3.2 Nécessité d’une connaissance de l’acte d’écrire

Ajuriaguerra et Auzias, ainsi que Lurçat, ont effectué une étude génétique de l’acte graphique. Ils ont donc réalisé une analyse précise de cet acte et de son acquisition progressive par l’enfant. Qu’en font-ils ? Ajuriaguerra et Auzias utilisent les connaissances ainsi acquises pour élaborer une méthode de rééducation de l’écriture. Auzias ne se préoccupe pas de fournir à l’enseignant la connaissance de l’évolution de l’acte graphique chez l’enfant. C’est elle-même qui s’appuie sur les travaux qu’elle a menés avec Ajuriaguerra pour fournir aux enseignants une méthode faite de techniques qu’ils peuvent appliquer. Au contraire, Lurçat pense que ’la connaissance des étapes précédant les apprentissages proprement dits et de celles qui coïncident avec les apprentissages est utile en pédagogie, pour l’éducation et la rééducation. Elle permet d’individualiser la pédagogie en tenant compte des possibilités actuelles de chacun’²⁰³. Si Lurçat donne quelques indications pédagogiques, ce n’est pas une méthode que l’enseignant peut simplement mettre en application. C’est donc l’enseignant qui doit acquérir cette connaissance. C’est aussi le point de vue de Charmeux qui a le souci que soient prises en compte à l’école les particularités individuelles des enfants. Mais, bien qu’elle reconnaisse la complexité de l’acte graphique, l’analyse qu’elle en fait demeure sommaire. Elle en identifie simplement une composante motrice et perceptivo-motrice et une composante cognitive. Elle en déduit que, pour maîtriser l’acte d’écrire, l’enfant doit acquérir ’trois capacités motrices et perceptivo-motrices :

• la capacité à manipuler les outils permettant de tracer ;

• la capacité à utiliser les supports - feuilles de papier ou autres - sur lesquels s’effectuent ces tracés ;

• la capacité à reproduire un tracé perçu visuellement’²⁰⁴.

Charmeux reconnaît dans l’acquisition de cette dernière capacité une triple difficulté :

• ’celle d’observer chaque détail sans perdre la relation avec l’ensemble, difficulté d’attention soutenue ;

• celle d’enregistrer les données de cette observation ;

• celle de traduire ces données en actes permettant de les reproduire’²⁰⁵.

Charmeux indique aussi les composantes cognitives de l’acte graphique. Mais l’on voit qu’en ce qui concerne les composantes motrices et perceptivo-motrices, elle reste très brève.

On peut constater que plus un auteur donne d’indications pédagogiques précises, moins il demande à l’enseignant de connaître les processus en jeu chez l’enfant. C’est pourquoi seules Charmeux et Lurçat se soucient de la formation des maîtres, Auzias leur fournissant une méthode à appliquer.