TROISIEME PARTIE
PSYCHOMOTRICITE ET ECRITURE

En 1972, les programmes et instructions officiels émanant du Ministère de l’Education Nationale reconnaissaient que les progrès dans l’acte d’écrire sont sous la dépendance des possibilités psychomotrices de l’enfant. C’est pourquoi ils préconisaient de développer l’habileté motrice et la conscience du corps. S’exprimait ainsi une conception fonctionnelle de l’acte moteur selon laquelle la motricité se trouve en situation d’interdépendance avec l’intellect.

Beaucoup de manuels qui traitent de la préparation à l’apprentissage de l’écriture utilisent des concepts de la psychomotricité : schéma corporel, latéralité. Certains utilisent des exercices issus de la rééducation psychomotrice de l’écriture. Calmy préconise une éducation psycho-motrice du geste graphique et s’appuie sur les lois du développement psychomoteur. La méthode du Bon départ est à la fois une méthode d’apprentissage de l’écriture et une forme de rééducation psychomotrice.

Quelques chercheurs qui se sont intéressés particulièrement à la pédagogie de l’écriture ont été ou sont encore impliqués dans la psychomotricité. Ainsi en est-il d’Auzias, qui a travaillé avec Ajuriaguerra, et de Lurçat qui écrit parfois dans la revue Evolutions psychomotrices, particulièrement sur les problèmes touchant à l’écriture. Charmeux, bien que n’étant pas impliquée dans la psychomotricité, la mentionne cependant comme élément de préparation à l’écriture.

Les psychomotriciens sont consultés par les enfants dysgraphiques. La rééducation (ou la thérapie) psychomotrice est donc un moyen de parvenir à résoudre les troubles de l’écriture.

La psychomotricité concerne donc, d’une part la rééducation et la thérapie, d’autre part l’école, la pédagogie. Elle est effectivement un domaine professionnel, celui des psychomotriciens. Mais elle a aussi été un domaine de rééducation dans le cadre même de l’Education Nationale : celui des R.P.M., les rééducateurs en psychomotricité. En outre, il s’est développé un courant d’éducation psychomotrice qui a touché particulièrement l’école maternelle, mais aussi l’école élémentaire. S’agit-il de la même chose dans les trois cas ? Des ouvrages ont aussi traité conjointement de l’éducation et de la rééducation psychomotrices, les distinguant peu ou pas du tout. Qu’est-ce donc que la psychomotricité ?

Si la psychomotricité nous intéresse dans le cadre de ce travail, c’est qu’elle est en relation avec la pédagogie de l’écriture. Mais pourquoi concerne-t-elle l’écriture ?

Nous avons vu que certains exercices de préparation à l’apprentissage de l’écriture ont été empruntés à la rééducation élaborée par Ajuriaguerra, Auzias et Denner. Auzias a elle-même proposé, pour l’apprentissage de l’écriture, des techniques qu’elle a ’utilisées avec succès’237 dans le cadre de la rééducation. Ce transfert de la rééducation à la pédagogie est-il pertinent ?

Notes
237.

AUZIAS, M. : 1966, op. cit. p.6.