b) Analyse du mot « quonstrucquesion » chez Quentin

La compréhension du mot « construction » que Quentin transcrit quonstrucquesion est d’une autre nature. Tout d’abord, la démarche de cet élève ne s’accompagne pas d’une dernière phase de correction, comme pour Hélène. Elle enferme Quentin dans un processus, sans lui donner d’autres possibilités. Si nous nous plaçons d’un strict point de vue de l’oral, le mot choisi par Quentin se révèle d’une certaine complexité. L’analyse des phonèmes de constru c tion soulève bien des difficultés, y compris chez un lecteur adulte. En particulier, le passage ...ction s’avère périlleux. Comme pour Hélène, Quentin tombe dans le travers d’une totale soumission à l’oral mais, contrairement à l’exemple précédent, l’entreprise apparaît d’emblée quasi irréalisable. C’est bien la démarche d’analyse de l’oral, elle-même, qui témoigne ici de sa défaillance, indépendamment des compétences de l’élève. La conclusion de Jean Noël Lalande, achevant une critique sur la méthode du Sablier, correspond bien à la situation de Quentin : « ‘le résultat est une dysorthographie typique, où l’écolier écrit les mots au hasard des ’ ‘«’ ‘ costumes » dont il se souvient’ »29

Nous observons, d’une part, que la référence à l’oral ne permet pas de prendre en compte les éléments spécifiques de la langue écrite (comme la lettre muette) et que, d’autre part, une totale soumission de l’élève à l’énoncé verbal le dirige vers un obstacle orthographique insurmontable. Prisonnier d’un mode de transcription uniquement phonétique, il analyse à outrance les sons des mots au point de s’éloigner d’une « mise en lettres » correcte. Il dissèque ce qu’il entend et écrit ce qu’il a disséqué, sans pour autant que cette opération soit considérée comme la plus adaptée pour écrire sans erreur. A ce titre, on peut parler de dépendance phonographique, mode d’efficience qui met en lumière l’unique procédure d’analyse phonétique. Tout semble se passer comme si la conception de la langue développée par l’enfant reposait uniquement sur une langue phonétique, comme l’espagnol.

Notes
29.

LALANDE Jean Noël, Du B.A.BA à la B.D, pp 31-46, in Faut-il assassiner l’orthographe? Actes du colloque de Mai 1989 à l’UCO, Centre d’études et de recherches, appliquées aux langues et littératures, Angers, 91 p, page 39-40.