Chapitre 3 :
Une seconde voie de résolution possible : l’approche linguistique du « lire-écrire »

L’approche globale de la lecture, représentant une pédagogie volontairement centrée sur le sujet apprenant, n’offre pas de pertinence au regard des difficultés exprimées par notre population de recherche. Par conséquent, il ne nous a pas été possible de formuler une problématique opérationnelle. Les pédagogies misant sur une découverte de la langue, ancrées spécifiquement sur le champ linguistique, se préoccupent davantage de l’objet d’apprentissage. La discipline, cette fois introduite dans la démarche d’apprentissage, permet-elle d’expliquer les défaillances de notre population? Plus précisément, existe-t-il une découverte de la langue qui puisse permettre à l’enfant d’accéder à une meilleure maîtrise du « lire-écrire »?

Cette dernière interrogation convoque des analyses différentes de l’objet de langue et, en corollaire, soulève également des pratiques pédagogiques divergentes. Au coeur des multiples orientations linguistiques repose la nature du rapport entre la langue orale et la la n gue écrite. Précisons d’entrée ce que nous entendons par ces deux concepts:

  1. la langue orale renvoie au monde phonique. Ce monde intègre tous les supports où la parole intervient, avec l’idée que cette parole puisse être aussi intériorisée. Si la langue orale se réfère davantage à une dimension instrumentale, nous lui associerons le langage comme élément d’expression orale. Pour l’élève, la langue orale correspond à tout ce qu’il entend (position de récepteur) et à tout ce qu’il dit (position d’émetteur).
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    Figure n°15 Représentation de la langue orale en fonction des positions de récepteur et d’émetteur
  2. la langue écrite s’appuie davantage sur la dimension alphabétique. C’est le monde des lettres, des mots écrits, des phrases et des textes. Des activités comme la dictée ou la lecture se reconnaissent dans cette appartenance à la langue écrite. Tout comme pour la langue orale, une donnée d’expression utilisant prioritairement la langue écrite est à pointer ; elle se nomme alors production d’écrits. Pour l’élève, la langue écrite correspond à tout ce qu’il écrit (position d’émetteur) et à tout ce qu’il voit écrit autour de lui (position de récepteur).
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    Figure n°16 Représentation de la langue écrite en fonction des positions de récepteur et d’émetteur

Les pratiques pédagogiques actuelles se réfèrent beaucoup à la langue orale pour accéder à l’écrit. Nous pouvons pointer une généralisation de ce que nous appellerons une linguistique de l’oral dans une majorité d’écoles. En prenant appui principalement sur la langue orale et sur ses rapports avec la langue écrite, recherchons de multiples aspects qui pourraient nous permettre de formuler une problématique.