4.1. Des éléments de réponse à notre problématique de recherche

Nous formulons de nouveau notre question de recherche : en quoi la conscience phonographique facilite-t-elle l’apprentissage du «  lire-écrire » ? Les pistes de réponse, en direction de la problématique, reposent sur le parcours suivi au cours de cette recherche. Elles se présentent, de prime abord, de manière diffuse. La compréhension, par l’enfant, du fonctionnement phonographique (autrement dit la conscience phonographique) constitue une clé de réussite du « lire-écrire » en ce qu’elle :

  1. exige une mobilisation du sujet à l’égard de la langue puisque la compréhension de l’élève est au coeur de la démarche d’apprentissage.

  2. implique une présentation de la langue dans toute sa complexité linguistique, sans simplification abusive.

  3. introduit l’idée de flux de langues en articulant une dimension auditive et verbale avec une dimension visuelle et scripturale.

  4. sollicite l’établissement d’un filtre linguistique entre l’écoute et la transcription afin de soustraire tout risque de dépendance phonographique.

  5. diminue la charge cognitive habituellement exigée en CP par une approche préalable du fonctionnement linguistique, dès les classes maternelles.

  6. automatise le principe de la correspondance phonographique avant l’apprentissage systématique des phonèmes et des graphèmes.

  7. rend intelligible les relations entre l’énoncé oral et l’énoncé écrit afin d’éviter une acquisition fortement soumise au seul conditionnement.

  8. défend l’existence d’un sens extrinsèque pour aborder le code linguistique. Cette acception s’oppose à une conception mécanique de la langue.

  9. organise une logique de découverte instrumentale sans la dialectiser à la découverte de sens intrinsèque.

  10. présente les concept de langues pour identifier, nommer et différencier les syllabes, les phonèmes et les lettres.

  11. crée les conditions d’une manipulation «  gestuelle » de la langue, sorte d’exploitation pédagogique complémentaire à la découverte habituellement menée.

  12. développe une conscience phonique qui tient compte des conventions de l’écrit.

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Figure n°43 Les réponses à notre problématique

Cet inventaire justifiant l’implantation d’une conscience phonographique révèle quatre dimensions essentielles de la découverte : la prise en considération du sujet (le débutant lecteur-scripteur), de l’objet d’apprentissage (la langue), l’apprentissage (ce que l’élève construit) et la pédagogie (ce que l’enseignant organise). Cela revient à constituer une sorte de dispositif en quatre niveaux distincts dans lequel, au bout du compte, l’élève pourra trouver, nous l’espérons, des éléments de construction de sa réflexion sur le « lire-écrire »:

1
le sujet avec un positionnement favorable à l’apprenant
2
la langue avec une conception exacte de la langue
3
l’apprentissage avec une réflexion sur les dispositions cognitives
4
la pédagogie avec un dispositif au service de la découverte

Ces différentes pistes sont énumérées en pensant que l’approche de la conscience phonographique ne se limite pas à quelques exercices d’application. Elles renvoient à un ensemble plus complexe d’éléments que nous organiserons dans le schéma suivant :

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Figure n°44 Les réponses à notre problématique de recherche