai pas envie de le refuser, je veux voir, c’est vrai je veux faire une expérience après tout... je vais le prendre on verra ce qu’il se passera. S’il perturbe la classe à ce moment-là on arrêtera. Puis je l’ai gardé (rire) . Bon maintenant il est à N.A., il a 20 ans. Mais euh, c’était difficile par rapport aux autres mais j’avais des parents qui vraiment m’ont soutenue, j’avais aussi des parents qui étaient contre parce qu’ils trouvaient que ça perturbait un peu la classe mais j’ai vraiment eu des parents qui m’ont soutenue, qui m’ont aidée et je trouve que l’enfant, s’il s’était retrouvé à cette époque à N.A., dans un ghetto où il n’y avait que des enfants autistes, mongoliens comme j’avais, qui avaient tous les problèmes, il aurait pas tellement progressé. Là, les progrès qu’il a faits c’est au point de vue autonomie et puis c’est un enfant qui avait vraiment un éveil musical très poussé qui adorait la musique, la motricité alors. Bon tout ce qui était travail scolaire, bien sûr il le faisait pas, il écoutait ce que faisaient les CP mais en plus il ne parlait pas. Il avait un problème de langage, il l’a toujours, il communiquait par gestes, il nous tirait, il nous poussait, il arrivait à prononcer un peu mon nom et je l’ai gardé 2 ans mais après le psychologue venait. On avait, bon j’avais l’impression que j’étais pas euh, concernée, enfin plus concernée parce que ils l’ont pris en charge, ils ont fait des dossiers de leur côté et ils ont dit : ben non, il faut, ... il est trop grand pour rester avec vous, il faut qu’il aille à N.A. Donc, ça m’a échappé complètement. A la fin, je n’étais plus maître de cet enfant, maîtresse de cet enfant et il est allé à N.A., dans une classe (comme celle) que j’avais eue. Je l’ai quand même gardé 2 ans et je trouvais que le côté positif c’était que les autres l’aidaient, l’aidaient. Bon y avait une entraide, bon y en avait qui le rejetaient mais au départ bon les enfants sont pas racistes, on dit ils sont racistes mais ... je crois pas et ils l’aidaient, ils voyaient qu’il avait des difficultés et dès qu’il faisait une bêtise : Nic. a fait cette bêtise mais c’était pas méchamment, c’était plutôt pour lui venir en aide. Et ça c’était très positif. Et y a , donc j’ai repris un autre enfant à problèmes, il y a 2, 2-3 ans. C’est un petit garçon anorexique, c’est pareil, il avait été refusé dans diverses écoles, finalement ils ne savaient pas trop quoi en faire. Et alors là, pour moi c’était vraiment motivant et surtout le résultat au bout de 3 années parce que c’était un enfant on ne savait vraiment pas au point de vue santé il était très très faible, on savait pas ce que ça allait donner par la suite, c’était très négatif les avis des médecins et bon je l’ai pris. C’était un enfant qui était craintif, qui me quittait pas d’une semelle qui était toujours accroché à nous et, bon, il y a 2 ans, 2ans après il était devenu autonome, ... même taquin, hein il taquinait les autres, il avait repris un petit peu au point de vue santé du poids. Je veux dire c’est le genre de, pour moi c’est beaucoup plus motivant qu’un enfant supergénie. Bon j’aime bien les enfants qui travaillent ... j’ai une petite qui a presque 2 ans d’avance, je lui confiais du travail de presque de CP-CE, c’est sûr que c’est intéressant. Mais à la limite je me disais : elle a pas besoin de moi, elle peut se débrouiller toute seule. (rire) Donc quand il y a un cas un petit peu comme ça bon je dis pas que tous les jours c’était drôle parce que c’était très pessimiste au départ on se disait : mais qu’est-ce que ça va donner euh, euh, est-ce qu’il arrivera au bout de l’année ? Et puis il ne venait qu’à temps partiel hein, il se fatiguait énormément, je lui faisais un progamme spécial hein un enseignement vraiment individualisé et puis, bon y avait le contact avec les autres qui était bien aussi puisque, bon même ceux qui étaient plus petits que lui le prenaient un peu sous leur protection à la récréation. Ça je trouvais ...bon j’ai toujours apprécié ce genre de choses parce que on dit que les enfants sont cruels mais là apparemment non. Voilà, c’est mon contact enfant qui me marque le plus, quand un enfant a besoin de soutien, c’est surtout ça je crois. Mais bon on est peut-être pas assez formé pour ce genre de choses.

  • Quelles sont les personnes qui vous ont aidée, ou les livres ou ... ?

  • Les livres, non, pas les livres. Les livres c’est pas des recettes. En plus c’est trop théorique. Au point de vue pratique on se retrouve avec un enfant comme ça, je crois que ça marche à l’intuition. Puis, bon les psychologues m’ont aidée un petit peu, donc euh je sais pas. Non là c’est un peu le point d’interrogation, oui, ils m’ont donné des pistes, si. Non je suis un petit peu injuste quand je dis ça mais je crois que c’était surtout au jour le jour, à l’intuition, les besoins immédiats et le travail scolaire c’était vraiment secondaire. C’était surtout le contact avec moi, avec les autres, la relation. Puis après bon, quand il a été, est devenu à l’aise, qu’il s’est mis, disons, je parle du dernier, on aurait pu faire un petit travail scolaire. Mais je crois que c’était pas ça au départ qui comptait...

  • Pour les remplacements, une conseillère pédagogique nous disait de partir avec notre petite valise avec des comptines, des récitations, du petit matériel pour l’écoute enfin des petits livres de contes, bon c’était des petits trucs qui fonctionnaient à chaque fois. Bon on arrivait pas sans rien. Donc certaines conseillères pédagogiques je crois... Et puis je crois, les inspecteurs aussi. Dans la circonscription, quand je demandais conseil, même quand il y avait des problèmes, soit avec des parents, soit surtout avec les parents, on a eu une très bonne écoute. Je pense qu’on a des inspecteurs maintenant qui sont plus bon c’est pas, disons au point de vue hiérarchique le “ chef ” mais plutôt des conseillers. Ça tend à devenir ça, des conseillers. Eux ils nous expliquent : ce sera une équipe pédagogique qui sera inspectée et pas un instit tout seul. Donc moi je trouvais qu’on avait une bonne écoute en Haute Savoie. C’est là que j’ai fait... moi j’hésitais pas avant quand j’avais un problème, quand j’ai un problème, j’hésite pas à appeler à l’inspection, hein. On a des très bonnes relations avec la secrétaire, Monique, Monique qui vous connaissez moi, depuis 2 ans, je fais la direction, y a plein de petits trucs qui m’échappent, hein, même avec 3 semaines de stage, on connaît pas tout et on a une très bonne écoute, on est bien aidé. Bon, et puis dans la classe, je crois que c’est l’expérience, on a beau dire. C’est comme dans n’importe quel travail... Si on me donnait maintenant une classe peut-être de primaire, je crois que j’arriverai à m’en sortir aussi. Parce que j’aurai des petits trucs qui restent. Je crois que j’ai fait tous les niveaux de toutes façons, j’ai fait depuis la maternelle jusqu’au CM2 donc maintenant, Y aurait que les programmes. Si, j’aurais peut -être du mal à m’habituer aux programmes et puis à l’informatique parce qu’on n’est pas trop formé de ce côté.

  • En fait c’était plus votre tempérament  qui a joué là-dedans?

  • Je crois que j’aime bien les difficultés (rire) Et on m’a souvent dit que je suis perfectionniste, donc c’est peut-être contradictoire, mais j’aime les difficultés. J’aime pas les choses toutes simples. Bon quelques fois je me dis : mais où je m’embarque ? C’est pas possible ! Comme quand j’étais à N.A., quand j’acceptais un enfant qui était donc handicapé mental et, sur le moment je réfléchissais pas, je me disais : on verra (rire) . C’est un peu mon tempérament. Je me suis calmée entre temps parce que quelques fois ... ça crée des problèmes. Mais enfin, bon, j’ai toujours fait, j’ai toujours été très, très intuitive de ce côté-là. ...

  • C’est bien...

  • Enfin je sais pas, on verra par la suite (rire). Quand j’ai passé le CAP, j’ai eu un sentiment d’injustice. Euh, bon, je le dis maintenant parce que ça m’est revenu une fois parce que je voyais que des collègues parlaient pas directement et moi, je me, je... Le poste que j’ai fait quand j’ai passé mon CAP, j’ai vraiment eu un sentiment d’injustice. Personne ne m’a aidée, ne m’a dit ce que c’était un CAP, bon, à part les réunions où j’allais et la directrice de l’époque a vraiment privilégié une collègue qui a eu le CAP haut la main. Moi je l’ai eu, bon, pas haut la main mais je l’ai eu quand même et j’ai trouvé que j’avais été très peu... Bon peut-être que la directrice où j’étais pouvait pas faire tout mais elle avait quand même des petites préférences et c’est vrai que la collègue elle a eu son CAP, elle avait tout du point de vue matériel, elle avait tout ce qu’il fallait. Moi je me suis retrouvée, bon j’ai demandé du matériel j’en avais très peu. J’en quand même eu des conseillères pédagogiques,bon c’étaient les CAP théoriques et puis pratiques qui m’ont quand même soutenue un petit peu parce que l’inspectrice à l’époque, par, par rapport à l’autre : on voit que c’est moins riche, moins ... Là j’ai trouvé injuste, j’ai vraiment eu un sentiment d’injustice, j’ai été ... pendant un certain temps. Après j’ai quitté la région parisienne... Et c’est possible que des collègues aient ressenti ça aussi. Bon, maintenant c’est différent puisqu’il y a l’IUFM mais quand on passe un examen, moi je trouve que, bon, on a besoin de ..., de conseils, de choses comme ça. Des conseils, j’en ai pas eu.

  • Mais vous recevez quelques fois des jeunes de...

  • Oui, oui bien sûr. Des anciennes élèves à moi puisque mes anciennes élèves, puisque ça fait 20 ans que je suis ici, tous les ans j’en ai eu qui sont à l’IUFM. Y en a à B. maintenant, y en a C. qui habitaient M. et maintenant pour rentrer à B. il faut une mention au concours. C’est la sélection tout de suite Alors à M. on est obligé de demander B-e-.B. ou ... Oui, oui, j’en ai. C’est amusant parce que c’est des élèves que j’ai eues.

  • Et comment, enfin comment vous voyez leur formation, par rapport à ?

  • Alors d’après ce qu’elles me disent c’est plutôt par rapport à ce qu’elles me disent quand elles viennent dans la classe. Bon celles qui viennent en maternelle, elles veulent rester après en maternelle, dont une élève : son père est maire de B., et elle est venue en maternelle, elle est allée en primaire, elle a dit : non non je choisis maternelle. J’en ai une autre et, mais je lui dis : il faut être objectif, c’est pas parce que la classe, bon ça marche bien, y a des élèves sympas, c’est pas toujours comme ça. Je les mets quand même en garde parce que, elles veulent le choix de maternelle et... donc oui ce que je disais au point de vue formation, elles me disent qu’elles en ont assez, qu’elles voudraient pratiquer, qu’elles en ont assez des études, de la théorie, qu’elles voudraient pratiquer. Euh, 5 ans c’est trop. Voilà, c’est ce que j’entends.

  • Et vous trouvez que leur formation quand vous les voyez en stage, c’est adapté ... Bon vous, vous aviez rien mais ça pourrait être éventuellement mieux adapté ?

  • Oui, je pense. Au point de vue psychologie de l’enfant, c’est sûr que si j’avais eu une formation au départ ça m’aurait fait avancer un petit peu plus vite, hein. Peut-être. Enfin, c’est pas encore certain. Euh, la formation qu’elles ont... Bon c’est les petits trucs concrets qui leur manquent hein, toutes elles nous disent la même chose : on voudrait des choses pratiques, des, on voudrait exercer. Bon, elles ont envie alors je leur laisse la classe, bon les PE2, les PE1-PE2. Donc je les laisse fonctionner, je leur dis : de toutes façons vous faites comme vous voulez, vous faites ... donc elles ont une démarche à faire, euh dans une discipline, vous faites ça, moi je suis pas là pour vous juger, euh j’ai pas ... Mon intention c’est pas de juger de toutes façons, ni de faire de critiques puisque je suis là en tant qu’observatrice, ou leur donner des petits conseils quelques fois mais elles ont envie hein... Elles ont envie d’avoir des enfants, y a un très bon contact avec les enfants. J’en vois une donc, elle était sans arrêt en train de leur raconter des histoires, les enfants étaient accrochés à elle ... Je me demande à la limite si les 2 ans avec une formation un petit peu plus vaste, si les 2 ans après le bac ça serait pas suffisant. Mais tout en ayant, en pratiquant dans des classes, pas seulement de la théorie. Je crois que c’est. ... Bon, on a fait une bétise, on a le titre de professeur d’école mais après tout est-ce que c’est le titre qui va faire qu’on sera un bon instituteur hein ? Elles se posent des questions hein franchement, celles que j’ai eues... Certains professeurs leur apportent quelque chose mais, bon certains oui certainement. Elles ont des idées pratiques. Bon ce qui m’a manqué moi c’est un petit peu, par exemple le côté informatique, elles, elles ont quand même eu une formation dans tous les domaines, dans ... elles sont polyvalentes, c’est vrai. Nous quand il fallait être polyvalent, on savait pas le solfège, on savait pas, bon c’était difficile. Bon maintenant on peut recruter des gens extérieurs, des animateurs etc. Mais euh, bon, je crois que leur gros souci, c’est d’être tout de suite dans la classe pratique. Bon peut-être parce que c’est maternelle, je sais pas. Moi je fais l’expérience parce que je suis en maternelle, instituteur en maternelle mais en primaire je crois que c’est pareil, elles ont envie d’être dans la classe. Elles, parce que j’ai eu que des filles. Peut-être qu’avec les garçons c’est différent.

  • Hier j’ai vu une de vos collègues en primaire qui me disait que le problème pour les primaires surtout, y a des leçons, y a des méthodologies et que la difficulté c’est qu’ils étaient pris par leurs fiches, par leur démarche et qu’ils oubliaient de regarder les enfants.

  • Alors oui, la maternelle c’est différent. Nous c’est plutôt le contact hein. Je crois que les inspecteurs, dans les rapports différents que j’ai lus, ils regardent le bon ou le mauvais contact. C’est quand même les bases. Bon moi, j’ai un programme aussi mais je suis pas dans mes fiches à regarder s’ils ont appris de 0 à 7, si à la fin de la l’année ils savent, si les moyens par exemple savent compter de 0 à 7 parce qu’il faut que mon collègue leur apprenne à partir de 7 jusqu’à 15. Non, et puis bon on fait de l’enseignement individualisé. Moi j’ai des enfants qui, exemple qui comptent jusqu’à 100, qui savent faire des collections jusqu’à 100, pas seulement énumérer les nombres hein, et puis y en d’autres qui arrivent à peine à 4. Mais je suis pas, bon, c’est vrai que les collègues de primaire ... En plus j’ai fait le choix de maternelle. Bon j’aurai pu choisir primaire hein, puisque j’avais fait CP. Quand le choix s’est posé de savoir si je reprenais la classe de CP, de CE ou de CM puisque j’étais la plus ancienne, j’ai dis non, stop, point. Je veux pas être bloquée par un programme, c’est pas mon tempérament, je veux pas ... j’aimais bien le contact avec les grands, j’ai eu des classes de grands en remplacement que j’avais fait à V. J’avais une classe de garçons, CM1-CM2, j’avais vraiment, j’aimais ce contact. Et après je me suis dit : non, être bloquée par un programme, avoir l’angoisse de se dire celui-là sait pas lire, les parents qui nous tombent dessus, pourquoi il sait pas lire ? Vous connaissez le topo, c’est de notre faute (rire). Alors j’ai dit la maternelle ça nous laisse une certaine liberté. Mais je crois que, quand j’ai des stagiaires qui viennent, elles comparent et... bon j’ai fait du mi-temps, pendant 3 ans. Bien, ça m’a permis de comment, d’apprendre d’autres choses, j’ai fait de la sculpture, j’ai pris des cours de langue. Bon j’ai réinvesti après dans la classe ce que j’avais appris puisqu’à l’époque ... j’ai fait de la sculpture, tout ce qui est un peu arts plastiques... Mais y a de la liberté quand même de choisir puis de... Je crois que ce qu’on aime en maternelle, on le retransmet mieux, en primaire on est un peu obligé. Même si on aime un peu plus les mathématiques que le français, on est quand même obligé, on doit arriver au bout du programme à la fin de l’année, c’est rigide. Moi, la rigidité ça me plaît pas.

  • Oui mais en même temps, il est un fait que, même en primaire, on transmet ce qu’on aime. Même si on fait le reste, on le fait mais c’est pas sûr que...

  • Moi je le ressens comme ça. On transmet ce qu’on aime, c’est plutôt dans le domaine arts plastiques, musique, etc. En primaire, bon c’est vrai qu’il y en a qui, c’est vrai ...(inaudible) Moi je sais pas mes collègues de, c’est très varié, parce que j’ai des collègues institutrices, collègues profs d’école, c’est pas du tout les mêmes rapports. Ce qu’elles ont appris c’est un petit peu différent. Mais je trouve que maintenant on marche par équipes et on se sent moins isolé par rapport à avant. Moi je me sentais quand même un peu seule.

  • Vous parlez d’ici ou...

  • N’importe où , ou ailleurs. Même y a 20 ans ici, hein, y a 20 ans ici hein. 5-6 ans, depuis 5-6 ans j’ai l’impression que, encore que bon, ça dépend aussi du contact humain avec le chef d’établissement. Et moi, j’ai jamais, je me suis dit un jour : si je prends la direction, j’essayerai le plus possible d’être près de mes collègues. Bon, c’(ce n’) est plus le rapport hiérarchique directrice ou directeur mais d’être près d’eux, d’aller demander si ça va, de , même si je connais pas la classe d’avoir un petit contact, quelque chose comme ça. L’isolement ça m’a quand même marquée. Puis dans les grands groupes... enfin j’accepterai pas d’y aller dans les grands groupes (rire). Si fallait faire ça, je crois que ... Je me souviens à A. c’est l’usine hein. Je suis restée à A., un an, j’ai retrouvé des collègues qui sont à des réunions pédagogiques par thèmes, et euh, c’est vraiment l’usine. Y a beaucoup de cas sociaux aussi, bon je dis pas qu’à M. y en ai pas mais c’est quand même plus rare. On peut discuter, on peut... Si un parent veut me voir après l’école, c’est plus facile hein. Je crois que depuis quelques années que je suis ici , les parents participent, bon il y a un danger, c’est qu’après ils veulent trop participer (rire), on les fait trop rentrer dans l’école et puis après on se dit : ah ben non, stop. Mais ils veulent participer, bon c’est toujours les mêmes mais on en a quand même quelques uns et ceux-là sont fidèles et puis ils nous aident quand même beaucoup. Et j’apprécie. Pour moi, y a beaucoup de parents en 20ans , je peux dire, qui sont devenus des amis. Bon c’est un métier que je regrette pas d’avoir fait même si au départ comme on dit j’avais pas la vocation. Parce que c’était pas mon idée d’être dans l’enseignement mais je crois que ça apporte, c’est varié et je trouve que les enfants ça apporte quelque chose. Vous voyez des collègues qui n’ont pas d’enfant. Y a aussi le fait de pas avoir soi-même des enfants. Je pense que ça peut être aussi un handicap parce que je me souviens quand j’avais pas d’enfant, j’étais moins objective par rapport, bon au comportement des enfants, j’acceptais moins certaines choses. Après quand on a des enfants, on se dit : Ah ben c’est pas du tout pareil, à l’école et à la maison et c’est pas si simple. Pour moi c’est un métier qui est quand même passionnant bien que, bon... Ce qu’il faudrait, l’idéal ce que je réclame si on a un ministre qui change c’est des classes qui dépassent pas 20 élèves. Parce que là, je vois cette année je fais des petits groupes, j’ai 24-25 élèves, je fais des petits groupes, bon de soutien, pour aider certains qui ont des problèmes, c’est bien mais l’année prochaine si j’ai 28 élèves avec des sections de grands, de moyens et de petits, je pourrai pas les suivre comme je fais ... Mais bon, ça c’est . Bon les parents me disent : au-dessus de 25, c’est la garderie. Oui, ou bien on y passe son énergie, on y passe des heures et le soir on est vidé, on se dit qu’on n’a pas fait la moitié de ce qu’on voulait faire. Alors bon l’idéal, ça je le réclame à n’importe qui, qu’il soit du gouvernement, n’importe où, c’est des classes qui ne dépassent pas 20 élèves parce que, comme en Suisse. Les Suisses ils ont une certaine chance, ils se rendent pas toujours compte. Y a des 30-32 élèves et en terminale ma fille, ils sont 37 au lycée, pour passer le bac. Des classes quand même de 37...