Catherine

Premier entretien

Il aurait peut-être fallu réfléchir un peu plus ... Ça va être un petit peu décousu. Moi, j’ai une formation d’école normale déjà, en 60 à 64. C’est très ancien, hein ! Alors on avait cette formation pendant 3 ans pour préparer le bac, puisqu’à l’E.N. on ne rate pas son bac. Et puis il restait une année pour la formation professionnelle elle-même, avec des, des... des choix de stages que j’avais orientés déjà vers la classe unique plutôt qu’au collège, parce qu’on avait parce qu’on avait même peut-être le choix aussi, on pouvait aller dans des collèges... J’ai des amies qui ont eu comme 1ier poste un poste dans un collège, et qui sont restées. Dans ces collèges, il y a autant de statuts qu’il y a de personnels. Alors j’ai commencé dans un collège parce que la directrice de l’E.N. a estimé que, comme j’étais bien en anglais, je pouvais faire (rire) l’anglais en 6ème, en 5ème , et puis j’y ai passé mon CAP d’ailleurs, contrairement à ce qui se faisait : on pouvait aller dans une classe primaire pendant un certain temps, puis, l’année d’après, j’ai quand même eu la classe unique que je demandais. Alors j’y suis pas restée très longtemps pour des raisons familiales : on était loin de Genève où mon mari travaillait. Alors on s’est rapproché sur D. avec une classe maternelle. Alors, j’ai pas vraiment d’expérience négative, de mauvaise expérience. C’est pas prétentieux hein, ça s’est passé comme ça mais je n’ai pas un très bon souvenir de l’école maternelle. C’était à D. D’abord j’ai été à D. en 69 et puis j’y suis revenue c’était ... puisque il y a eu une interruption de 13 ans pendant lesquelles j’étais à V. Et quand je suis revenue dans le département on est revenu très vite, j’avais pas fait les demandes en bonne et due forme, et j’ai dû attendre une année et on m’a proposé un poste , à D. en maternelle (rire). Je crois que j’ai pris en 68, après une dame dont le mari faisait des tas de trucs aussi pour l’école maternelle. Mais 68 69, 1 an et demi, parce que j’ai dû arrêter pour... ben pour faire le 2ème (enfant), alors j’ai pas été jusqu’au bout des 2 ans. Mais c’est pas, c’est pas cette année-là où il y avait les enfants de 3, 4 et 5 ans c’était encore la classe enfantine qu’on menait avec la sucette à 43 de moyenne je m’en souvenais parce que j’ai eu besoin de ce nombre quand on est revenu à D. après ... La directrice avait besoin de ces statistiques anciennes pour savoir à partir de quand c’était devenu une école maternelle. Je m’en souviens très bien (rire) pourtant je me souviens pas des nombres, c’est pathologique, mais je me souviens très bien que c’était 42-43 présences sans femme de service, les WC au fond de la cour. Mais ça, c’était, c’était pas, c’était pas si mal, c’était pas très, c’est pas que je l’ai mal vécu c’était quand même très lourd ces classes mais euh, euh, c’est pas le fait d’en avoir moins, une femme de service tout le temps avec soi, c’était vraiment le plus. Alors quand j’ai retrouvé cette classe 13 ans après, dans cette jolie bulle que je voyais quand on se promenait dans le pays en vacances, qui m’intriguait... Je me disais : c’est pas vrai, je me retrouve là-dedans et ... Par contre, c’était moins, je sais pas j’avais vieilli ou j’avais eu des enfants très grands entre temps, et je préférais le contact avec les plus grands. Mais euh je crois que les élèves n’en ont pas un mauvais souvenir (rire) et ils me reconnaissent. Y a une collègue là, que j’ai eue en école maternelle à ce moment-là et je pense que je m’appliquais quoi. Mais c’est pas, j’aime bien les enfants mais pas si nombreux à la fois. Et puis pour finir, dans cette bulle, y avait pas du tout l’espace que je croyais avoir, c’était très étroit et les enfants étaient nombreux dans les classes, et je me souviens plus de fatigue que de choses très très agréables. C’est vrai qu’à l’école maternelle on avait plus de temps, pour découvrir plus de choses, moins, moins tournées déjà vers l’école primaire. Et je trouvais que les collègues de grande section pensaient trop à l’école primaire. Elles travaillaient trop en fonction de l’école primaire. Et d’ailleurs, c’est là que j’ai compris qu’à l’école maternelle on pouvait faire des enfants mauvais en français, ou mauvais en maths. A partir du moment où on veut trop en faire en français, trop en faire en maths, où on ne pense qu’à après, et pas à prendre le temps des choses, et puis qu’elles soient acquises de l’intérieur, qu’on n’ait plus besoin d’y revenir, et bien on rate un petit peu sa mission. Alors, comme c’était une école maternelle avec beaucoup de classes, donc il y avait, y avait un système dans lequel je ne me serais pas , pas, pas bien plue parce que, parce que on peut pas tout seul faire des choses ... (inaudible). C’est pour ça que j’aime mieux les petites unités, les petites écoles. Voilà. Mais autrement je me suis retrouvée à J. et avec une école à 2 classes, ici aussi école à 2 classes. Ça me va, ça me va très bien, les biches dans les cassis, et les dindons qui s’échappent de la ferme, et puis les enfants qui s’éclatent dans les bouses des vaches, (rire) ça fait partie de l’école de campagne, et ça me plaît bien parce que c’est un endroit où on peut peut-être plus tenter de choses.

Oui. Vous avez beaucoup d’élèves ?

Alors on en a 46 à deux. Euh, ça monte assez, assez. C’était rare jusqu’à présent que, dans ces petites écoles, on ait des unités aussi importantes 13 CM1, 10 CM2. La couvée qui arrive c’est 19 CE2. Ça, c’est rare. On avait. à L., j’avais 3 niveaux : CE2-CM1-CM2. De temps en temps y en avait 2 dans un cours, dans celui d’après il y en avait 7 etc. Alors ça permet d’individualiser beaucoup plus le travail, les relations, on est plus libre... Oui, c’est plus souple. On nous a expliqué qu’on faisait en somme le travail par cycles avant l’heure, que c’était pas la peine qu’on se fasse tant de soucis parce qu’on le faisait déjà. Mais, entre ce qu’on fait d’une façon intuitive, en suivant les programmes, on n’a rien inventé -, et puis ce qu’on doit institutionnaliser, eh bien y a un pas que le projet ne nous a pas encore aidé à franchir. Voilà, j’ai pas de, j’ai pas vraiment de modèles. On a passé là, 6 années avec une collègue qui était très, euh, très inventive, qu’était une vraie locomotive et... qu’était très enthousiaste. Alors on osait des tas de choses, aussi bien en expression corporelle que, en montage d’un spectacle. Et ... je crois que c’est ... c’est ce qui me restera de mon passage dans le métier. Ces envies de faire les choses, et puis avec des petites unités, les 2 classes ensemble très souvent, des échanges de services. C’était très ... c’était à la fois vivant, c’était riche et puis c’était notre petite cuisine (rire). On avait pas forcément besoin d’articles dans Le Messager, nous aussi on fait ça ! (rire). Voilà, donc. Bon, ça s’est un petit peu calmé parce que c’est une autre collègue qui a repris la classe, qui, qui voulait d’abord bien se sentir dans, dans le coin, donc... Mais pour l’année prochaine, elle dit : “ dans le fond je crois que je voudrai bien essayer ce que vous aviez mis en place en matière d’échanges de services, de travail en EPS ou en expression ensemble, en activité théâtrale, des choses comme ça ”. On l’a convaincue (rire) que ça pouvait se faire effectivement dans des petits groupes, pas forcément dans des grands groupes, avec les moyens du bord : on n’a pas de salle vraiment où on peut se jeter, pour... Y a la salle des fêtes mais... Ça fait prendre l’air, voilà. Il faut composer avec l’utilisation de, que la commune en fait. On nous a fait un petit terrain de sports alors on se sent un peu comme dans un cocon... avec des crédits confortables ...

  • Ça aide

  • Oui, c’est sûr, c’est sûr. On essaie de ne pas abuser...

  • Et, c’est quelle population ?

  • C’est des enfants assez privilégiés. Les parents pour la plupart travaillent en ville ou en Suisse. Y a quasiment plus d’agriculteurs ; dans ma classe y en a pas. Y a des petits producteurs de fruits, y a un menuisier, y a des artisans mais ... on n’a pas de ... d’enfants à problèmes matériels. Problèmes familiaux , ça commence à venir, les familles sont un petit peu défaites et on commence à en voir les effets. Pour certains... C’est vrai que, qu’on a une population d’enfants sympathiques, de gens tranquilles, qui ont choisi, qui aiment leur campagne, donc ça change tout. Y a pas trop de report sur l’école de problèmes personnels. Ça se sent pas encore. Bon j’espère que ça restera comme ça, que les gens vont se débrouiller tout le temps, mais il suffit d’un ou 2 avec des problèmes particuliers, familiaux pour que dans un milieu priviligié on pense que, qu’il n’y a que ça (rire). Comme il suffit qu’il y ait un parent qui nous casse un peu les pieds pour que, on jette l’anathème sur tous les parents. Ça, c’est l’effet un peu du métier où les gens sont quand même protégés hein ! Bien sûr, on aime, on aime pas être, pas jugé mais critiqué de l’extérieur en disant : ils se rendent pas compte de ce qu’on fait, du travail qui se fait. C’est pas en regardant forcément un cahier que des parents qui sont pas dans le métier peuvent savoir ce qui s’est fait. Alors on accepte assez mal des critiques ou des remarques. Des années, on avait quand même des parents qui reportaient sur l’école leurs problèmes personnels, c’était très ... Et puis, il suffit que les enfants partent au collège, et bien les parents (rire) vont reporter leurs problèmes au collège et... On se rend compte de ça après coup, parce qu’on prend les choses très très personnellement, hein. On est assez fragilisé vu que, moi j’ai jamais travaillé à l’extérieur de l’éducation nationale. Même avec un mari qui est aux prises avec les problèmes d’aujourd’hui, on est quand même protégé, quoi, on prend mal les choses qui... Voilà, et c’est après, quand on rencontrait le principal du collège : “ mais dis-donc, on a une de ces recrues ! ”, oui, chacun son tour, que je me suis rendu compte que c’était pas, euh, c’était pas personnel, c’était pas vis-à-vis de leur travail, mais c’était ses problèmes à elle qu’elle traînait de classe en classe avec ses enfants. Alors, ça a permis de relativiser les choses. Mais il a fallu longtemps pour qu’on se dise des choses comme ça. On arrive en bout de course-là, moi j’ai bientôt fini, alors (rire)... On est un peu plus, euh, cool. Si, si, c’est vrai, on voit les choses autrement ... Bon, on se dit : “ le boulot c’est moi qui le fais, le gamin c’est moi qui le supporte, on règle nos problèmes ensemble, et les parents pas toujours dans les pieds ! ”

  • En fait, vous, c’est dans ce milieu-là, que vous vous sentez bien ? Au niveau des enfants, des enfants qui sont calmes, qui viennent de la campagne...

  • Oui. Oh, ben j’ai eu des énergumènes hein. Y en a là 2-3, l’année prochaine ça va donner, parce qu’ils seront perdus dans une classe plus importante. Là, maintenant, malgré tout, ils vont être 23 s’ils bougent une oreille, d’abord ça s’entend parce que j’aime bien travailler dans le calme. Alors on a établi des règles de vie quand même, et c’est plus facile parce qu’on est 2 petites unités, 2 petites classes avec une collègue qui a les mêmes idées que moi, sur la facilité de vivre aussi, ensemble. Chacun respecte certaines règles qu’on établit en coopérative, donc c’est plutôt les bienfaits de l’école rurale, ça, ce climat qu’on peut instaurer dans une école.

  • Vous faites une coopérative ?

  • Oui, affiliée, tout hein ! On a participé aux écoles fleuries une année. Cette année, les élèves se sont offert un camescope et ils en usent bien, hein ! Mais il n’y en a plus qui n’acceptent pas d’être vus. Et puis la semaine avant les vacances là, ils ont passé 2 jours à cuire des cakes, 75 cakes pour les vendre. Alors là, ils ont appris sur le tas ce que c’était qu’un prix de revient, ce qu’était un prix de vente (rire), les proportionnalités pour la quantité de, d’ingrédients à acheter. Oui, ils ont fait ça de bout en bout, c’était bien. Ils ont eu très peur de la quantité d’oeufs qu’il fallait (rire), 199 (rire). C’est ça, c’est, c’est la chance d’une population d’enfants avec qui on peut faire des choses comme ça. On n’a pas de problèmes d’immigration, on n’a pas de, d’étrangers ... C’est peut-être une chance pour la tranquillité, je sais pas vu que, quelques fois ça se passe pas très bien, les gens dans les campagnes sont très individualistes aussi. Les réflexions ne manqueraient certainement pas, mais y a pas de constructions collectives donc ça limite aussi un petit peu un brassage de population. On pensait que ça limiterait même la vie de l’école parce que les gens s’installent, les enfants sont là 3 ans, 4 ans et puis après y a plus d’enfants mais les gens sont toujours là, y a pas de brassage. Et puis apparemment non....

  • Qu’est-ce que vous avez pensé de votre formation à l’école normale ?

  • Ben c’est un peu court. On savait même pas remplir un registre d’appel, y a des tas de choses qu’on a apprises plutôt en stage c’était fait pour ça mais un petit peu tout seul. Bon puis c’est pas, à l’époque, l’inspection était pas organisée réellement pour aider les collègues mais pour les surveiller qu’on sentait en tout cas plutôt administrative. On peut pas dire que les conférences pédagogiques de l’époque nous aient apporté beaucoup de choses. Bon, puis après ça change. On peut appeler au-secours, on peut appeler à l’aide, on peut demander à des conseillers pédagogiques de passer, on peut demander un conseil à un inspecteur sans se prendre une leçon de l’administration. Mais euh, la formation, c’était, c’était trop court. C’était assez court. Et puis on avait pas vraiment de formation pour euh, on n’est pas que dans sa classe, on est aussi avec des gens, mais on n’a pas du tout de formation pour gérer les gens. Et puis après, il y a eu ces conseils d’école, les parents qui rentrent là-dedans, et on n’était pas non plus prêt à, bien préparé, je crois, à ce genre de chose. Bon, j’imagine que c’était beaucoup plus pour régler des problèmes dans des grands groupes, ou dans des, des grandes unités que, au niveau des classes rurales.. Mais on a appliqué la même chose à tout le monde. On s’est retrouvé aussi avec des, enfin c’est quelque chose par exemple, que je trouve pas vraiment utile. Le comité de parents au conseil d’école ... dans les petites unités comme ça, moi je règle mes problèmes de papier wc directement avec le maire, (rire) sans passer par le conseil d’école. Sans passer par le comité de parents qui se sent pas vraiment partie prenante parce que, il voudrait plutôt donner son avis sur l’enseignement et justement sur ce point on leur dit : “ chacun son métier ”. Alors ... y en a qui se sentent un petit peu frustrés ... quand on a des parents qui veulent un petit peu embêter, qui sont très tatillons, qui veulent tout savoir. Mais ça, y a pas mal de comités de parents qui le savent, on les reçoit les parents.

  • Est-ce qu’ils vous aident dans certaines activités ?

  • Ah oui. Les parents, pour cuire nos cakes dans le temps de midi, un peu à 4 heures et demie parce que, fallait pouvoir, pouvoir surveiller la cuisson jusqu’au bout. On a eu tout le monde qu’il fallait. Si on doit sortir on trouve quelqu’un. On a un peu de mal pour les activités de piscine ou de ski, parce qu’on demande un agrément, parce que c’est l’après-midi, parce que c’est aussi à des heures pas possibles. C’est plus souvent les mamans que les papas mais euh, on n’a pas, on n’a pas à se plaindre. S’il y a un petit spectacle à faire, ils sont là pour monter, pour démonter, pour... d’abord ils attendent que ça ...

  • Et vous avez de bons souvenirs d’enfants dans votre pratique ? Parmi tous ceux qui ont passé entre vos mains ?

  • Je voudrai faire le compte. Oui y a des, des enfants qui marchaient qu’à l’affectif. C’était des vrais petits voyoux mais euh, on s’entendait pas mal (rire). C’est ceux qui m’ont écrit le plus longtemps, qui ont été le plus bousculés. Oui, bon. J’aurai un souvenir de, d’un petit, là, qui que j’ai inscrit à l’école maternelle où je l’ai pas eu pendant les premières années de maternelle, ici on n’a que le cycle 3 et euh, c’était une petite bête, pas aimée, pas... Mais on l’a vu changer hein. Il nous a fait des tas de bêtises, il était pas aimé, il a manqué d’affection et c’est quelque chose qu’on rattrape très très difficilement. Et puis il a eu la chance de trouver quelqu’un qui s’occupe de lui, et maintenant, depuis 2 ans on lui a appris à se tenir à table, à manger avec une fourchette, à pas prendre un livre et puis le gribouiller comme si c’était le sien, à pas aller fouiller dans mes affaires. Il savait pas. Et puis euh, on le voit grandir. Alors on se demandait si : est-ce que maintenant il arrive à faire ce qu’il veut sans qu’on le voie c’est aussi ça la socialisation pas se faire voir, pas se faire entendre s’il y a des gros mots je veux pas les entendre alors on les dit mais bon peut-être sans que je les entende ; ça fait aussi partie des choses, savoir à qui, comment on parle à quelqu’un, à quel moment. Ou aussi, bon il a l’air très tranquille et puis les choses, petit à petit lui rentrent dans la tête. Alors on se sera donné ... on se sera donné du mal. Et puis, ce qui m’a toujours épatée, c’est que l’ensemble classe avec lequel il a toujours été, depuis petit, a toujours été d’une patience avec lui, euh, à la fois il pouvait très bien se faire rabrouer, hein il en a pleuré de la marchandise mais, par les copains et puis bon par moi aussi parce que euh, il fallait bien qu’il vive avec les autres sans qu’on soit toujours à le menacer d’aller retrouver les guêpes au grenier. Il était incapable de rester assis, d’écouter, de pas finir mes phrases, il finissait mes phrases, il parlait tout le temps, il parlait tout le temps, n’est-ce pas. Alors je voudrais être une mouche pour l’année prochaine, parce qu’il va en 6ème. Est-ce que ça va être Jeanne d’arc dans un champ de mines ? Ou s’il va ... il va se fondre dans la masse pour qu’on l’oublie ? ...J’ai écouté hier une émission sur les enfants, les surdoués, les précoces. Alors je me dis : dans le fond, (rire) c’est-peut-être un précoce, et puis il nous a échappé. Mais comme on sait pas trop comment les traiter. Abandonnons les regrets (rire) pour regarder devant. Oui, j’ai des souvenirs de certain enfant qu’était épileptique. Alors quand il commençait à me regarder, et puis c’était dans mon 1ier poste, en CP, c’était un endroit infernal. Je rêvais de lui tellement il m’énervait et euh, mais sa mère m’a pas dit tout de suite que c’était un enfant malade. Peut-être qu’elle s’en était pas rendu compte que c’était un enfant nerveusement atteint et euh, à l’époque on le soignait peut-être pas si bien. En tous cas, on les décelait pas très vite et puis il me regardait fixement, et boum (rire) il tombait en crise. Et en fait, ça m’impressionnait hein ! Mais euh, j’ai pas de, non j’ai pas de mauvais souvenir d’enfants, à part celui-là qui m’impressionnait, non seulement parce qu’il tombait raide sur le sol je me demandais jusqu’à quel point il le faisait pas quelques fois exprès, parce que j’ai eu une camarade à l’E.N. qu’arrivait à le faire, elle pouvait très bien tomber en syncope quand elle le désirait, rien que pour embêter le prof. Alors, après coup, je me disais : “ mais il doit faire pareil, celui-là ” (rire). Un autre, qui était aussi très, très infernal, et qui, pendant une inspection, passait à plat ventre sur toutes les tables. Je l’aurai mouliné et puis je pouvais pas faire comme s’il existait pas parce que ça va être pire ; tant pis, on va travailler avec les autres et je me suis dis bon... Alors après, à l’entretien, qu’est-ce qu’il va me dire sur ce R. ? Et bien c’était : “ Ah vous avez quelqu’un de très individualiste dans l’équipe ” (rire) et on a passé à autre chose. Oui... Et je sais pas, je sais ce qu’il est devenu. Mais euh ... y a plutôt des parents qui, pour qui je me serais dit : “ vraiment c’est dommage que ce soit le seul métier qu’on apprenne pas ”. Mais pas les enfants. Au contraire, des enfants qui vont s’en sortir malgré des parents comme ça, et bien c’est qu’ils ont de la santé, faut compter dessus (rire) et puis, les aider quoi. Pas des enfants hostiles. Mais j’espère que j’aurai pas eu euh, ou pas été injuste, qu’ils auront pas de souvenir d’une injustice. Voilà.

  • En fait le plus gros problème, à la limite, c’est les parents, davantage que les enfants ? Avec les enfants, ça se négociait tout de suite ?

  • Ah, oui. Moi je crois. Bon. Si vraiment on avait des enfants qui puissent pas supporter leur maîtresse ou leur maître, ou qui soient tellement bloqués que, ils font rien, euh, oui là je veux bien que ce soit de ma faute et que si on peut pas régler ça, que c’est vraiment physique question d’aura, pourquoi pas on le change d’établissement... Enfin moi j’ai pas vu , mais ça m’est pas arrivé.

  • Vous n’êtes jamais tombée dans des écoles avec des gros problèmes, des enfants avec beaucoup de problèmes ?

  • Non, non. A V. c’était aussi un milieu privilégié, c’était une grande école, 10 classes et (soupir) c’était pas, c’était hyperclassique quoi. C’était bien difficile de, bon ben moi je venais déjà d’un département plus au sud, avec des gens qu’étaient assez militaires et qui avaient un souci de la hiérarchie qui m’a toujours dépassée. Alors elles étaient, elles étaient charmantes mais elles se connaissaient depuis une quinzaine d’années et elles se vouvoyaient encore, y en a jamais une qu’était allée boire le thé chez l’autre, c’était très très cloisonné. Et puis on est arrivé à 2 ou 3 dans l’établissement, d’un autre département, et ça a un petit peu changé l’atmosphère. On a su se faire des pots quand il y avait un anniversaire, ou après une réunion et, et puis échanger aussi déjà des services, faire des choses ensemble mais ça pouvait être que très limité. D’abord c’était des établissements où il y avait 10 classes, où il n’y avait pas une salle vide, nous on allait ... pour mettre des dessins. Le problème ici, c’est le manque d’espace..... Alors c’était déjà comme ça, et on fait autant de classes et pas des salles supplémentaires alors bon, ben ici on fait des constructions, on peut pas les garder longtemps, y en a par terre, y en a partout... On avait envisagé de, d’arranger le grenier, il y a un très joli grenier. Mais alors c’est impossible : il nous faut une sortie supplémentaire, la sécurité, faut 36 portes, faut beaucoup plus de lumière donc ... Déjà on le nettoiera en activité de coopérative, ça sera pas mal (rire). Mais c’est un peu ... quoi, une classe de plus, une salle de plus. Et puis de temps en temps, un maître de plus pour faire d’autres groupes, faire ... en prendre les uns ou les autres en remédiation. Ce qu’on pouvait faire avec ma collègue, y a 5 ou 6 ans, on ne peut plus parce que quand on avait 37 gamins et quand on en a 46, ben c’est pas pareil. On pouvait faire ça. Elle en prenait, ben chacune à son tour, 3-4 enfants qu’étaient en difficulté, surtout des problèmes de lecture, et puis l’autre avait les 28 autres à faire du travail, des jeux littéraires, des jeux littéraires, des choses collectives ou des fiches individuelles, du travail en retard, quoi bon. Et quand ils sont occupés on peut à 28 ou 30 vivre dans une classe tandis qu’il y en a 3 ou 4 qui travaillent tout seuls ... Maintenant ça c’est plus possible parce que, on peut pas avoir 39 ou 40 enfants dans une salle malgré l’histoire de Prévert et puis ... alors si on était 3 pour 2 classes, ce serait l’idéal (rire).

  • Vous croyez que c’est possible ?

  • Ben je sais pas. Il suffirait d’un peu de volonté. Et puis une secrétaire qui passe, allez, 2 ou 3 heures par semaine, pour chaque petite école, itinérante comme elle aura le même travail à faire, renvoyer les papiers-machins, les états-trucs, ben voilà, ça pourrait se faire. L’ordinateur, on n’en a plus parce que c’était un engin que mon mari nous avait prêté, et il est tellement obsolète que, non on allait plus se casser la tête avec ça, alors on n’est pas encore équipé. Alors, une salle de plus pour faire différentes activités comme ... alors on s’installe partout, un petit coin de bureau, un petit coin de cuisine, alors les enfants peuvent aller partout dans l’établissement. C’est plus possible.

  • Estce que vous recevez des jeune stagiaires ?

  • Oui, oui, oui. Ben alors bon, euh, on part en stage, faut qu’on leur laisse sa classe... Mais on a reçu des jeunes qui passaient un jour, 2 jours, ou une semaine, et j’avais ma collègue, qui a passé les examens pour être maître-formateur, ce qui fait qu’elle en a reçu pas mal et, comme on travaillait ensemble, , y a ... quelques fois elles étaient en haut, quelquefois elles étaient en bas. Alors euh, bon c’est, c’est assez, pas difficile mais, c’est assez contraignant de, de ... Y a une habitude à prendre. Voilà. Donc, cette année, ça se fait pas. D’abord elle est conseillère pédagogique, donc on n’a pas, on n’a pas eu de jeunes, la collègue en bas en avait à B., elle en recevait mais je sais pas, c’est pas encore quelque chose qui se fait ça, dans les réseaux, je sais pas. Oui, ça existe encore. Je vais recevoir une petite que j’ai eue à l’école ici, qui est dans une classe et qui, que, qui doit chercher un stage en entreprise en 3ème déjà donc quand on parle d’une entreprise (rire). L’année passée aussi, y en avait une autre qui était venue et là elle a ... D’ailleurs je me rends compte que j’en ai pas parlé à l’inspection...

  • Et comment ça se passait, comment vous les voyiez les jeunes qui venaient observer votre classe? 

  • Ben ils étaient pour la plupart très motivés, et puis très demandeurs de plein de choses. Ils repartaient avec plein de photocopies (rire). Et, ils avaient envie ... de la classe. On leur laissait volontiers, on leur apportait ce qu’on avait envie de transmettre en matière de principe d’éducation, c’est peut-être un grand mot mais on en fait quand même, pas seulement de l’instruction hein, ... Ils étaient, moi je les trouvais assez motivés et, en même temps, je me disais que de les prendre si longtemps après le bac, c’est du temps perdu. Et là, j’en suis encore plus convaincue, du temps perdu pour des gens qui avaient envie d’enseigner. Y a plein d’années qu’ils auraient pu passer déjà sur le terrain, ils auraient pu y venir un peu plus tôt parce que c’est quand même dans sa classe qu’on apprend le plus le métier... Pour certains, le fait d’être non pas, de ne pas avoir fait 4 ou 5 ans d’études de plus, mais pour certains d’avoir travaillé quelques fois à l’extérieur dans des entreprises, de s’être colleté au privé, ça leur donnait un, un, une sérénité devant le métier que je trouvais qu’on n’avait pas. Et qu’ils trouvaient euh, qu’ils faisaient bien plus vite leur, leur autocritique en somme, leur analyse de leur situation, de ce qu’ils avaient fait pour la plupart. Alors, est-ce que c’est ça le bienfait des études aussi, de pouvoir voir plus vite des tas de choses, ou ça venait de la personne qui... ou le métier qui attire un certain type de gens aussi. Et non pas les études qui forment un certain type de futurs instituteurs. Et puis, beaucoup plus détachés de la hiérarchie aussi. Je pense que les jeunes qu’ont pas été, comme ça dans un moule d’école normale pendant 3 ou 4 ans, porteront peut-être moins de calicots pour (rire) revendiquer. Bon, mais leur situation s’est bien améliorée aussi quand même dans le métier.

  • A condition qu’ils y rentrent

  • Oui. ... Il y a beaucoup d’engouement. Est-ce que c’est toujours motivé par l’envie d’enseigner ? Je sais pas. On a reçu des, un jeune homme ici, que je connaissais, euh, à l’école de musique, qui avait un contact avec les enfants qui était extraordinaire, une espèce d’autorité naturelle pas à faire peur aux enfants mais un contact ... tout de suite et... après avoir tergiversé, travaillé dans le commerce alors que c’était pas du tout son truc, quand il en a eu assez d’être malheureux dans ce qu’il faisait, il s’est dit : j’y reviens. Il a refait des c’est très difficile maintenant pour rentrer à l’I.U.F.M., on peut faire des tas de trucs avant, rater complètement son concours, être jeté et c’est ce qui lui est arrivé : il avait une aptitude naturelle à l’enseignement que j’enviais, tout en étant très très sérieux, très très c’était pas du tout ollé-ollé hein c’était pensé, c’était euh, c’était analysé, c’était réfléchi, il avait une lucidité sur lui-même que j’avais pas à son âge. Et, bon c’est peut-être le fait aussi, d’être... de s’être frotté à des choses pas toujours agréables, on a été super protégé. Or il a boulé le concours. Alors il a été en passer un dans le Jura. Je crois que maintenant on ne pourra plus aller passer des... ses concours dans d’autres départements. Enfin j’espère que... on est au mois de juin, ça devrait être ... y a encore d’autres examens après, c’est encore pas tout, tout net pour lui, mais j’espère grandement qu’il viendra dans le métier parce que, (rire) il lui fera du bien. (parce que ) c’est un concours, c’est l’esprit d’un concours. Plus y a de monde et plus euh, on a des critères complètement fous, qui sont les critères d’un concours, d’un travail rédactionnel, je trouve que c’est un devoir, c’est l’écriture, c’est l’expression, mais y rien ...

  • les aptitudes qui sont l’écoute, le respect de l’autre, qui sont s’adapter...

  • Oui, ben no, non, non. Et puis c’est un métier qui est très prenant. Ça nous en prend des heures dans la journée, ça ; après 4 heures et demie ; donc le travail de préparation, c’est quand même rudement lourd et il prenait ça vraiment bien, il en a passé des heures et des heures. On en tient pas compte. Mais même les gens qui sont en 1ère année, qui font des stages, qui font des mémoires, on en tient pas compte dans leurs cours après. Je sais même pas si ça leur apporte des points. Peut-être l’année d’après, s’ils ont réussi ! Je serai incapable de dire à quelqu’un comment faire instituteur maintenant... En tout cas, ça a pas encouragé mes enfants à devenir instituteur...

  • Vous avez beaucoup d’enfants ?

  • 3. C’était trop de temps, trop de temps passé.

  • Mais ils sont grands ?

  • Oui,oui. J’ai des petits enfants plus grands que moi ! Oui, c’est vrai la 1ère a bientôt 13 ans. Et je pense pas qu’elle ait envie de faire de l’enseignement non plus. Mais bon c’est pas parce qu’elle me voit, qu’elle me voit vivre là-dedans. Donc elle est pas encore décidée à faire quoi que ce soit. C’est un beau métier hein ! On peut pas parler de routine là-dedans.

  • Ça dépend. Vous avez été à l’école normale. Vous avez pas eu un certain...

  • M. Oui, c’était clairement dit que, euh, il était à l’école normale pour ses cigarettes hein, son argent de poche ! Son travail c’était la peinture, c’était ... Bon, je pense aussi qu’il y a des choses qui changent pas tant que ça. La psychologie, ma foi, y a des principes qui doivent être, qui doivent être, qui doivent être étudiés de la même façon.

  • Oui y a quand même des recherches en psychologie qui vont faire que, par exemple, maintenant on sait qu’il faut absolument motiver le travail, on sait qu’il faut compter avec l’affectivité et que c’est par là que l’apprentissage rentre, enfin y a certain nombre de recherches dans ces domaines-là, mais est-ce que ça passe ?

  • Moi je crois pas. Moi je croyais que la psychologie ça allait servir à mieux connaître les gens. Tu parles, c’est pas ça du tout, on apprend aussi sur le tas. Pourtant on a eu avec M. des cours de psychologie de l’enfant qui, qu’étaient assez euh, pratiques, praticables, qu’on pouvait revoir bien sûr, avec le fait que, quand on est jeune, on a des trucs, très, très, très catalogués... des tas d’utopies, surtout pas essayer de les mettre en pratique. Oui, mais bon, cette pédagogie de cycles ou de niveaux euh, c’est très très vite limité. Chacun va à son niveau, il faut des rouleaux de paper board pour le programme de chacun, ne serait-ce que sur une semaine, et puis euh, moi au bout de 3 jours on a essayé hein franchement au bout de 3 jours je sais plus où on en est, je sais plusoù... Et puis bon sang dans la vie, on fait pas un examen pour des plus lents, des plus faibles, c’est le même pour tout le monde, hein. Alors faut pas non plus leurrer les enfants en disant : on va aller à ton rythme, on va aller petit à petit parce que lui, il en fera de moins en moins. Quand même de ce côté-là, avec 2-3 enfants on a essayé d’adapter et puis ils ont essayé de nous truander pour finir. On peut aussi considérer qu’on apprend dans la douleur, pas seulement en s’amusant. Les gamins en question ils avaient vite compris que, qu’on leur en donnait beaucoup moins à faire, ils faisaient pas en sorte que ce soit parfait. Alors j’ai dit : ben le contrat maintenant c’est tu fais tout ce que tu peux, tu fais comme tout le monde, comme les autres. (rire) Parce que, fallait bien aussi qu’il ait vu les mêmes choses. Alors autrement, c’est pas... y a certainement de belles idées, moi je voudrai bien les voir pratiquer, je voudrai bien voir fonctionner quelqu’un euh, avec des, des groupes de niveaux où les enfants vont à leur rythme mais avec une classe de 23-25 hein ! Pas avec une classe de 7-8. On a vu une année, 7-8 enfants en CM2, on faisait aussi des échanges de services et si, parmi ces 7 ou 8 y en avait 4 qu’étaient pas du tout bien en français, en expression écrite donc le travail achevé du français ( ?) Et bien s’ils avaient été dans une population de classe plus nombreuse, ils s’en sortaient pas ! Et là, cette année-là, avec B., on les a vraiment tirés de leur gangue, parce qu’on a pu s’occuper d’eux. Ils n’ont jamais doublé une 6ème, ni une 5ème.Voilà, donc mais dans une population de classe comme cette année, c’était pas possible. Ç’aurait été le, le minimum. Et puis oui, ils se seraient peut-être moins activés aussi parce que c’était, on n’aurait pas été là tout le temps, on les aurait bousculés plutôt que les encourager. Donc tout aurait été différent par le nombre. Alors moi je voudrai bien voir fonctionner ça ... notre projet c’est l’autonomie et euh, on s’était dit : “ ben dans notre emploi du temps on va aménager des journées où il y aura un programme de travail pour la journée ”. Y a ça bon. Ça, ça peut encore aller. Mais dans ce programme-là, les enfants qui sont lents, ils sont encore en difficulté, parce qu’il faut quand même qu’ils arrivent même si on module certains exercices faut quand même qu’ils arrivent à faire, euh, à faire les notions qu’on a envie qu’ils aient vues quoi. Et puis on les fait à un niveau de travail qui est plutôt une application qui est plutôt une application de quelque chose qu’on a déjà dû travailler, pas quelque chose qu’est à découvrir tout seul. J’ose pas. D’abord on n’a pas beaucoup de temps. Parce que, quand on les laisse découvrir, quand on y va petit à petit ben il faut 3 semaines là où en étant un petit peu plus efficace plus vite parce qu’il y a 2 cours, parce qu’ils sont nombreux, et bien on leur laisse pas forcément à tous le temps d’avoir fait comme si... ils avaient trouvé eux-mêmes.

  • C’est peut-être ce que vous disiez à propos de la maternelle en fait, des enfants qu’ont besoin de peu de temps et qui assimilent très vite, et puis y en a d’autres qui ont besoin de plus de temps et d’y revenir beaucoup plus longtemps

  • Et de passer par un autre biais Et moi je compte assez sur les études dirigées. Ça c’est quelque chose qui devrait euh, marcher assez bien parce qu’on voit vite les effets de ce qu’on met en place. Et, je trouve que cette année en tous cas, en faisant plus confiance aux enfants quand ils s’analysent : oui je fais ça, je fais ça pour apprendre une leçon ou je fais pas ça, je fais pas ça. On a des sortes, des affichettes, ce qu’ils devaient (faire). Et puis on s’est dit : c’est pas la peine de s’inventer des histoires hein, ce qu’on dit c’est vrai, c’est du vrai et y en a un qui a dit ; là j’ai été sûre, ils ont été francs. Y en a un qu’a dit : “ oh, moi, (soupir) j’attends, j’attends le matin, le dernier moment, j’ai pas envie ”. Ils ont dit : “ j’ai pas envie, j’ai jamais envie ”. Y en a un qui dit : ” moi, j’apprends tout par coeur ”. Et un autre : “ Oui, mais si tu comprends rien, c’est pareil , Ah oui mais je sais par coeur ”. Y a eu des discussions, y a eu une ambiance qu’a changé dans la classe parce que, on a respecté ce que chacun pouvait avoir de particulier, ce qu’il pouvait donner comme trucs à ceux qui en avaient pas ou qui en voulaient et puis euh, je dis pas aux enfants : “ t’as rien fait ! T’as pas travaillé ”. Je lui dis : ” comment t’as fait ? Qu’est-ce qui s’est passé ? A quel endroit ça a péché ? ” Et ils arrivent à aller voir, et ils arrivent à dire... On s’est donné un contrat : “ tu choisis une chose que tu vas essayer de faire pour améliorer ça, puis ça ”. Oh, y a des petites gamines qui en font trop, on a des filles enfin qui en font trop tu vas essayer d’être, de lire un peu autre chose et puis d’aller jouer et pas de recopier des trucs bêtement que ça sert à rien... Faut être feignant intelligemment ! (rire). C’est un peu le truc de l’école. Alors ils ont essayé et, en tous cas sur des enfants de cet âge-là on a encore cette prise, qui... qui était affective. On dit : “ on t’écoute, on t’aime, on te respecte ”, c’était ça. Et ben ça a rudement bien marché Et..., et ça je compte un peu sur ce biais des études dirigées pour encourager certains à ce que l’école ce soit vraiment leur boulot, c’est leur affaire. Ils peuvent pas y échapper, alors il faut quand même qu’il y ait du sens ... “ Tu sais pourquoi t’es là ? Et tu pourrais aller chercher des champignons, tu serais bien mieux dehors . Faut aussi être heureux dans la vie. Si ça te plaît pas, tiens prends tes affaires, sauve-toi, tiens tes cannes et ton chapeau ”. Alors ils se disent : “ bon peut-être là, faire un petit effort ” (rire). Alors ça marche, un jour ou 2. Je sais pas quel truc on pourrait encore essayer. Mais en tous cas les... ces études dirigées, avec cette façon de travailler sur les méthodes... puis en 6ème aussi c’est bien suivi hein ! Ils travaillent bien comme ça. De plus en plus, sur euh, un petit peu un retour sur soi, et puis affirmer ce qu’on, ce qu’on réussit bien aussi, mettre en valeur. Y a un gamin qui me disait : “ non moi j’ai jamais envie, je suis peut-être feignant ”. Je lui ai dit : “ moi quand je te vois jouer au foot, et bien je sais que t’es pas feignant. Ah oui ? Tu vois, c’est que tu peux réussir quelque part. Il faudra peut-être que tu fasses un petit effort pour essayer de réussir ailleurs parce que tu peux ” (rire). Ah oui, qu’est-ce qu’il faut faire avec celui-là. Quand on sait qu’en plus, à la maison, il a pas du tout d’aide, c’est ça. Alors j’ai dit : “ tu peux compter que sur toi, personne, personne ne va t’aider mais ça tu peux te faire confiance ”. Et puis il me dit : “ Ah ça, j’ai bien fait, hein ? C’était bien ça ”. Je dis : “ oui, c’est vrai, tu me l’a enlevé de la bouche ”. C’est quand même plus confortable. Ah ouais... On les a 6 heures par jour mais on a peu de prises sur eux, ils sont ¼ heure à la maison, ben ça y est, ils sont dans le milieu et c’est, c’est, et puis c’est normal. Et on n’a pas prise sur les parents, on ne les voit jamais. Alors la 6ème, ça va être dur, dur parce que... ils savent bien utiliser un cahier de textes, ils promettent bien, je dis : bon on a quelque chose à faire, on s’est organisé de telle sorte que tous les jours on revienne sur telle matière comme l’année prochaine. L’histoire, la géographie, la science, la géométrie, ça, ça revient à dates régulières donc on utilise le cahier de textes. Parce qu’on (ne) doit plus donner de devoirs mais les enfants doivent savoir utiliser un carnet de textes. Comment faire sinon s’organiser, pas ollé-ollé mais un peu comme l’année prochaine. Alors... Et la plupart n’attendent pas la veille pour déjà ils ont pris ça comme contrainte pour lire les leçons...