a) l’accessibilité en question de la segmentation phonémique

Sur le dénombrement de phonèmes, il est incontestable que la difficulté est certaine. Si, éventuellement, on peut estimer cet exercice envisageable pour des mots comportant deux phonèmes comme « lit » par exemple, il n’est pas aisé d’imaginer qu’un enfant de cinq ou six ans puisse frapper les huit phonèmes de « crocodile ». D’ailleurs, si nous adultes, tentons l’expérience, nous éprouverons sinon des difficultés du moins un certain manque d’aisance. Même en cas de réussite, nous observerons combien l’identification des phonèmes dans un mot sollicite de concentration. La question essentielle est alors de savoir si, effectivement, cette activité répond bien à une démarche métaphonologique dont l’objectif est, rappelons-le, d’introduire une compréhension du fonctionnement linguistique. Clairement, ceci consiste à accompagner l’enfant vers l’apprentissage du « lire-écrire », par une prise de conscience des concepts et de l’instrument de langue. Or, sur ce point, une réserve peut être légitimement émise à double titre:

  • la complexité de la segmentation phonémique, à l’oral, est si importante qu’elle se montre hors de portée de la plupart des enfants. Paradoxalement, cette activité est menée pour limiter la charge cognitive. Faut-il en conclure, comme l’envisagent Liberman et Demont, que la conscience phonémique est tardive ou, mais ce n’est jamais évoqué, doit-on remettre en cause l’épreuve d’évaluation elle-même comme non pertinente au regard de l’apprentissage du « lire-écrire »?

  • la pertinence de la relation entre le dénombrement mental des phonèmes et les capacités indispensables pour la réussite du « lire-écrire » soulèvent une certaine contestation. Il nous paraît légitime d’interroger les finalités d’une telle épreuve si elle n’est pas conçue pour détecter les compétences nécessaires à l’apprentissage de la lecture.