Nadine

Premier entretien

Je vais essayer de partir un petit peu chronologiquement, en partant déjà de l’école normale. Moi j’ai pas de souvenirs excellents de l’EN, déjà au niveau du groupe, moi je ne m’étais pas fait une place dans le groupe des enseignants, enfin des élèves enseignants. Et puis bon, c’était très scolaire, donc il suffisait d’écouter, de ... Mais j’étais toujours très insatisfaite sur ce qu’on nous apportait en tout cas. Ben on discutait, je sais pas, par exemple en histoire-géo, on a un petit peu survolé, à la limite peut-être j’ai vraiment que des vagues souvenirs les programmes, mais à chaque fois, moi je sortais de la classe en me disant : “ mais comment, concrètement on va faire avec les enfants ? Qu’est-ce qu’il faut faire avec les enfants ? ” Et puis, c’était pas du tout une discipline que je connaissais bien, que je maîtrisais et, au bout de l’année, je n’ai pas eu de réponse. Vraiment, je ne suis même pas sûre que j’en ai encore à ce niveau-là. Ensuite, on avait donc des stages. Alors là, effectivement, c’était ce qui nous permettait d’être un peu sur le terrain et de voir un petit peu les choses un peu plus concrètes. Quoi qu’encore dans les, dans les écoles d’application, bon c’est assez particulier, hein ! Quelquefois c’est des, ils ... quand même un petit peu à part. Et puis bon, ben c’était toujours, lors des visites y avait toujours une évaluation au bout, le maître d’application nous évaluait, y avait un prof qui venait nous évaluer. Donc, c’était très intéressant quand on observait, quand on faisait bon c’était stressant parce qu’on était évalué aussi, donc y avait ce côté un petit peu il fallait être performant. Donc, là, à ce moment-là, la relation avec les enfants, c’était pas le primordial. J’essayais de me dire : “ bon il faut que ça passe ” puisqu’au bout y avait une note. Bon, le premier stage que j’ai fait, donc c’était en CM 2 en responsabilité, c’était au mois de décembre, on venait de rentrer au mois de septembre, bon ben j’étais un petit peu perdue hein. J’ai fait après coup on se rend compte qu’il y avait énormément de choses j’ai fait énormément de choses qui n’allaient pas quoi, au niveau de la pédagogie, de la façon de faire. Mais c’était très intéressant dans la relation : là j’étais au contact des enfants, c’était moi, ils me répondaient à mes demandes, c’était vraiment cette relation-là. Et là, a commencé aussi, j’ai commencé à voir qu’il n’y avait pas que les enfants. Y avait aussi les autres enseignants autour, le directeur ou la directrice, donc là cette petite hiérarchie. Quelques fois, on nous donne des noms bon, j’étais pas sûre que c’était comme ça, je pensais pas, bon c’est pas dans toutes les écoles comme ça. J’étais tombée, voilà, sur une directrice qui voyait que j’arrivais comme ça, j’étais pas formée, elle voulait quand même être un petit peu là pour me cadrer. J’ai un très très bon souvenir de mon stage terminal, alors vraiment excellent. J’avais, il me semble, de bonnes conditions, enfin malgré tout. Si je décris, ça paraît pas de bonnes conditions parce que c’était une classe avec, il y avait des moyennes sections, grandes sections, CP, CE 1-CE 2, c’est pas forcément le plus simple, mais il y avait 13 enfants, c’était dans un petit village. On n’était pas dans l’école parce qu’il y avait des travaux, on était dans la cure. C’était non plus pas facile parce qu’y avait pas de tableaux, y avait rien, mais les relations que j’ai pu avoir avec les enfants étaient formidables. Vraiment là, je me suis, je me suis régalée même si, bon, dans le travail peut-être y avait des imperfections, des choses comme ça. Et là, plus ça va, plus j’essaie, je me rends compte que, quand même la relation avec les enfants est très importante, et le contenu qui doit être quand même correct, mais si ça passe très très bien, on fait passer un petit peu ce qu’on veut, quoi. Donc, voilà. Pour l’EN, tout ce qui est cours, relation avec les profs (soupir), non, moi, vraiment, j’y vais, mais vraiment à reculons à l’EN, vraiment, vraiment. Bon, j’ai pas eu de très mauvaises relations en tant qu’individu avec les enseignants, j’ai été notée, enfin j’ai eu des bonnes notes, je suis sortie dans les premières. Mais vraiment, (soupir) j’étais pas à ma place. C’était assez bizarre, en musique par exemple, ben on chantait, on chantait ; moi je sais que je suis pas très à l’aise pour chanter, ben je suis sortie sans avoir de bagages, d’outils. Il faudrait peut-être, ça manque de se dire : “ ben voilà, on se trouve tout un groupe, on est différent, certains ont des capacités, d’autres pas, peut-être qu’il faudrait voir si on peut trouver une façon d’aider certains, de pouvoir s’échanger (des compétences) ”. Alors ça, c’est aussi peut-être ma personnalité qui fait que j’ai ressenti ça alors que d’autres se sont dit : “ moi, si, j’ai échangé beaucoup ”, mais bon. Oui, j’ai pas un souvenir excellent de, autant mes études universitaires ça s’était très très bien passé, j’ai regretté d’arrêter, autant ... Et puis après, quand je suis sortie, j’ai fait une première année en maternelle. Alors là, j’ai commencé à voir, pas forcément les problèmes, mais les relations avec les parents et avec la mairie, avec l’inspection, toutes ces choses à côté. Et avec les parents alors, je me suis rendu compte que, quand on sort, et bien il faut faire ses preuves. Et puis on est jeune, donc on n’a aucune confiance en nous. D’ailleurs, les parents m’ont dit à la fin de l’année : “ Ecoutez, quand on vous a vue arriver, on s’est fait du souci, on s’est dit : elle va les faire jouer toute la journée, y aura rien au bout ”. Et à la fin de l’année, alors, je sais pas si ça se dit mais j’ai eu vraiment plein de cadeaux comme s’ils voulaient se faire pardonner quelque chose. J’étais d’ailleurs gênée parce que franchement ... Mais tout au long de l’année, ils étaient là : “ Vous faites une réunion, et qu’est-ce que vous allez faire ? ” Alors vraiment je le prenais très mal parce que je m’investissais énormément et je me disais qu’il faut quand même nous laisser faire un petit peu nos preuves, quoi. Et puis, nous donner le droit, aussi un petit peu, à l’erreur. Bon, puis en fait, ils étaient à peu près satisfaits. Mais, toute l’année, il a fallu quand même un petit peu se battre à ce niveau-là. Et même un petit peu au niveau de la mairie, donc là c’est assez difficile. Et ensuite. Alors moi, j’ai commencé à vraiment me former l’année d’après parce que je suis arrivée dans cette commune-là non c’est pas l’année d’après, c’est encore l’année d’après donc cette année-là j’ai eu un, la 2ème année j’ai eu une classe unique, j’ai eu deux mi-temps, une classe unique et la classe enfantine de M. J’avais des 3 ans jusqu’au CM 2. Alors, avec la maîtresse de maternelle on essayait de fonctionner ensemble, on se voyait souvent. Bon, c’était elle qui me portait, hein. Là j’ai commencé un petit peu à me former aussi, essayer de voir ce qu’elle faisait parce que bon, malgré tous les stages qu’on avait pu faire en maternelle, une semaine ou dix jours à l’école normale, c’était un peu court, et puis l’année, donc j’avais fait une année à L. mais là, j’avais quand même fait autre chose, là j’avais 3 niveaux, c’était différent. Et puis bon, dans la classe unique, y avait peu de contacts avec la maîtresse, et puis on s’était partagé les disciplines, on avait un cahier du jour différent Donc moi, je ne savais pas ce qu’elle faisait, je ne savais pas comment elle appréhendait les choses avec les enfants. Alors, y avait des jours, y avait des choses qui passaient pas, je disais: “ mais c’est pas possible, pourquoi j’arrive pas à faire passser les choses ? ” Et puis bon, ben petit à petit, quand même après pas sur cette année-là plus tard j’ai réfléchi, je me suis dit : “ forcément, si une maîtresse dit d’une façon et l’autre autrement, bon, ben les enfants ils ont du mal à s’adapter aussi hein ! ” Au bout d’un moment ils y arrivent mais faut qu’ils fassent le bond et puis à un moment donné se dire : “ avec elle il faut faire comme ça ”. Mais c’est vrai que c’est assez frustrant, c’est assez pénible parce qu’on se dit : “ c’est pas possible ”, on cherche ce qu’on fait mal, et puis ça ne vient pas forcément tout le temps de nous. Alors, l’année d’après, j’ai continué à faire du mi-temps mais là, je suis arrivée dans la commune d’E., je crois que vous connaissez ? et là j’ai travaillé avec la collègue de Jean, on était à mi-temps toutes les deux sur la classe de grande section-CP-CE 1. Et là, moi, j’ai fait ma formation de CP, donc je l’ai écoutée, j’ai écouté ce qu’elle me disait ; elle m’expliquait comment elle abordait les choses. Et bon, il se trouve aussi qu’on a la même façon de voir, on s’investit de la même façon, donc ce qui fait que ça a été. Et puis c’est à ce moment-là que j’ai senti qu’il y avait un échange, j’arrivais à échanger avec quelqu’un. Ça, c’est quelque chose qui est difficile, enfin on se sent un petit peu seule à un moment donné.

  • C’était la première fois que vous sentiez ça ?

  • Ah oui.Complètement. Bon, à la maternelle, on échangeait mais, peut-être c’était plus elle qui me portait, donc je pense que moi je donnais pas grand chose. Alors qu’avec cette personne, forcément au début c’était souvent elle qui donnait, mais moi je lui donnais en retour, quand je faisais ce qu’elle me disait, ce que les enfants disaient, voilà, moi ce que j’avais ressenti en faisant ça, et vraiment oui, voilà, et on a gardé contact, et on a les mêmes niveaux et on se voit souvent, on travaille vraiment ensemble. On échange les idées, on essaie d’avancer, ça nous prend du temps parce qu’on se remet en question sans arrêt, mais ça nous fait avancer ; c’est un plaisir de travailler comme ça. Donc là, voilà, pour ce qui est la pédagogie, je ne me sens plus seule. Maintenant si, on arrive à travailler dans l’école, à échanger aussi, donc c’est important. Mais quand on est comme ça, dans une école où on a, où personne d’autre n’a le même niveau que nous, ben des fois quand on se remet en question, on n’arrive pas à répondre, on est un peu mal, quoi. On se dit : “ oh, la, la ! Faut quand même que je trouve une solution, mais personne ne m’aide. ” Bon forcément, normalement on devrait la trouver nous-même, quelques fois on a besoin d’une aide extérieure. Et c’est vrai qu’un regard extérieur, des fois, facilite un petit peu parce que nous après, on prend peut-être ça trop à coeur et c’est difficile.

  • Ça permet la distance.

  • Tout à fait, voilà. Et puis donc j’ai passé deux années comme ça avec cette personne, j’ai redemandé le même poste pour ça. Je lui ai dit : “ écoute, moi je veux finir ma formation (rire) parce que sinon ça n’ira pas ”. Ça allait très bien, on arrivait à, l’échange était encore plus grand. Et puis bon, ben quand même il a fallu que je parte, c’était difficile, hein ! En fait, oui, oui, je me suis un peu poussée parce que je me disais : “ Hou la, la, après je vais être toute seule ”. Voilà, c’est un peu le risque, parce que, quand on est deux, après y a une certaine dépendance, enfin en tout cas de ma part, et puis il fallait quand même se décrocher. Puis je la voyais toujours quand même, comme celle qui avait le plus d’expérience, quand même on a beau dire, pour les CP y a besoin d’une certaine expérience. Et donc l’année d’après, je me suis retrouvée ici et j’ai eu la direction. Là, arrivent d’autres problèmes aussi, parce que là on voit tous les problèmes avec les parents aussi. Et puis j’avais ma classe à moi, parce que les autres années j’étais à mi-temps, donc tout ce qui était relation avec les parents, en tous cas les parents s’adressent la plupart du temps en général aux titulaires. Moi je passais un petit peu en second. Sauf bon avec ... Y a aussi le problème, quand on est à mi-temps, s’il y a une maîtresse qui est pas très acceptée par les parents ils essaient de voir s’il y a une faille pour en profiter, ça, c’était difficile aussi. Et donc l’année où je suis arrivée là, ben j’ai commencé à voir que, oui avec les parents il fallait faire ses preuves aussi. Donc, on fait une réunion de début d’année, moi j’avais envie d’expliquer beaucoup aux parents, surtout les CP, parce que bon, c’est vrai que c’est peut-être assez angoissant quelque part pour eux, et je m’étais dit : “ allez, tu essaies, tu connais maintenant un petit peu ton domaine, tu essaies de dire le plus possible ”. Et ben, je dis de moins en moins parce qu’à un moment donné, sachant plein de choses ils se permettent de juger, de faire des interprétations, de critiquer et au bout d’un moment, et bien on se trouve tout seul en face des 20 parents qui n’arrêtent pas de lancer des pointes comme ça, et c’est difficile à vivre hein ! Donc là, je me disais : “ mais tu essaies d’expliquer et, en fait, ça fait l’effet inverse, ils doutent encore plus à la limite ”. Parce qu’en fait, on se met presque nu devant eux, alors ils en profitent, ils voient nos faiblesses, donc voilà. Mes relations avec les parents c’est pas facile, oui. Bon, c’est pas une généralité mais c’est vrai que, quand on s’investit beaucoup, à partir du moment même s’il y en a qu’un ou deux qui manque, qui n’a pas confiance ou qui critique on se dit, ben il faut quand même qu’on revoit un petit peu, qu’on essaie de voir ce qui ne va pas. En fait, je me suis rendu compte qu’il faut quand même que chacun garde son domaine, quoi. J’avais trop donné, j’avais trop expliqué. Ce que je faisais, je trouvais tellement intéressant de faire partager à tout le monde mais bon, non. De toutes façons c’est pas ce qu’il faut faire.

  • Y avait peut-être aussi les références à leur propre apprentissage ?

  • Oui. Voilà. Tout à fait, oui, oui. Oui, puis c’est vrai que y a une certaine, les enseignantes d’avant ne faisaient pas les réunions, donc y a des choses comme ça, peut-être ça les, ça leur a laissé un petit espoir d’entrer plus facilement dans l’école. Mais moi, ce qui me gêne, c’est qu’ils, c’est leur façon de critiquer en pensant, en étant sûr d’eux, en sachant en fait, à la limite ils vont nous donner des leçons. Et ce sont des personnes qui ne sont pas du tout du métier, on a beau leur expliquer que la pédagogie c’est quand même un métier assez particulier, non, non, non, eux ils sont sûrs de ce qu’ils disent. Ça c’est (soupir). Moi ça m’énerve, j’aimerai bien quand même qu’ils se rendent compte qu’à un moment donné, bon, ben il faut nous faire confiance. C’est pour ça, qu’à ce moment-là, ça remet quand même en question notre formation. Ça veut dire que si les parents ne sont pas capables de nous faire confiance, ben ça veut dire que peut-être on a donné une image depuis le début qui fait que c’est pas tout à fait ça, quoi. Après bon, sinon au niveau de l’inspection, enfn bon, j’ai toujours eu de très bons, de très bonnes relations avec, de bonnes relations avec les inspecteurs et les conseillers pédagogiques. Bon, les conseillers pédagogiques, moi je les ai vus très rarement, et ça m’a fait un peu l’effet de l’EN. Bon, par exemple j’en ai vu un l’année où j’étais dans la classe unique, je l’ai appelé, je lui ai dit : “ écoutez, venez parce que moi je passe jusqu’à 10 heures 11 heures le soir à travailler et je ne suis pas satisfaite de ce que je fais. Et je voudrai savoir quand même au moins, en plus si je vais dans la bonne direction ”. Et puis, je me sentais perdue, mais je n’arrivais pas à expliquer ce qui n’allait pas. Alors il est venu. Bon, je pense que c’est un peu à cause du fait que je n’arrivais pas à dire ce qui n’allait pas, en fait il est resté une petite heure, même pas, il m’a dit : “ Ben tout va bien ”. Forcément les enfants ne montaient pas sur les tables, tout le monde travaillait, y avait une évolution mais je n’arrivais pas à dire en fait ce qui n’allait pas, et voilà il est parti comme ça et j’ai continué mon année comme ça. Mais, même avec le recul, je n’arriverai pas à dire ce qui n’allait pas. Je sais pas, c’était sûrement une méthode de travail, je n’arrivais sûrement pas à m’organiser. Et puis, peut-être, je sentais que, dans la pédagogie, dans l’approche des choses, ce n’était pas encore tout à fait ça. Je l’ai ressenti après quand pas l’année dernière y a deux ans on a eu une enseignante (qui était sur la) liste complémentaire. Donc elle, je ne sais même pas si elle avait fait une première année d’IUFM. Elle est arrivée, elle venait de T., elle avait les CE 2-CM 1-CM 2 et bon, moi, ça fait ... Depuis cette classe unique je n’avais jamais refait des CE 2-CM 1-CM 2. Donc je me disais : “ Ou là, là, il va falloir quand même que je l’aide, il faudra que je m’y mette ”. Et elle ne me demandait rien. A chaque fois, je lui disais : “ Mais tu veux qu’on voit quelque chose ? Non, non, ça va ”. Et ben oui, je n’ai pas su comment l’aider. Bon, le conseiller pédagogique venait fréquemment, tous les 15 jours oui. C’est vrai que c’est là, à ce moment-là, je me suis dit : “ oui, si forcément on demande pas, on ne pose pas des questions, bon ben la personne à côté ne peut peut-être pas forcément expliquer ”. C’est par exemple, ce que je n’ai pas fait après, avec ma collègue à E. J’étais sans arrêt en train de lui demander, mais des choses, mais pointilleuses. A la limite je lui demandais : “ mais quel crayon tu vas prendre pour faire ça ? ”. Enfin c’était très concret. Parce que déjà j’étais dans le bain, j’arrivais à me poser des questions alors que là elle arrivait, elle pouvait pas dire. Et c’était ce qui c’était passé pour moi dans la classe unique. Donc voilà, les conseillers pour moi c’est ça. Après je (ne) les ai plus revus, hein on (ne) les voit plus après. Après bon, pour ce qui est de l’EN, y a tout ce qui est stage, moi je (soupir), je vous dis, j’ai tellement un mauvais souvenir de l’EN que je n’y regarde pas. Alors j’ai fait un stage de direction, ben ça m’a, j’ai retrouvé le même, le même profil, la même situation. Donc pour moi, mon problème pour m’intégrer au groupe, et puis j’étais pas forcément très intéressée par tout ce qui se faisait. Bon c’était très bien, y a eu des choses intéressantes ; mais c’est intéressant à partir du moment où c’était concret. Donc quand on parlait des projets d’école, bon c’est très bien mais quelque fois c’est un petit peu utopique. Et moi, je trouve, qu’à un moment donné, faudrait arrêter d’être utopique et se dire :  “ bon, concrètement qu’est-ce qu’on va faire ? ” Donc voilà pour les ... Peut-être un jour je vais, si je vais y retourner dans cette EN mais ...

  • Et avec les enfants ?

  • Alors avec les enfants, ça c’est ... Ça c’est toujours ... je vais chercher, il me semble, ce qui me plaît dans ce métier, c’est, ce sont les enfants. Je suis bien avec eux donc je peux pas dire, j’arrive pas à trouver

  • Vous avez le droit que ça aille bien

  • Non y a eu des moments où ça allait pas. Par exemple, la 1ère année où j’étais ici, ou même avant. L’année où j’étais à la maternelle on a des enfants de CJ donc, c’est un centre qui accueille des enfants qui sont retirés de leurs familles, donc des enfants avec un comportement assez difficile, quelque fois très violent, perturbé, enfin. Donc à la maternelle on avait des enfants comme ça, alors qui étaient en échec et nous, on ramait derrière pour essayer de trouver et on trouvait pas, mais j’ai eu du mal à me dire, un moment donné, : “ Ben c’est pas tout de ta faute, l’enfant il a aussi des problèmes et tu peux pas ... ”. Et j’ai refait encore, l’année dernière, l’erreur. J’avais là, encore un enfant de CJ qui a de gros gros problèmes psychologiques. Et en plus, il n’est pas propre. Alors moi, ça, ça me faisait souci aussi, parce que les personnes de CJ ne veulent pas qu’il mette des couches. Alors sans arrêt , fallait lui dire : “ va vite aux wc ”. Quand il avait fait sur lui, il fallait qu’il se change, ils voulaient absolument qu’il se change tout seul, bon, j’essayais aussi d’être un peu là mais on peut pas être partout et puis, et puis le travail n’avançait pas, ces enfants-là c’est souvent à peu près le même schéma, ils stagnent. Et alors, y a des petites pointes et puis après ça régresse, ça redescend un peu. Alors, toute l’année dernière, je me disais : “ mais c’est pas possible il faut que je trouve une solution ”. En plus, il avait déjà fait un CP mais bon, c’était pas suffisant, il avait pas le niveau. Et ben, c’est cette année en fait, j’ai revu l’éducatrice, elle m’a expliqué qu’elle avait les mêmes problèmes avec lui, elle a verbalisé un petit peu la situation. Et ben maintenant, je le lâche un peu et bon, ça va mieux. Il peut pas écrire comme les autres, et bien tant pis, il fait ce qu’il peut, il faut qu’il soit bien à l’école. Enfin voilà. Maintenant, il faut peut-être avoir un autre regard, moins de, moins être exigente envers lui, une autre façon de faire.

  • Une autre exigence

  • Voilà, une autre exigence. Bon, ça veut pas dire que je l’ai complètement abandonné, et y a des jours où ça va pas et quand même je me dis : “ mince ”. Mais là, par exemple, on n’est pas, je me sens un peu ... perdue, on n’est pas tout à fait épaulé, on a beau appeler la psychologue, elle fait des tests, elle nous dit plus ou moins si ça va ou si ça va pas. C’est souvent : “ Ah si, quand même ça va, essayez de voir ” et puis après on se débrouille, on doit se débrouiller tout seul. Moi je trouve que, enfin je pense que la psychologue, enfin je sais pas, c’est peut-être pas partout pareil, mais les psychologues quand ils viennent, ils ont un entretien avec l’enfant puis après avec les parents ou les éducateurs. Mais moi, je souhaiterai qu’on ait un entretien aussi, qu’on soit un peu, enfin qu’on puisse parler à ces personnes. Quand on leur parle dans le couloir, c’est comme ça, rapidement, que ça soit un petit peu formalisé. Ça, ça me manque ; qu’on se pose et qu’on leur parle de nos problèmes avec l’enfant. Dans la relation, on a l’impression que nous, on est un petit peu mis de côté, effectivement. L’enseignant, bon, on regarde l’enfant, on parle aux parents pour voir si on peut faire quelque chose, mais si l’enseignant lui, il a des angoisses par rapport à cet enfant, bon ben il reste avec ses angoisses. Parce qu’on sait pas forcément le suivi qui a été fait, et puis quelques fois les parents abandonnent, et y a pas de suivi, et puis nous on reste avec le problème. Ça aussi, c’est assez difficile. Alors, toujours par rapport à ça, j’avais un enfant, la 1ère année où j’ai fait le CP, qui était aussi de CJ, qui avait de gros, gros, gros, enfin un comportement très très violent, qui fonctionnait toujours dans la violence. Ça lui plaisait pas ben c’était : “ fais attention parce que mon papa il va venir avec le fusil, il va te tuer ” et puis des cris, des cris des cris. Alors j’ai passé mon année à , à me frictionner avec lui, vraiment on était tout le temps, c’était très tendu entre nous. Mais malgré tout, en plus je l’ai revu récemment, il m’a sauté dans les bras, malgré tout il y avait une affection pour lui, voilà. C’est pour ça que je dis que je peux pas dire que ça s’est, quelque part, mal passé parce que, même quand j’ai des problèmes avec des enfants, je m’attache à eux. Voilà, ça y est, cette relation, peut-être qu’il faudrait pas avoir autant ... mais ça permet quand même de, d’avancer parce que si, justement on se détache trop au bout d’un moment, peut-être on se dit : “ il a, il me prend trop, je vais le lâcher ”. Voilà. Donc c’était, c’était des problèmes, si j’avais des problèmes c’était parce que je n’arrivais pas à faire avancer l’enfant. Mais dans la relation avec les enfants, j’ai toujours ... Les enfants qui me posent problème, qui me gênent un peu, sont les enfants qui ont aucune motivation et qui ne travaillent pas oui, qui se désintéressent complètement de l’école, qui sont un petit peu inertes comme ça. Alors ceux-là, j’ai du mal. J’arrive pas à stimuler. Autant celui qui a plein de problèmes, qui part dans tous les sens, j’ai plus (+) de plaisir à le canaliser et à essayer d’en faire quelque chose que celui qui fera rien, qui s’en fiche, qui a aucune motivation. Je voudrais pas en avoir 20 comme ça. Mais je crois que, bon, c’est, c’est vrai que c’est plus dur, quoi. Là, j’ai une petite en CP qui, c’est son 2ème CP, et puis oui, c’est, c’est le minimum. Bon, y a aussi la relation avec les parents. On a beau expliquer aux parents, ils entendent pas en fait ce qu’on leur dit, y a pas après un retour vers l’enfant. Et donc, l’enfant ne voit pas que les parents s’intéressent plus que ça, bon ben ... il va pas aller de l’avant aussi, hein ! Mais oui, sinon j’ai toujours eu assez de plaisir à être, j’ai eu des petites classes quand même, et avec plusieurs groupes, plusieurs niveaux. Peut-être, je pense que je serai moins à l’aise dans une grande classe, enfin une grande classe (un grand groupe), peut-être 20 ou 25 et avec un seul niveau. Les grands groupes, ils me font un petit peu peur. Ils me rappellent les adultes (rire). Y a trop de regards. Mais en petit groupe, je trouve qu’on échange beaucoup plus. Et puis, c’est plus familial, donc je me suis toujours bien retrouvée ... Maintenant euh, oui, non, j’essaie de rechercher avec les enfants...

  • Des bonnes expériences, vous pouvez aussi parlez

  • Oui. Oui. Enfin j’arrive pas à voir ce que je pourrai dire, ni ce qui pourrait être qualifié de bon dans les expériences. Dans la relation, par exemple, moi ce que je trouve, ce que je trouve agréable depuis deux-trois ans, c’est quand le matin les enfants arrivent avec le sourire par exemple. Alors ça, je me dis : “ ben voilà, déjà on va tous partir sur la même longueur d’ondes. Et c’est vrai que c’est un travail quand même, on y travaille, dès le début de l’année on essaie de mettre une bonne ambiance dans la classe. C’est vrai que le matin quand ils arrivent, il me semble qu’ils sont assez satisfaits. Donc euh, on travaille aussi beaucoup tout ce qui est civisme, enfin on fait des petits conseils de classe, on discute beaucoup. C’est vrai que, plus ça va, plus je discute avec les enfants, je leur laisse un peu plus la parole et on y gagne quelque part parce que, à partir du moment où l’enfant dit sa colère, dit son mécontentement, nous aussi on peut dire le nôtre et puis on passe à autre chose, voilà. Chose que je faisais moins au début. Bon ça, je crois que c’est de la crainte aussi, parce que c’est quand même quelque chose à gérer à un moment donné, et c’est vrai qu’avant je me disais : “ ben, c ’est un enfant, il doit faire et puis point. ”

  • Et ça, vous l’avez appris à E.?

  • Oui. Tout à fait. Oui, c’est vrai que... Bon, c’est pas quelque chose que j’arrive à gérer encore totalement, parce que c’est vrai que ce qui est difficile, c’est effectivement quand dans le groupe il y a une petite tension entre certains, ça c’est lourd. Des fois, on n’arrive pas tout de suite à trouver ce qui pourrait aider pour un petit peu résoudre ça et bon, ça chagrine un petit peu. Oui, alors voilà. La 1ère image qui me vient c’est, c’est ça, c’est voir arriver les enfants le matin avec le sourire et ça, les parents y sont aussi sensibles.

  • Vous avez l’air de dire, à propos de vos collègues de l’IUFM, que ça n’avait pas l’air mieux que l’EN. Qu’est-ce

  • Ben, ça n’avait pas l’air mieux dans le sens, par exemple, ça fait deux ans que j’ai à peu près les mêmes collègues. L’année d’avant, j’avais un collègue qu’était sorti de l’IUFM qui, alors c’était carré, oui, voilà. Il travaillait dans son coin, je m’étais dit : “ bon, tiens, c’est comme ça maintenant ? C’est assez personnel maintenant ? ” Et puis, lorsque ma collègue G. et un autre collègue sont arrivés, ben en fait ils ont un peu fonctionné comme moi, ils sont venus voir dans ma classe, ils observaient, ils écoutaient, ils me demandaient, et c’était d’ailleurs assez étrange de devenir maintenant, de prendre la place de ma collègue d’E. et d’essayer de ... et puis je disais, et puis : “ ben, oui c’est intéressant ”. Voilà, à mon tour je donnais, et puis je me rendais compte que oui, ils manquaient de pratique, voilà, ils manquaient de choses pratiques. D’un autre côté, ce qu’il y a de nouveau, c’est toute cette théorisation, enfin c’est tout théorique c’est tout avec des grands mots. Alors, d’ailleurs ça m’avait fait rire la 1ère fois. C’était je leur avais parlé d’une, d’un fichier à thème je leur expliquais qu’à un moment donné on pouvait faire des textes, moi j’avais appelé ça des textes à trous. Il y avait des textes à trous avec des mots en bas, il fallait compléter les textes avec ces mots. Et mon collègue me dit : “ Ah oui, des textes lacunaires. Oui, si tu veux ”. Enfin, voilà, des petites choses comme ça. Je m’étais dit : “ tiens, ça a changé. C’est plus du tout comme nous, ça, on n’avait pas vu ce genre de choses ”. Ma collègue d’E. aussi m’a raconté qu’il y a effectivement des termes maintenant très théoriques et pour parler des ballons en gym, on les appelle des référentiels rebondissants, et les ballons de rugby des objets rebondissants aléatoires. Voilà, ça veut tout dire. Je ne vois pas l’intérêt, moi. je sais que voilà ... Moi je pense que j’aurai pas eu le concours par rapport à ça parce que, peut-être on arrive à se mettre dans le bain, peut-être qu’on fait comme tout le monde, on parle pareil. Mais y a aussi ce système de, il semblerait de compétition, de tout ça qui est particulier aussi. Mais sinon, on a retrouvé la même chose parce que, même ma collègue qui vient de se faire inspecter, elle est arrivée elle a des CP, elles a des CE 1-CE 2, et puis un enfant qui a 14 ans et qui apprend un petit peu le français, mais pour les CP elle m’a tout demandé. On peut pas dire qu’elle part avec un bagage, enfin qu’on sort de l’EN avec un bagage. On a besoin des collègues autour de nous pour avancer, pour continuer la formation. Alors... Enfin oui ... on peut se demander ce que ça nous a apporté. Ça nous a sûrement apporté quelque chose mais ... Voilà. D’ailleurs quand je parle à tout le monde, quand on me demande où je me suis formée, c’est E. hein ! Vraiment là, c’était extraordinaire parce que c’était un petit peu un concours de circonstances, c’était plouf, plouf, tiens je vais aller là. Bon, peut-être j’aurais trouvé ailleurs, ou peut-être on fait comme d’autres où c’est plus long ou différent. Mais je considère que j’ai beaucoup beaucoup de chance. Mais c ’est vrai qu’on s’est tout de suite trouvé, qu’on s’est bien entendu. Ça, c’est aussi important à mon avis de trouver des gens qui fonctionnent comme nous. Parce que tous les enseignants ne fonctionnent pas de la même façon. Et moi, je suis malheureuse quand je tombe pas sur quelqu’un qui fonctionne comme moi. Ça, alors c’est difficile (rire). Notamment quand il faut gérer, notamment dans les réunions, conseils de cycle ou conseils de maîtres. Ben c’est difficile à gérer quelques fois. Enfin, c’est compliqué à gérer en tout cas. Y a des personnes qui sont un petit peu individuelles, qui n’ont pas forcément envie de passer du temps à discuter, à échanger et qu’il faut quand même (faire ?) avancer. Alors, soit on donne à la personne, ce qui s’était passé une année et puis donc y a pas d’échange et puis on donne, on donne, on donne et puis la personne s’en va. Soit bon, si c’est quelqu’un qui fonctionne comme nous, on échange et là, y a ce plaisir de l’échange. Parce que, ça n’a rien à voir avec la relation mais c’est vrai que j’ai presque pas tout-à-fait je préfère être avec les enfants mais j’ai quand même pas mal de plaisir à préparer les séquences, et ça, quand ça se fait sous forme d’échange avec une personne.

  • Vous aimez aussi la relation avec les adultes dans la mesure où il peut se passer

  • Voilà. Les adultes quand c’est pas en conflit. Bon, les parents . Enfin il va falloir que j’essaie de me raisonner. Plus ça va et plus je me ferme. Notamment l’année dernière, on a fait une classe de découverte. Bon, on n’a peut-être pas eu la manière d’annoncer les choses. C’est vrai qu’à un moment donné on peut se dire aussi que c’est de notre faute. Enfin, il faut se remettre aussi en question, on n’a peut-être pas fait ce qu’il fallait. Bon, j’ai pas d’enfant mais je sais que l’année dernière j’ai dû mettre ma nièce en classe de neige, pas en classe de neige, en petit jardin des neiges. Mais quand je la laissais, effectivement je me posais la question : “ est-ce que tu peux faire confiance à cette personne sans la connaître? ” Donc après, effectivement je me suis dit : “ attends, peut-être que les parents ils fonctionnent aussi comme ça ? ” Parce que nous on connaît les enfants, on voit les parents comme ça ponctuellement mais les parents ne savent pas vraiment qui on est, hein. Et quand on a fait donc cette classe de découverte, on a fait un mot en expliquant ce qu’on allait faire, où on allait aller, comment ça allait se passer. On essayait de détailler le plus possible et on a demandé un petit accord de principe de manière déjà à voir si tout le monde était d’accord, si on pouvait y aller. Et on a eu 5-6 parents qui nous ont dit : “ non, non, on vous donne pas notre accord. On voudrait une réunion ”. Et une autre qui nous a dit : “ moi je, c’est hors de question que ma fille parte ”. Alors là, on est tombé de haut parce qu’on pensait pas, alors que c’est partout, sans doute. Mais c’était la 1ère année qu’on faisait ça, et puis mes collègues étaient, c’était leur 1ère année d’enseignement. Et alors, ce qui nous a le plus gêné, c’était les raisons pour lesquelles ils ne voulaient pas : on était trop jeune et on n’avait pas d’enfant. Et puis, y avait la pédophilie qui arrivait au milieu, j’avais un collègue homme. Alors, oui. Donc là, quand on nous balance ça comme ça: “ non mais vous vous rendez pas compte, vous êtes trop jeunes. Et puis vous n’avez pas d’enfants, comment vous allez faire le soir ! ” Alors moi, je me suis emportée. Mais bon ... Après coup, c’est vrai que c’était que deux familles.

  • Mais ils les envoient pas en colonies de vacances

  • Voilà. Voilà. C’est pour tout. Voilà. C’est vrai que non, c’est pas nous. Mais bon, moi j’ai tendance à me dire : “ c’est toi qui as dû... ” Mais on a tous les trois réagi comme ça. C’est vrai que, peut-être eux ont réagi comme ça du fait de leur jeune âge, et puis de l’expérience qu’ils avaient, mais comme ils s’investissaient aussi beaucoup l’année dernière on s’investissait aussi beaucoup, on était là souvent à des heures pas possibles quand on s’investit, quand on veut donner le meilleur de soi-même et qu’on nous dit non, là (soupir)

  • Surtout l’argumentation

  • Oui. Là, c’était vraiment ... Et puis bon, personne ... Et puis, ce qui les gênait c’était qu’on prenait des personnes pour accompagner, des personnes étrangères aux parents. On ne voulait pas prendre des parents. Alors tout de suite méfiance. En fa,it on s’était entouré d’éducateurs, d’enseignants, moi j’avais pris dans mon groupe une enseignante qui était en congé parental, une maîtresse qui était à mi-temps comme il n’y avait que deux jours. Parce que bon, on a beau dire on fonctionne quand même... Peut-être qu’on peut nous retourner ça aussi, y avait peut-être une méfiance et pas de confiance dans ces parents, enfin dans les parents, mais ... bon. Alors là un problème de relations, de communication. Si on s’était mis à table tous ensemble, et qu’on avait un petit peu sorti nos peurs, nos angoisses chacun, peut-être on serait arrivé à un compromis plus rapidement que ce qu’il a fallu faire comme ça. Là aussi, on peut se dire peut-être, alors on essaie de voir. Là, on essaie de mettre sur pied un autre projet, on essaie de voir comment on va pouvoir amener ça sans qu’on retrouve ce schéma, ces problèmes. Mais c’est vrai que ... Alors ce genre de choses par exemple, à l’EN on ne nous en parle pas, on n’apprend pas du tout à gérer une réunion, à gérer les conflits avec des adultes, même avec des enfants à la limite, tout ce qui est relationnel, ça passe vraiment à côté. Alors ça, c’est clair, on en n’a jamais, jamais entendu parler. Rien, rien, rien. Et même quand on a fait le stage de direction, c’était facultatif ce genre de choses. Alors moi, j’avais pris autre chose, du coup j’ai pas su ce que c’était. Et ben, c’est quand même quelque chose de, de très important, ce qui est dommage quoi. Après on est mal sur le terrain, on rame, on fait en fonction de ce qu’on ressent, et alors que, peut-être avec une base pour réfléchir, quelque chose de réfléchi on pourrait être amené ...

  • Et la pédagogie Freinet on vous en a parlé ?

  • Non, pas à l’EN. Je voudrais pas dire de bêtise, je cherche. Non, je crois pas hein. Moi j’ai connu ...

  • Ça ne vous a pas laissé un souvenir impérissable?

  • Non, non, non. Moi j’ai pas ...

  • Pédagogie institutionnelle non plus ?

  • Non. J’ai ... La Pédagogie différenciée, mais très théorique, voilà et puis qui nous interpelait, mais en plus pour nous poser des questions, des problèmes pour qu’on trouve des solutions, qu’on trouve ça intéressant quoi. Ça nous donne une piste. Donc moi, j’ai commencé à aborder, enfin à connaître ça avec mon collègue d’E., mais comme c’est très complexe et qu’au début moi c’était plus, je travaillais dans l’urgence, à savoir mener la classe avec les CP, je dirais que je suis encore pas bien au clair avec ça. Il faut que ... Je lui dis à chaque fois : “ faut que je vienne dans ta classe une demi-journée ”. C’est ce que j’ai fait d’ailleurs quand j’étais à L. C’était ma 1ère année et je me considérais pas prête non plus hein. Et j’en avais parlé avec le conseiller, alors là ça avait été bien parce qu’il m’avait proposé d’aller une journée dans une autre école, dans une classe pour voir. Alors apparemment, c’est ce qui est fait maintenant à l’IUFM. Dans ce sens là, les deux stagiaires que j’avais, viennent là pour observer et puis à un moment donné, si elles veulent elles prennent la classe, mais c(e n)’est plus comme nous dans le cadre, à l’école d’application où on a quelqu’un qui nous forme hein la maîtresse d’application elle a un rôle un peu de formateur, et puis elle est là pour faire un compte-rendu, aussi les professeurs qui viennent nous voir quand on fait les séances alors que là, bon ben elles viennent, elles savent très bien qu’on est comme les autres, qu’on peut se tromper, qu’on n’est pas là pour les juger et elles sont ravies hein en tout cas. J’ai eu avant les vacances, celles de la Toussaint, d’autres enseignantes là, d’autres personnes de l’IUFM, alors qui fonctionnaient pas du tout pareil. Bon celles d’avant arrivaient, peut-être c’est ça. Quand on connaît pas, c’est ce que je vous disais, on sait pas trop vers où aller, comment ... Donc ben elles restaient assises, elles regardaient, elles s’imprègnaient sans doute. Je crois qu’il faut un moment d’imprégnation, alors que les deux étudiantes qui sont là, elles vont vers les enfants, je leur ai demandé si elles voulaient prendre la classe : oui, oui, y a pas de problème. Ça y est, elles ont fait le pas, elles peuvent maintenant essayer de, de donner un peu d’elles. Donc ça par exemple on a, dans ces moments-là on peut leur parler nous aussi de tout ce côté relationnel, chose que moi j’ai jamais entendu parler quand j’ai eu mes stages en tutelle avec les maîtres d’application : on parle pas des parents, on parle pas, on apprend à faire de belles fiches de préparation avec des objectifs spécifiques, généraux. Alors ça, c’est nickel et quand on voit à quoi ça nous sert (rire)... C’est vrai que c’est quand même effectivement très dommage. Ce côté relationnel, ça coince tellement quand ça va pas, ça coince tellement tout le reste que, bon, ben c’est embêtant. Oui, vraiment, je leur ai dit hier aux stagiaires : “ à l’EN je m’étais, jamais j’aurai cru que, ce qui serait aussi dur ce serait les relations qu’on a avec, surtout les parents, et puis quelques fois les enfants, enfin certains enfants on a l’impression que ben ... tout ça, ça devrait aller si nous on prenait sur soi alors que pas du tout, vraiment pas du tout ”.