b) le phonème

Dans le même esprit, le phonème s’accompagne également d’une conscience phonémique. Plus difficile d’accès que la conscience syllabique, elle correspond cette fois à une disposition d’énonciation des différents phonèmes d’un mot. Très généralement, ce concept est perçu comme central car il permet d’établir une correspondance directe avec les unités orthographiques de l’écrit. Ainsi, le passage de la langue orale à la langue écrite sera investi et progressivement automatisé, ce qui facilitera l’apprentissage du « lire-écrire ». Jésus Alégria et ses collaborateurs, reconnaissant à cet égard une certaine unanimité dans la recherche psycholinguistique malgré quelques disparités dans les conclusions, écrivent: ‘«’ ‘ tous s’accordent cependant pour affirmer que l’évolution du système passe nécessairement par la mise en rapport des unités orthographiques (lettres et groupes de lettres) et des unités phonologiques correspondantes (syllabes, parties de syllabe, y compris phonèmes)’ »102.

En illustration de ce concept de phonème, nous prenons l’exemple du mot chat. Il est composé de deux phonèmes simples à identifier « ch » et « a »103.

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Figure n°30Analyse phonémique du mot «  chat »

Si simple à découper d’un point de vue phonémique, cet exercice met en lumière un aspect essentiel de la langue française : l’inadéquation de la réalité sonore et de la réalité graphique. La première (l’oral) accepte deux unités distinctes tandis que la seconde (l’écrit) en intègre quatre. Pour chat, il existe bel et bien deux phonèmes et quatre lettres.

Notes
102.

ALEGRIA Jésus, LEYBAERT Jacqueline et MOUSTY Philippe, Acquisition de la lecture et troubles a s sociés, chapitre 8 pp 105-126, in Evaluer les troubles de la lecture de Jacques Grégoire et Bernadette Piérart, Op. Cit., page 115.

103.

Le lecteur observera, à juste titre, que nous n’utilisons pas les codes phonétiques habituels. Par simplification, nous reprenons les graphies les plus courantes pour symboliser un phonème.