0114. L’orientation métalinguistique

Le champ psycholinguistique constitue le territoire d’investigation de notre problématique. La double centration sur l’apprenant et sur sa conceptualisation de la langue pose bien le contexte des difficultés rencontrées par notre population. Avec cet espace théorique, le questionnement abandonne le seul terrain de l’enseignement pour s’installer au coeur de l’apprentissage mené par l’élève. Dans l’approche interactive et dialectique, premier maillon psycholinguistique, la conjonction du son et du sens introduit un enjeu de pertinence au code linguistique. L’apprentissage ne se contente plus de la simple acquisition de notions, comme par exemple les différentes façons d’écrire un son ; il ne s’agit plus désormais de mémoriser des variables en grande quantité. La découverte vise une maîtrise instrumentale avec une optique de compréhension et d’intelligibilité. Toutefois, ce courant n’aborde pas les connexions possibles entre les deux pôles du son et du sens comme si ces deux éléments étaient irrémédiablement étrangers l’un par rapport à l’autre. Dans l’approche graphique, autre piste psycholinguistique, la langue écrite occupe un place cruciale, au sens où sa construction relève de l’exploration de l’élève. Cette branche s’attelle aussi à la compréhension instrumentale de la langue mais seulement par le biais de l’acte graphique.

Si ces deux courants psycholinguistiques offrent une éclairage positif au regard de notre problématique, ils soulèvent toutefois quelques limites. Nous reprenons ici, dans le schéma suivant, quelques griefs en direction de ces deux courants psycholinguistiques pour souligner que le déplacement « langue orale ←→ langue écrite » est resté sans réponse.

Figure n°30Eléments critiques sur deux courants psycholinguistiques
Courants
psycholinguistiques
Eléments positifs Eléments négatifs
Approche
interactive et dialectique
+ La prise en compte du son et du sens place l’apprenant dans une double problématique : chercheur de code et chercheur de sens.

+ La rupture avec un développement linéaire de la découverte permet d’envisager une singularité de l’apprentissage.
- Rien n’est avancé pour remédier aux carences affectant le code. En particulier, une grande accumulation de connaissances, mémorisées sans compréhension, reste sans réponse pédagogique.
- Aucune connexion entre les dimensions de son et de sens n’est appréhendée comme si le code ne pouvait se découvrir dans une construction de sens.
Approche graphique + L’introduction du concept de clarté cognitive introduit la nécessité d’une compréhension de fonctionnement.
+ Une grille analyse la construction progressive de la langue écrite chez l’enfant.
- Cette approche mise totalement sur une élaboration scripturale de la langue et ne se réfère pas à la langue orale.
- Elle n’explique pas les faiblesses qui apparaissent à l’écrit en dépit d’un langage satisfaisant.

L’insuffisance des deux premiers courants psycholinguistiques invite à étudier l’approche métalinguistique. Cette nouvelle orientation soulève un contenu à priori plus proche de notre recherche. La dénomination « métalinguistique » intègre explicitement la langue et offre, en ce sens, l’hypothèse d’une possible résolution face aux difficultés de code. Nous étudions seulement maintenant cette approche pour avoir confronté notre problématique aux autres courants, sans obtenir de réponses pertinentes mais avec le bénéfice d’éclairages satisfaisants. Cette partie aborde cette ultime piste selon trois entrées: la première partie éclaire la référence conceptuelle, la seconde inventorie les composantes de la conscience métalinguistique et le dernier en aborde un élément particulier.