En ce qui concerne la tenue du crayon, Valot laisse le choix à l’enfant à condition que ce soit à une certaine distance de l’extrémité. Comme lui, Octor et Kaczmarek suggèrent de faire expérimenter de nombreux outils, en respectant ’une règle d’or : plus l’enfant est petit, plus le diamètre de l’outil doit être important’101. Mais, alors que Valot conseille de ’privilégier petit à petit [...] le crayon bille, bleu ou noir’102, ils préconisent d’aboutir à l’utilisation du stylo-plume, pour des raisons d’identification à l’adulte ! Ils en décrivent la tenue entre pouce et index avec le majeur en appui latéral, tenue à laquelle, selon eux, il est indispensable de veiller ; ils conseillent d’intervenir dès que des difficultés apparaissent sur ce plan. Si Berthet est également favorable à l’utilisation de cet outil, elle en décrit plus précisément la tenue : ’L’instrument se tient entre le pouce et l’index, le majeur servant de support, le bout de l’index à deux centimètres environ de la pointe de l’outil. Il faut veiller à ce qu’il ne soit pas trop serré, pour éviter des tensions, en vérifiant si le crayon peut glisser ou s’il est bloqué dans la main’103. Calmy suggère de commencer par l’usage de la craie, de poursuivre ensuite par le crayon noir assez gras et le stylo à bille de bonne qualité, ceci à l’école maternelle ; elle ne donne aucune indication à ce sujet en ce qui concerne l’école élémentaire. Elle insiste aussi sur le nécessaire contrôle de la tenue de l’outil scripteur, notamment sur le plan tonique.
Rieu et Frey-Kerouedan ne préconisent aucun outil en particulier, soulignant simplement que l’enfant aime en changer ; ils ne parlent pas de son mode de préhension. Hebting, faisant référence à l’histoire, met en évidence que c’est d’abord le support qui détermine l’outil ; aujourd’hui, le papier permet l’utilisation d’outils divers qui ’sont à la disposition de tout un chacun selon ses préférences. Ces outils ne demandent qu’à honorer l’écriture et, comme de tous temps, la main et l’esprit de celui qui les manie’104. S’il laisse libre le choix de l’outil, ce n’est cependant que dans une certaine mesure car il se montre favorable à l’utilisation du stylo à bille à condition qu’il ne soit pas trop lourd, qu’il soit d’une grosseur adaptée à la motricité de l’enfant (plus gros en maternelle qu’en CP), que son extrémité soit effilée et que sa pointe soit assez fine. De plus, il doit être tenu correctement, souplement et pas trop près de l’extrémité. Faut-il apprendre aux enfants à tenir leur crayon ou les laisser le prendre à leur façon ? Faut-il leur imposer l’outil scripteur ? Il n’est pas possible de répondre à ces questions sans se référer à des éléments théoriques.
En ce qui concerne les supports d’écriture, l’utilisation du plan vertical est préconisé par Valot et par Berthet qui cite aussi Calmy : ’Il faut de grands tableaux à hauteur de l’enfant, des ’murs à écrire’ au-dedans et au-dehors pour que l’enfant puisse marcher en écrivant’105. Mais Calmy conseille ces outils verticaux pour l’apprentissage du geste graphique en maternelle, mais pas pour l’apprentissage des lettres et de leur liaison à l’école élémentaire. Hebting, qui suggère aussi de simuler la lettre dans l’air, utilise le tableau seulement pour les enfants qui ont des difficultés.
Sur plan horizontal, Valot suggère l’utilisation de plusieurs outils : ardoise, planchette, plaque de pâte à modeler... et, bien sûr, la feuille de papier. Si Hebting privilégie celle-ci, il fait aussi utiliser l’ardoise. Les autres auteurs se limitent à l’usage de la feuille de papier. Plusieurs auteurs recommandent le papier non ligné qui permet des tracés en grand format. Berthet va même jusqu’à l’usage de grandes feuilles de 40 x 50 cm ; dans ce cas, il ne s’agit plus seulement d’écrire des lettres mais de faire des exercices de grande progression, comme avec les ’murs à écrire’ de Calmy en maternelle. La réduction progressive du tracé est admise par tous. La ligne est perçue par certains comme une contrainte qui introduit une difficulté supplémentaire pour le jeune scripteur et risque même de le bloquer. D’autres pensent qu’elle est une aide extérieure dont l’enfant n’a pas besoin, qui lui évite l’effort interne de recherche de l’horizontalité. Quelle que soit la conception de son rôle, il y a au moins accord sur le fait qu’il est préférable que le papier ligné ne soit proposé ou imposé à l’enfant que dans un second temps. Octor et Kaczmarek proposent le pli du papier comme transition entre papier vierge et papier ligné. La ligne de base, unique, sera employée avant de passer à deux lignes dont l’intervalle se réduira progressivement. La réglure Seyès sera la dernière étape de la miniaturisation de l’écriture.
C’est sans doute sur les supports utilisés que l’accord entre les auteurs est le plus important, même si l’argumentation diffère parfois, par exemple en ce qui concerne la ligne, comme contrainte supplémentaire ou aide inutile voire néfaste. La proposition de l’usage du pli, qui est faite dans un seul ouvrage, peut être interrogée car la difficulté d’écrire sur une feuille qui a été pliée paraît évidente.
OCTOR, R. et KACZMAREK, J. : op. cit. p.24.
VALOT, C. : op. cit. p.14.
BERTHET, D. : op. cit. p.101.
HEBTING, C. : op. cit. p.11.
CALMY, G. : 1976, op. cit.