2.2. Le repérage et l’identification d’une syllabe

Dès lors que la syllabe est matérialisée dans l’esprit de l’enfant, autrement dit dès qu’il a conscience de son existence, de nombreuses opérations vont pouvoir se réaliser, toujours dans le registre de la conscience phonographique.

Le repérage se différencie de l’identification dans la mesure où l’élève a simplement à situer une syllabe dans la chaîne écrite. Parce que ce repérage s’appuie sur des données spatiales, l’utilisation des tableaux syllabiques sera indispensable. Optons pour une modalité collective : les élèves ont à disposition les 4 tableaux syllabiques. Une image de 3 syllabes est présentée à l’ensemble, par exemple « pantalon ». Chaque élève choisit le tableau syllabique correspondant à ce mot (révision de l’activité précédente). Une attention particulière sera donnée au respect du sens des flèches, de la gauche vers la droite. L’enseignant s’adresse ensuite à la classe : « posez votre doigt sur la syllabe ta ».

Une difficulté plus grande se manifeste dans cette tâche d’identification : il s’agit désormais de nommer la syllabe préalablement désignée sur le tableau syllabique. Isoler un élément d’un tout n’est pas chose aisée pour un élève lorsque celui-ci ne perçoit pas toujours les multiples réalités sonores du langage. Le dispositif sera identique à celui emprunté précédemment. A partir d’une image, l’élève choisit le tableau syllabique correspondant. Puis, l’enseignant formule la consigne en 3 étapes distinctes :

« Voici l’image d’un parapluie (étape 1). Sur le tableau syllabique, mets ton doigt sur la dernière syllabe (étape 2). Quelle est cette syllabe ? (étape 3) ».

Toujours sur l’activité d’identification, nous pouvons imaginer différentes variantes. A partir de 3 images, il est demandé à l’élève de déposer un cube sur un emplacement précis de chaque tableau syllabique. Ensuite, l’élève aura à identifier la syllabe commune. Prenons l’exemple des mots poireau, robinet, perroquet. Après que les élèves aient choisi les tableaux syllabiques correspondants, l’enseignant donne les consignes d’emplacement :  « pour poireau, vous mettez un cube dans la 2 ème syllabe ; pour robinet, vous mettez un cube dans la 1 ère syllabe ; pour pe r roquet, vous mettez un cube dans la 2 ème syllabe ».

L’enseignant s’adresse aux élèves en leur demandant d’identifier cette syllabe. Ultérieurement, ce sera à l’élève d’identifier lui-même la syllabe commune sans que lui soit indiqué le moindre emplacement.

L’activité d’identification d’une syllabe peut être menée par les élèves entre eux, l’un interrogeant l’autre et cet autre interrogeant lui-même un autre élève. Il arrive que certains élèves n’accèdent pas, ou difficilement, à cette identification. Ils sont le plus souvent prisonniers d’une entité globale qui rend l’énoncé oral indivisible. Il est possible alors de regrouper ces élèves par trois. Chacun aura à dire une seule syllabe d’un mot de 3 syllabes et, en même temps, ils suivront avec leur doigt la progression de l’énoncé. Cette activité reprend celle qui concernait la segmentation orale des mots ; la différence ici tient à la présence d’une marque visuelle, d’une trace permanente matérialisée par le tableau syllabique, qui aide l’élève dans cette tâche d’identification. Encore une fois, l’introduction de la réalité graphique du message oral, bien loin de complexifier le travail de l’élève, lui simplifie la possibilité d’isoler une syllabe. En d’autres termes, cet exercice d’identification sur un support qui reprend l’écriture à travers son existence visuelle et ses conventions, offre une opportunité d’accès et de compréhension. Concrètement, pour reprendre l’exercice d’identification à plusieurs élèves, prenons l’exemple du mot « parachute ». Avec son propre tableau syllabique, chaque enfant aura à positionner son doigt sur un maillon de la chaîne et à énoncer la syllabe.

En prenant toujours une modalité collective, des équipes auront à constituer des couples de mots en respectant la consigne suivante : entre deux mots, il convient de trouver une syllabe identique, située à la même place.