2.1. La segmentation syllabique

La syllabe permet le découpage des mots en différents éléments. Avant d’atteindre le phonème, la segmentation syllabique va entraîner l’enfant à découvrir la langue et ses particularités. D’autre part, la plupart des activités proposées à ce niveau seront reprises ultérieurement pour le phonème mais avec une plus grande exigence cognitive. Rappelons l’importance d’alléger la charge cognitive en cours préparatoire, comme l’ont exprimé Liliane Sprenger-Charolles et Séverine Casalis en évoquant les « ressources cognitives disponibles »¹³³ au service alors de la compréhension.

Plusieurs activités sont à entreprendre autour de cette segmentation syllabique que nous pouvons classer dans l’inventaire suivant :

1. des activités de segmentation par frappements des mains utilisant l’énoncé verbal et le rapport au rythme corporel.

2. Des exercices sollicitant uniquement l’énonciation verbale.

3. Des actes de dénombrement manuel (utilisation de support) et mental (sans aucune référence visuelle)

4. des exercices de correspondances graphiques autorisant des liens entre l’oral et l’écrit.

Figure n°50 4 directions sur l’exploitation de la conscience phonographique

L’un des exercices qui semble le plus aisé à un grand nombre d’élèves est la segmentation par frappements successifs¹³⁴. Par contre, l’énonciation orale, deuxième exercice, mérite une attention particulière: il s’agit pour deux ou trois élèves de dire, à tour de rôle, chaque syllabe d’un mot à deux, trois ou quatre syllabes. Cette activité s’avère particulièrement indiquée lorsque le jeune enfant n’arrive pas à faire correspondre, dans la segmentation syllabique, son énoncé oral avec le frappement dans les mains. Plutôt que de le laisser seul avec sa difficulté, une ouverture apparaît sous la modalité du petit groupe. L’enseignant prépare des images dont le nombre de syllabes pour chaque mot correspond au nombre d’élèves. Par exemple, trois élèves sont rassemblés et vont travailler sur kangourou, papillon, champignon, araignée et téléphone.

Figure n°51Segmentation syllabique selon une modalité collective

Cet exercice est apprécié des élèves car non seulement il se réalise en groupe mais encore, il est vécu comme un véritable jeu de langage. Il débouche sur un découpage où l’enfant est invité à dénombrer les syllabes. La première forme utilisée est celle du comptage par les doigts. L’affectation d’une syllabe est faite sur chaque doigt et la position de la main indique ensuite la quantité de syllabes. Prenons l’exemple du mot crocodile :

La deuxième forme de comptage attendue concerne le dénombrement mental. Si l’objectif n’est pas très différent, le moyen pour y parvenir exclut toute médiation corporelle et visuelle (les doigts de la main) pour privilégier l’acte mental de dénombrement. Cette étape accomplie, il est possible alors d’atteindre une certaine automatisation de la segmentation qu’aucun intermédiaire ne va freiner. Le passage à une réalité spatiale est désormais envisageable avec l’intention de manipuler les syllabes dans un environnement comparable à celui de la langue écrite.

Le premier travail est d’assurer une liaison entre le comptage et le choix des cartons syllabiques. Cette transition ne pose pas de difficulté majeure car les enfants associent aisément un calcul mental de 3 syllabes à un carton syllabique de 3 cases. Il est néanmoins nécessaire d’argumenter la présence des flèches sur les cartons, en faisant référence au sens de l’écriture. A cet âge, en cours de moyenne section ou en début de grande section, la pratique habituelle de l’écriture, sur le prénom principalement, facilite l’explication. Lorsque les enfants manipulent eux-mêmes le matériel, souvent, il est recommandé de rappeler cette relation à l’écrit.

Les mots à deux, trois et quatre syllabes vont être mis à contribution. On évitera les monosyllabiques, non pas parce qu’ils surprennent l’enfant dans l’analyse, mais parce qu’ils serviront de lien avec la segmentation des phonèmes. Voici, par exemple, une proposition sur le mot « hélicoptère ».

Figure n°53Consigne de travail : recherche pour cette image le tableau syllabique correspondant

L’exercice présenté dans la figure n°53 est à compléter d’une manipulation. L’enfant va pointer les syllabes sur le carton en même temps qu’il va les énoncer oralement. Si nous conservons le même exemple cela donnera:

Figure n°54Enoncé verbal des syllabes en correspondance avec une visualisation spatiale

A la suite de cet exercice, une application est à envisager afin de vérifier si le découpage des mots en différentes syllabes est une compétence bien maîtrisée par l’enfant. La consigne consistera à relier les mots-images aux cartons syllabiques correspondants.