0114.2. Notre population d’étude et ses difficultés

Ce sont des élèves en difficulté qui sont à l’origine de cette recherche. Rappelons-nous d’Hélène et de Quentin confrontés à des lacunes importantes dans une activité écrite. Tous les deux manifestent une sérieuse incompréhension à l’égard du fonctionnement linguistique. Quentin témoigne d’une défaillance quasi évidente dans le domaine de la conscience phonographique. La situation d’Hélène s’avère plus ardue à mesurer. Elle déploie toute sa concentration à satisfaire une correspondance phonographique en raison, c’est une hypothèse, d’un flux de langues très peu maîtrisé et d’un manque d’automatisation. Il existe, chez ces deux élèves comme pour de nombreux élèves connaissant des lacunes dans le domaine de la langue, une réelle incapacité à expliquer et à maîtriser le fonctionnement de l’instrument linguistique et à en évoquer les concepts. Bien que la conscience phonographique constitue, à nos yeux, une clé de réussite pour aborder le « lire-écrire », il convient de souligner combien l’aide s’avère faible envers les élèves qui accumulent des faiblesses depuis plusieurs années.

Un des intérêts d’une action de conscience phonographique, outre l’accès à une compréhension du fonctionnement linguistique, se situe dans le moment de son implantation. Les travaux consacrés à la conscience phonique, n’utilisant que la médiation de la langue orale, n’autorisent que très peu d’enfants à découvrir la réalité phonémique des mots. Les recherches ont toutes démontré des résultats assez faibles dans la segmentation phonémique, avant l’entrée en C.P. Or, le découpage des phonèmes dans les mots s’avère absolument incontournable dès lors que l’apprentissage du « lire-écrire » s’appuie sur la connaissance des phonèmes et des graphèmes. Les évaluations pratiquées sur la conscience phonémique, selon un mode exclusivement oral, ne mesurent pas totalement la prédisposition de l’élève à réussir l’apprentissage du « lire-écrire ». Les activités comme l’énonciation orale de tous les phonèmes d’un mot ne correspondent pas véritablement à une compétence attendue d’un lecteur débutant car leur complexité va bien au-delà de l’acte de lire. En raison de cette inadaptation, l’entraînement proposé pour réduire les faiblesses d’un élève avant le CP reste incomplet.

En conclusion, le développement d’une conscience phonographique, intégrant des caractéristiques de langue écrite, simplifie considérablement la maîtrise instrumentale de la langue. D’autre part, elle évalue, avec une plus grande précision, les possibilités de réussite ou d’échec du futur lecteur ou scripteur à l’égard de la découverte de la langue. Cette conviction, établie à partir d’une construction théorique, reste à démontrer à l’aide d’un dispositif expérimental.