Les graphismes de base de l’écriture sont loin d’être les mêmes pour tous. Pour Chaumin et Lassalas, les quatre mouvements fondamentaux sont les suivants :
Pour Casteilla, deux graphismes sont à la base de l’écriture : les boucles à l’endroit et les boucles à l’envers. Il est là en complet désaccord avec Valot pour qui, en ce qui concerne les éléments moteurs, ’les éléments de base, toujours les mêmes, sont réduits en nombre. Points, bâtonnets, lunes - auxquels s’ajoutent les boucles. Mais on ne répétera jamais assez que la boucle, qui jouit cependant d’une faveur usurpée, ne fait pas partie de la lettre proprement dite, du modèle à entrer en mémoire’98 ; il ne la rejette pourtant pas des graphismes à réaliser à cause de son ’importance dans le rythme du tracé et de la dynamique musculaire’99. Quant aux éléments perceptifs de base, ils sont, pour lui, au nombre de deux : le bâtonnet et la demi-lune. Octor et Kaczmarek, quant à eux, pensent que les graphies de base sont les suivantes : cercle, verticale, horizontale, oblique, pont, pointes, crochet, vagues, boucle supérieure, boucle inférieure. Hebting cite le trait (vertical, oblique, horizontal, la coupe, l’arceau (coupe à concavité inférieure), le cercle, la boucle, l’escargot et achève sa liste par un ’etc.’ qui laisse entendre qu’il en existe d’autres. L’exemple de l’escargot montre bien qu’une fois encore c’est la trace qui est prise en compte et non la trajectoire, dont il ne parle pas. Après avoir nommé les différents graphismes de base, il montre qu’en ’combinant les formes, les tailles, en les multipliant’100, on obtient des graphismes plus complexes.
Berthet n’utilise pas le concept de graphisme de base. Elle met l’accent sur la trajectoire, sur l’acte graphique plus que sur la trace. Cela ne l’empêche pas de faire réaliser des formes que d’autres auteurs considèrent comme graphismes de base, mais c’est d’abord la maîtrise du geste qu’elle vise. Rien d’étonnant à cela puisqu’elle s’inspire des techniques pictographiques d’A. Denner et des techniques scripto-graphiques de M. Auzias, celles-ci ayant travaillé dans une optique psychomotrice au sein de l’équipe de J. de Ajuriaguerra.
Commentaires
Nous constatons que mouvements, graphismes, éléments moteurs, graphies, semblent être considérés comme des termes équivalents par la plupart des auteurs. Or, il y a là des éléments qui relèvent de l’acte graphomoteur (mouvements, éléments moteurs), d’autres de la trace (graphismes, graphies), confondus dans les écrits consultés. Même chez Valot, qui s’attache à distinguer des éléments moteurs et des éléments perceptifs, on voit mal sur quoi se fonde cette distinction et ce qui lui permet d’inclure les formes graphiques dans l’une ou l’autre de ces deux catégories. Aucun des auteurs consultés ne démontre en quoi les graphismes qu’il présente sont des graphismes de base de l’écriture, ce qui semblerait d’autant plus indispensable qu’ils sont en désaccord entre eux sur ce point.
Le seul auteur qui ne parle pas des graphismes de base tout en faisant travailler le geste graphique en préparation à l’écriture est Denise Berthet. Elle reprend ou s’inspire des techniques pictographiques élaborées par A. Denner et des techniques scripto-graphiques élaborées par M. Auzias. L’attention se trouve donc centrée sur l’acte plus que sur la trace. Comme nous l’avons dit, Denner et Auzias ont fait partie de l’équipe de J. de Ajuriaguerra et se situent donc dans une optique psychomotrice. Mais leurs techniques pictographiques et scripto-graphiques n’étaient pas, à l’origine, destinées à la préparation des jeunes enfants à l’écriture. En effet, il s’agissait de rééducation pour des enfants qui présentaient des troubles graphomoteurs. Nous retrouvons ainsi une autre question, celle du passage du champ rééducatif au champ pédagogique. Est-il pertinent de reprendre des techniques destinées à la rééducation pour préparer les jeunes enfants à l’apprentissage de l’écriture ?
VALOT, C. : op. cit. p.15.
ibid.
HEBTING, C. : op. cit. p.24.