2.Eléments de théorie psychomotrice

La psychomotricité existe comme pratique professionnelle, celle des psychomotriciens, mais aussi comme orientation de la pratique éducative. Ces pratiques sont nécessairement sous-tendues par des éléments philosophiques et théoriques.

2.1.Le rejet du dualisme corps-esprit

La psychomotricité est née du rejet du dualisme corps-esprit. L’être humain est une totalité, non pas corps d’un côté et esprit de l’autre, mais unité fondamentale. C’est la conviction des promoteurs et des praticiens de la psychomotricité. Mais celle-ci ne serait-elle qu’ ’affaire de croyances et d’espérances qui ont fluctué au gré du temps’527, comme l’affirme Fauché qui ajoute qu’ ’un siècle de pratiques psychomotrices n’a pas dissipé le mystère des connivences du corps et de l’esprit’528.

Il nous paraît légitime que cette conception unitaire de la personne soit interrogée. Mais, à partir du moment où l’on cherche à comprendre, on analyse ; or, analyse vient du grec analusis qui signifie décomposition. Comment, dès lors, appréhender l’unité de l’être sans passer par les éléments qui le composent ? Pourtant, c’est parce que Le Boulch distingue des facteurs psychomoteurs et des facteurs d’exécution qu’Arnaud lui reproche ’un véritable morcellement des structures responsables de l’effection motrice’529. Or, la psychocinétique repose sur une analyse fonctionnelle.

L’unité de l’être ne peut être appréhendée véritablement que dans le vécu personnel. Elle échappe nécessairement toujours à l’analyse intellectuelle. Elle est existentielle et non pas rationnelle. Toute tentative pour la comprendre et l’expliciter est, de ce fait, partiellement vouée à l’échec et restera toujours en deçà de la réalité. Les références multiples et diversifiées de l’éducation psychomotrice sont indispensables pour approcher cette unité. Mais leur juxtaposition ne suffit pas. Elles doivent être intégrées à une élaboration théorique cohérente. Trois tentatives ont été faites en ce sens dans le domaine de l’éducation psychomotrice : une par Le Boulch, une autre par Vayer, une dernière par Lapierre et Aucouturier. Peuvent-elles nous permettre de nous situer dans une perspective d’éducation psychomotrice pratique, particulièrement en ce qui concerne la pédagogie de l’écriture ?

Notes
527.

FAUCHE, S. : Du corps au psychisme, histoire et épistémologie de la psychomotricité, PUF, Paris 1993, p.316.

528.

ibid.

529.

ARNAUD, P. : op. cit. p.124.