4.4. Les différents éléments métalinguistiques

L’approche métalinguistique oriente l’apprenti lecteur ou scripteur, non pas seulement vers une utilisation de la langue, mais aussi et surtout vers une analyse et une compréhension de cette langue. Il s’agit désormais de définir et d’organiser les étapes de la découverte en tenant compte des caractéristiques proprement linguistiques. A chaque fois, c’est bien cette capacité à porter un regard précis sur les propriétés de la langue qui sera attendue. Cinq niveaux sont pris en considération par Elisabeth Demond et Jean Emile Gombert93 dans la revue « Eduquer et former » tandis que Jean Emile Gombert94 dans son livre « le développement métalinguistique » relève six développements métalinguistiques. Nous nous proposons de les présenter en évitant toute présentation hiérarchique :

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Figure n°26Les différents éléments métalinguistiques

l’intonation de l’enseignant ou d’un indice relevé mais supposé à tort pertinent. Contexte et message sont alors étroitement associés et, pire encore, la suprématie du premier élément éjecte l’enfant de toute prise de sens. Lorsque ce comportement devient systématique, l’énergie n’est plus consacrée à comprendre mais à détecter des informations suggérées par l’environnement.

Les différentes orientations que soulève l’espace métalinguistique constituent pour chacune d’entre elles une source possible de recherche. Il est à noter que la complexité qui accompagne cet inventaire soulève, en ce qui nous concerne, la nécessité d’une exploration qui reste largement à entreprendre. C’est en particulier le cas pour les consciences métapragmatique et métalexicale pour lesquelles il nous est difficile de sentir les retentissements pédagogiques. Pour autant, retenons de cette orientation métalinguistique deux éléments essentiels: d’une part, l’intérêt à faire prendre conscience à l’élève des différentes spécificités linguistiques et d’autre part, les pistes possibles d’exploitation.

La conscience métaphonologique renvoie directement aux difficultés de notre population. Rappelons que les élèves de cette recherche, bien qu’ils possèdent un langage satisfaisant et une bonne compréhension orale, connaissent de grandes défaillances lorsqu’il s’agit de passer à la transcription écrite d’un message oral. Leurs difficultés se manifestent aussi bien quand ils produisent un texte que lors de l’activité de dictée. Dans notre investigation, l’analyse du problème s’est construite autour de l’observation d’une compréhension insuffisante de la langue, d’un point de vue instrumental. C’est la maîtrise par l’élève de l’outil de langue qui semble particulièrement insuffisante, tout en considérant que l’origine des faiblesses ne concerne ni une dialectique son et sens, ni une faiblesse centrée sur la seule langue écrite. La conscience métaphonologique, par l’ancrage sur les syllabes et les phonèmes, s’adresse plus nettement aux premiers pas de la découverte. Elle apparaît, de ce fait, comme une première étape d’un travail sur la langue orale, à tout le moins comme une phase cruciale avant un approfondissement. En ce sens, elle témoigne d’une réelle adaptation à notre situation de recherche et mérite un développement particulier.

Notes
93.

DEMONT Elisabeth et GOMBERT Jean Emile, pp 11-22, in Eduquer et Former, Op. Cit., page 12.

94.

GOMBERT Jean Emile, Le développement métalinguistique, Op. Cit.

95.

DEMONT Elisabeth et GOMBERT Jean Emile, pp 11-22, in Eduquer et Former, Op. Cit., page 12.

96.

DEMONT Elisabeth, Conscience phonologique, conscience syntaxique, chapitre 12 pp 195-208, in Ev a luer les troubles de la lecture de Jacques Grégoire et Bernadette Piérart, Edition DeBoeck Université, Bruxelles, 1994, 272 p, page 196.

97.

GOMBERT Jean Emile, Le développement métalinguistique, Op. Cit., page 29.

98.

RIEBEN Laurence, PERFETTI Charles A., L’apprenti lecteur, Editions Delachaux et Niestlé, page 16.

99.

SPRENGER-CHAROLLES Liliane, CASALIS Séverine, Lire, Presses Universitaires de France, collection Psychologie et Sciences de la Pensée, Paris, 1996, 258 p, page 14.

100.

TREIMAN Rebecca, Le rôle des unités intrasyllabiques dans l’apprentissage de la lecture, pp 240-259 in L’apprenti lecteur, Op. Cit., p 255.