Par la formulation d’une définition, par l’explicitation des relations entre métalinguistique et métacognition, quelques grands principes sont ainsi présentés. Il convient dès à présent de clarifier quelques éléments concrets de cette approche.
Alors que l’approche graphique développée par des auteurs comme Jean Marie Besse, Jacques Fijalkow ou Emilia Ferreiro s’appuie sur une entrée précoce dans la langue écrite, une prédominance de la langue orale s’impose à propos du courant métalinguistique. Par la référence fréquente au langage, cette troisième orientation psycholinguistique table avant tout sur les capacités existant chez l’élève, sur un savoir déjà installé. En la matière, c’est bien la langue orale à travers le langage qui accumule les acquis les plus importants chez l’enfant et c’est sur ce terrain là qu’il existe, selon une perspective métalinguistique, un gisement à exploiter pour la découverte de la langue. Ainsi Liliane Sprenger-Charolles écrit à propos d’activités sur la maîtrise des phonèmes: « ‘ce sont les enfants les plus sensibles à ces aspects du langage oral qui apprennent le plus facilement à lire’ »90. De la même façon, évoquant le développement métalinguistique, Elisabeth Demond et ses collègues affirment: « ‘les habiletés dans le langage oral jouent un rôle dans l’apprentissage de la lecture: un niveau suffisant d’habileté langagière à l’oral s’avère être un préalable nécessaire à l’abord de l’écrit’ »91.
Dans le champ psycholinguistique, deux courants choisissent des options diamétralement opposées: l’approche graphique parie sur l’introduction de la langue écrite tandis que l’approche métalinguistique, différemment, exploite en priorité la langue orale. Contrairement aux habitudes, parce qu’elle présente l’écrit aux très jeunes enfants, l’approche graphique apparaît plus interventionniste et novatrice dans le contexte scolaire que l’approche métalinguistique. D’une certaine façon, l’approche interactive et dialectique échappe à cette contradiction grâce probablement à son positionnement plus consensuel où son et sens sont associés. Si les deux premiers courants psycholinguistiques se différencient par une référence singulière à une langue, ils s’entendent par contre pour établir différents stades d’évolution alors que, comme nous l’avons déjà écrit, l’approche interactive et dialectique ne se réfère pas à une progression linéaire établie selon de multiples étapes successives.
SPRENGER-CHAROLLES Liliane, L’apprentissage de la lecture dans un système d’écriture alphabét i que, pp 38-47, in Les Cahiers de Beaumont, Avril 1991, n° 52 bis - 53, page 47.
DEMONT E., GAUX C., FAUCHER C., GAUTHEROT S., GOMBERT J.E., Développement métali n guistique et acquisition de la lecture, in « Illettrisme » en questions, Op. Cit., page 181.