Partie 3
Mise en expérimentation du concept de conscience phonographique

La démarche de découverte d’un concept nouveau, ici la conscience phonographique, nécessite de le définir nettement et de montrer son lien avec le problématique de recherche. Cette étape nous apparaît comme franchie par l’ancrage théorique située dans le champ psycholinguistique, par la filiation au courant métalinguistique et par la référence à la métaphonologie. La deuxième partie a montré notamment la spécificité de la conscience phonographique au regard de la conscience phonique.

Il nous incombe désormais de donner une réalité « matérielle » à ce concept, de lui offrir une signification pédagogique. En d’autres termes, il s’agit de répondre véritablement aux difficultés que nous avons rencontrées dans notre population. Trois temps seront consacrés à cette troisième partie. Tout d’abord, il s’agira de décrire nettement l’idée d’un parcours pédagogique autour de la conscience phonographique. En quoi ce concept s’inscrit-il dans les activités concrètes de la classe ? Quels sont les exercices que les élèves peuvent réaliser en manipulation, en mode oral ou en mode écrit ?

Dans une seconde partie, nous établirons une évaluation de conscience phonographique afin de la mettre en oeuvre dans le cadre d’un dispositif expérimental. Cette évaluation ne peut intervenir qu’après avoir dressé l’inventaire de toutes les compétences de conscience phonographique. Autrement dit, c’est à la lecture du parcours pédagogique de la première partie que nous pourrons élaborer une évaluation en faisant des choix particulièrement associés à la conscience phonographique. Comment identifier les compétences de conscience phonographique chez un futur lecteur-scripteur ? Quel protocole doit-on constituer ?

Dans une dernière partie, il s’agira de rendre compte d’un dispositif expérimental en pointant deux données : les conditions de son organisation et les résultats recueillis. Au terme de l’expérimentation, nous attendons de pouvoir établir une relation entre, d’une part, des compétences de conscience phonographique et, la réussite du « lire-écrire », d’autre part. Notre hypothèse centrale de recherche, nous la rappelons, est que la réussite de l’apprentissage du « lire-écrire » est associée à l’existence d’une conscience phonographique. Autrement dit, nous voulons vérifier que :

  1. Les difficultés dans le « lire-écrire » sont corrélées à une conscience phonographique absente ou peu représentée.

  2. La réussite dans le « lire-écrire » est en relation avec la présence des compétences de conscience phonographique.

  3. Les compétences de conscience phonographique peuvent exister chez les élèves bien avant d’entreprendre l’enseignement du « lire-écrire » en CP.

  4. Les compétences de conscience phonographique ne sont pas présentes d’emblée. Elles nécessitent un dispositif particulier d’apprentissage qui, aujourd’hui, n’est pas mis en oeuvre dans les écoles.