Le terme de sens, que nous utilisons si fréquemment, mérite un certain détour en raison de sa nature polysémique. Les partisans de l’approche globale y voient, en effet, plusieurs réalités que nous nous proposons de discerner:
le sens renvoie surtout aux idées contenues dans un texte. Evoquer le sens sollicite la dimension de la compréhension, c’est-à-dire l’abandon d’un simple exercice de décodage. « ‘Lire, ce n’est pas traduire mais comprendre’ »7 soutient Jean Foucambert avec tous les partisans de cette approche globale de la lecture.
le troisième aspect du mot « sens » s’articule autour de la communication. Selon Eveline Charmeux9, la lecture s’apparente à une dynamique de communication différée où l’émetteur et le récepteur échappent à une présence simultanée. Le message passe par l’intermédiaire du livre et lire s’appuie, par conséquent, sur une symbolique de l’échange verbal. Goodman confirme : « ‘une langue n’est pas qu’un ensemble de symboles, c’est aussi un système de communication’ »10.
L’élève occupe une place dominante dans la relation d’apprentissage et, à ce titre, l’approche globale s’apparente à une pédagogie du sujet. Elle puise ses ressources dans une manière d’être plus que dans une manière de faire. C’est un statut que l’élève conquière et non pas seulement une compétence. Il endosse les habits du lecteur. L’approche globale n’étudie pas l’activité mentale de l’enfant ; elle vise à lui donner les finalités de l’acte de lecture. On cherche à former avant tout un sujet qui lit pour puiser de l’information. Parce qu’il s’attache à offrir, à chaque individu, cette position de lecteur, ce courant pédagogique de l’approche globale évolue dans le champ de la psychologie. La primauté est donnée au JE, à cet enfant qui grandit, qui s’émancipe grâce à la découverte de la lecture. Ceci explique l’importance accordée au désir et au plaisir de lire chez l’enfant. Cette attente de la satisfaction, régulièrement formulée dans le discours des défenseurs de ce courant, marque davantage ce souci d’accéder à un état d’esprit que de satisfaire une compétence grapho-phonétique.
FOUCAMBERT Jean, L’enfant, le maître et la lecture, Edition Nathan, Collection « Les repères pédagogiques », Paris, 1994, 188 p, page 83.
PRETEUR YVES et VIAL Barbara, Rapports à l’écrit et à l’école de la famille et de l’enfant en 1 re année du cycle des apprentissages fondamentaux, pp 103-127, in L’illettrisme, ouvrage collectif de Christine BARRE-DE MINIAC et LETE Bernard, De Boeck, Pratiques pédagogiques, Paris, 1997, 385 p, page104.
CHARMEUX Eveline, La lecture à l’école, Edition Cédic, Paris, 1975, 3ième édition, 174 p.
GOODMAN Kenneth S., Comment les enfant apprennent à lire, Op. Cit., page 126.