3.5.Organisation temporo-spatiale

Quelle que soit l’orientation éducative que l’on choisit, elle se situe dans un espace et un temps donnés. L’éducation psychomotrice n’y échappe pas.

Quel que soit l’auteur auquel nous nous référons parmi ceux que nous avons retenus, l’éducation psychomotrice qu’il préconise prend forme dans des séances spécifiques. Pour Le Boulch, il s’agit des séances d’éducation physique de l’école primaire (maternelle et élémentaire). Pour Vayer comme pour Vayer et Roncin et pour Lapierre et Aucouturier, il s’agit de séances de vécu corporel ; il en est de même pour Lapierre qui a travaillé avec des enfants de maternelle et pour Donnet qui s’appuie sur les travaux d’Aucouturier pour effectuer des séances de psychomotricité avec de jeunes enfants. Il existe donc des temps spécifiques d’éducation psychomotrice. Vayer y inclut l’éducation graphique qui prépare à l’écriture.

Vayer et Roncin travaillent parfois avec des groupes restreints d’enfants. Le plus souvent, ils modifient l’organisation spatiale de la classe, voire changent de local pour avoir un espace suffisant d’action pour l’ensemble de la classe et des espaces de petits groupes, avec des tables, dans lesquels les enfants peuvent dessiner ou utiliser des jeux. Donnet aménage spécialement l’espace de la salle afin de distinguer un espace sensori-moteur, un espace de jeu symbolique et un espace de la représentation. L’organisation spatiale constitue donc un élément important pour l’éducation psychomotrice.

Nous avons déjà dit que nous n’étions pas favorable à la passation d’un examen psychomoteur dans le cadre scolaire. Par contre, nous préconisons une observation psychomotrice de l’enfant en situation. Les séances de vécu corporel, qu’on les considère comme des séances de motricité ou qu’on les classe dans l’éducation physique, constituent des moments privilégiés d’observation de la motricité large. Mais l’observation psychomotrice ne se limite pas à ces séances spécifiques. C’est dans toutes les activités de la classe que l’enseignant peut observer l’enfant.

De la même façon, les actions pour aider l’enfant à progresser ou remédier aux difficultés qu’il rencontre peuvent se faire dans toute la vie de la classe, dans toutes les disciplines scolaires. L’enfant est corps en permanence, pas seulement dans des activités spécifiques d’éducation corporelle.

La dimension psychomotrice peut être présente dans toutes les activités scolaires, bien que sous des formes diverses. Ainsi, l’éducation physique et sportive est un lieu d’observation et de développement tout à fait important de la motricité large ainsi que d’un vécu particulier de la relation à l’espace, au milieu physique et aux autres. Des activités d’intériorisation peuvent y trouver leur place, favorables à l’intégration du schéma corporel et au développement d’une image du corps opératoire. De telles activités favorisent aussi les capacités d’attention. Celles-ci peuvent également être améliorées par les arts plastiques qui permettent aussi un développement de la motricité, notamment de la motricité des membres supérieurs. Il en est de même des activités instrumentales en musique. Ces disciplines artistiques visent aussi l’affinement des capacités sensorielles. Mais le corps n’est pas absent des disciplines plus cognitives et l’enseignant peut observer les modulations toniques dans toute la vie de l’enfant à l’école et l’aider à obtenir une meilleure régulation tonico-motrice et tonico-émotionnelle. Ceci peut passer par la mise en jeu de la fonction d’intériorisation, mais aussi par des activités dans lesquelles l’expression est favorisée. A travers cette attention au corps, c’est à la personne de l’enfant que l’enseignant est attentif.

Nous venons de présenter les éléments généraux d’une pédagogie psychomotrice. Elle repose sur une conception unitaire de la personne, rejetant le dualisme corps-esprit qui demeure très présent dans notre société. Le corps devient ainsi fondamental pour le développement de l’enfant parce que c’est par lui que celui-ci est en relation avec son environnement. Une pédagogie psychomotrice s’appuie sur les connaissances du développement de l’enfant et l’enseignant est amené à s’intéresser à tout ce qui permet de comprendre le fonctionnement humain. Les écrits de ceux qui ont élaboré une éducation psychomotrice peuvent constituer une référence pour les enseignants qui verront comment la psychomotricité se nourrit de connaissances diverses. On y trouve déjà un certain nombre de concepts utilisés en psychomotricité qui peuvent être complétés par d’autres rencontrés dans les ouvrages de thérapie psychomotrice. C’est autour de ces concepts que s’organise l’observation psychomotrice, outil fondamental pour mieux comprendre l’enfant, outil dont l’utilisation ne se limite pas aux séances spécifiques d’éducation corporelle mais s’étend au contraire à toute la vie de la classe. Cette observation est, évidemment, un moyen parmi d’autres de mieux comprendre l’enfant afin de lui proposer les meilleures situations pour progresser dans son développement.

Après cette présentation des orientations générales d’une éducation psychomotrice, nous allons voir comment l’écriture peut s’y situer.