QUATRIEME PARTIE
PROPOSITIONS POUR UNE PEDAGOGIE PSYCHOMOTRICE DE L’ECRITURE

En 1972, les Instructions Officielles soulignaient l’importance de la préparation à l’écriture du fait que ’le progrès de l’écriture dépend des possibilités psychomotrices de l’enfant’511. Des auteurs de manuels et des chercheurs ont également reconnu la nécessité de développer des compétences psychomotrices pour préparer et accompagner l’apprentissage de l’écriture. Il est donc nécessaire que l’enseignant connaisse le développement psychomoteur et maîtrise les concepts psychomoteurs. Nous l’avons vu, ce ne sont pas les manuels d’écriture qui peuvent lui apporter cette connaissance et cette maîtrise.

Nous avons souligné également l’importance pour l’enseignant de connaître les éléments mis en jeu dans cet acte complexe qu’est l’écriture et d’avoir des repères en ce qui concerne son acquisition par l’enfant. Il peut, pour cela, se référer aux travaux d’Auzias et Ajuriaguerra, ainsi qu’à ceux de Lurçat. Mais la psychomotricité peut les compléter dans la constitution de cette connaissance et pour l’observation de l’enfant scripteur.

C’est par ses troubles, par les difficultés rencontrées par des enfants dans son apprentissage que l’écriture a concerné d’abord la psychomotricité. Si, aujourd’hui, ces difficultés motivent des consultations chez les psychomotriciens, elles étaient auparavant traitées par une rééducation spécifique de l’écriture considérée déjà comme une thérapeutique psychomotrice. C’est par Ajuriaguerra et son équipe qu’avait été élaborée cette forme de rééducation. C’est aussi à Ajuriaguerra que l’on doit la création de la profession de psychomotricien. La rééducation de l’écriture concerne donc la psychomotricité.

Mais la psychomotricité n’est pas qu’une rééducation ou une thérapie. Il existe aussi une éducation psychomotrice qui s’est développée à l’école primaire (maternelle et élémentaire). Ses références théoriques sont multiples, mais il y a eu plusieurs tentatives de synthèse et d’établissement d’une théorie psychomotrice. Ainsi, Le Boulch a établi une théorie du mouvement humain qui débouche sur une pratique de formation, entre autres pour l’école primaire. En ce qui concerne le courant psychopédagogique de l’éducation psychomotrice, c’est chez Vayer surtout, et chez Lapierre et Aucouturier que l’on trouve une construction théorique. Qu’il s’agisse de la psychocinétique de Le Boulch ou de l’éducation psychomotrice psychopédagogique élaborée et exposée par d’autres auteurs praticiens, la psychomotricité investit tout le champ pédagogique. Elle concerne donc, entre autres, la pédagogie de l’écriture.

Notes
511.

LETERRIER, L. : 1973, op. cit. p.105.