0114.3. Conclusion de la phase expérimentale

A l’issue de ce travail, nous sommes fondés à invoquer une hypothèse susceptible de rendre compte de ce lien. Elle concerne l’existence d’un retentissement positif de la maîtrise de la conscience phonographique sur l’apprentissage du « lire-écrire ». Si cette hypothèse du retentissement positif est recevable, cela signifie que la probabilité d’un apprentissage réussi dans le « lire-écrire » n’est pas la même si la conscience phonographique est installée ou non en fin de grande section.

L’ensemble de cette expérimentation, menée sur deux écoles, dévoile quelques enseignements pédagogiques. D’une part, le concept de conscience phonographique constitue un volet important de l’apprentissage du « lire-écrire ». Sa définition et ses caractéristiques apparaissent comme pertinentes dans l’explicitation, auprès du futur lecteur-scripteur, du lien entre le code oral et le code écrit. De nombreuses difficultés, se manifestant dans l’apprentissage du « lire-écrire », ont effectivement à voir avec une confusion sur l’organisation instrumentale de la langue. Actuellement, de nombreux écrits sur les troubles du langage, comme la dyslexie ou la dysphasie, témoignent d’une volonté d’améliorer l’intelligibilité du code chez l’élève. Dans la mesure où l’implantation de la conscience phonographique se réalise dès les classes maternelles, nous formulons l’hypothèse d’un impact positif pour les enfants qui présentent des lacunes importantes dans ce domaine du trouble. En d’autres termes, nous exprimons ici l’ambition limitée de notre expérimentation. Bien d’autres dispositifs expérimentaux peuvent être envisagés : une étude transversale avec un groupe témoin, le choix d’une population d’enfants présentant des troubles importants, la mise en fonction des outils de conscience phonographique auprès d’élèves handicapés, un travail avec des adultes illettrés... Le seul objectif que nous poursuivions concernait la conscience phonographique et sa validité au regard de l’apprentissage du « lire-écrire ».

Afin de donner davantage de crédit et d’ancrage pédagogique à ce concept, nous ouvrons une dernière partie de cette thèse dans laquelle la conscience phonographique sera introduite et pensée du point de vue de l’enseignement du « lire-écrire ». Il s’agit de répondre à plusieurs questions : que faire de cette conscience phonographique dans notre système d’enseignement ? Que recouvre concrètement cette idée de « conscience » dans la manière d’envisager la découverte du « lire-écrire » ? La conscience phonographique serait-elle le seul instrument au service de l’apprentissage ou existe-t-il d’autres entrées ?